Le premier concert qui sera donné lors de la réouverture du Zénith d'Auvergne sera assuré par Patrick Bruel le 17 septembre. Il revient sur cette période de confinement pendant laquelle, malgré sa contamination au COVID 19, il a assuré deux fois par semaine des lives en ligne depuis son salon.
Patrick Bruel a passé son confinement seul chez lui pendant cinq semaines. Cinq semaines pendant lesquelles, selon lui, il a beaucoup cuisiné, pris soin de ses proches et gardé un lien étroit avec son public en lui donnant rendez-vous deux fois par semaine sur Facebook. Des lives très enrichissants pour le chanteur qui a pu revisiter une grande partie de son répertoire avant de remonter sur scène dès cet été et en septembre dans les grandes salles de France. Il sera le 17 septembre au Zénith d'Auvergne à Clermont-Ferrand et le lendemain à la Halle Tony Garnier à Lyon.
Vous n'avez pas chômé pendant ce confinement et réussi à garder un lien avec le public ?
Patrick Bruel : "Oui, j'ai pris beaucoup de plaisir à faire ces lives. Au début, j'y suis allé un peu à tâtons puis je me suis pris au jeu car c'était un moment assez unique avec tout que ça comporte de spontanéité, de maladresse, d'inefficacité technologique et en même temps un rapport extrêmement proche, oui, une grande proximité et une manière différente de parler aux gens. Et d'aborder un spectacle aussi parce que ça devenait un vrai spectacle au bout d'un moment, tous les jeudis et tous les dimanches, c'était un rendez-vous et sur les dix-sept lives qu'on a fait, on arrive à 17 millions de vues, donc oui, c'est vraiment une expérience assez forte. Et puis comme c'est tombé juste après que le COVID se soit déclaré chez moi, ça m'a aussi permis de rester debout malgré la grosse fatigue parce que c'est quand même un truc qui, en cinq semaines, m'a mis à plat... Mais je m'en suis très bien sorti et j'ai quand même eu beaucoup de chances par rapport à plein d'autres. Ces lives me maintenaient en éveil et debout. Et puis, ils m'ont aussi permis d'aller chercher soit dans le grand répertoire français, des chansons des années trente et puis mes chansons, celles que les gens ne connaissent pas ou moins bien parce qu'elles sont enfouies dans des albums alors c'était l'occasion aussi de faire un peu plus connaissance avec mon travail... Je parlais aussi pas mal, je présentais des films, des pièces de théâtre, des livres. On a aussi beaucoup joué pour les associations. Chaque fois qu'il y avait un live Facebook, on faisait un appel aux dons pour différentes associations, souvent les Hôpitaux de France et on a réuni une somme assez conséquente puisqu'on a récolté 100 000 euros de dons et j'ai doublé la somme à titre personnel, donc je suis plutôt content de cette action."
Vous avez l'impression que ça a renforcé vos liens avec le public ?
Patrick Bruel : "Je crois que j'ai un lien très fort avec mon public depuis longtemps. En tout cas, là, il ne s'est pas démenti. Peut-être que certaines personnes m'ont découvert ou mieux connu grâce à ces lives parce que j'ai senti qu'il y avait des gens qui n'étaient pas forcément des fans de la première heure, j'avais beaucoup de messages de gens qui avouaient me découvrir à travers ça, donc effectivement, mon public s'est peut-être un peu élargi."
Vous avez donc été très présent sur les réseaux sociaux, même sans le vouloir puisque votre chanson « Héros » a été reprise par certains ?
Patrick Bruel : "Cette chanson a vu le jour en 2016 parce que j'avais envie d'une chanson qui parle de ceux qui font beaucoup pour les autres et dont on parle peu, j'avais envie de mettre sur eux un peu de lumière : sur nos pompiers, nos infirmières, nos forces de l'ordre, nos institutrices, nos instituteurs, sur tous ces gens qui font beaucoup pour les autres et dont on ne parle pas. Sur ces personnes qui mettent tout simplement la main sur l'épaule de quelqu'un pour l'aider à traverser une rue, quelqu'un qui aide une autre personne à accoucher dans le métro ou quelqu'un qui gravit un immeuble pour sauver un enfant... Voilà et cette chanson a été rattrapée par l'actualité, donc on me l'a beaucoup demandée au moment où cette pandémie a commencé... Du coup, j'ai décidé de l'extraire de l'album et de reverser les droits sur un an à la fondation des hôpitaux de France."
Désormais, vous êtes impatient de remonter sur scène ?
Patrick Bruel : "Oui forcément, parce qu'on était au milieu d'une tournée gigantesque. Tous les concerts du mois de mai et du mois de juin ont été repoussés en septembre et octobre, tous les festivals sont reportés à l'année prochaine... Là, il y a un très joli petit festival à Narbonne qui m'a demandé de jouer et j'ai répondu tout de suite « évidemment »... Je crois qu'il n'y aura pas plus de mille personnes, mais c'est un bonheur pour les musiciens et moi de retrouver la scène les 21 et 22 juillet dans un mois."
Avec toutes ces annulations et ces reports, est-ce que vous avez craint de ne plus pouvoir exercer votre métier comme avant ?
Patrick Bruel : "Non... J'ai eu peur qu'on prenne des mesures qui, au niveau du spectacle, ne tiennent pas debout... C'était impossible de faire un spectacle dans une salle avec des gens à trois ou quatre mètres l'un de l'autre... Il valait mieux attendre et que tout le monde reste chez soi... Parce qu'on parlait des héros du quotidien mais là, j'ai trouvé qu'il y avait aussi les grands héros du confinement. Il y a ceux qui ont contribué à ce que ce virus s'affaiblisse considérablement. Ces gens qui ont su rester chez eux et pour certains, ça n'a pas été facile, tout le monde n'était pas dans des conditions idéales... Il y a eu un très bel effort collectif et on en a les résultats aujourd'hui. J'espère qu'il n'y aura pas de rebond et qu'on pourra en septembre reprendre les tournées dans des grandes salles."
Alors justement vous serez même le premier à jouer au Zénith d'Auvergne le 17 septembre depuis la fermeture de la salle, vous avez des souvenirs particuliers de vos passages à Clermont ?
Patrick Bruel : "Pendant longtemps, j'ai joué à la Maison des Sports et je ne comprenais pas qu'une ville avec un tel public n'ait pas de Zénith ! Donc je suis toujours heureux d'y jouer, il est magnifique et on y passe des moments extraordinaires. L'an dernier, nous y avons fait un concert très très fort et nous allons le faire une nouvelle fois, j'espère."
C'est un public qui vous est cher, le public clermontois ?
Patrick Bruel : "Y'a pas de public différent les uns des autres. Selon la proposition artistique, le public, d'où qu'il vienne est prêt à tout donner. Mais en l'occurrence j'ai toujours vécu un moment très très fort dans ce volcan... C'est un rendez-vous important et attendu. Pas de tournée sans passer par Clermont-Ferrand."
Est-ce que vous préparez de nouvelles choses pour les mois à venir ?
Patrick Bruel : "Oui, déjà, nous allons sortir l'album live aux alentours du mois de décembre, enregistré à l'Accor Hotel Arena l'an dernier. Et puis voilà, quand viendra le moment de nouvelles chansons, eh bien je sortirai mon téléphone dans lequel il y a le dictaphone et je réécouterai tout ce qui s'est passé ces derniers temps, ces derniers jours, ces dernières années..."
C'était une période propice à l'écriture et à la composition, ces derniers temps ?
Patrick Bruel : "C'était une période propice au retour sur soi, à un retour aux valeurs essentielles, à une approche un peu différente des choses, à une manière d'écouter les messages qui nous ont été envoyés... C'était même parfois agréable ce silence dans les rues, de réentendre les animaux, de sentir l'air un peu plus pur et surtout les occupations... de pouvoir se recentrer, revenir à la lecture, à la musique, d'avoir du temps pour rien... Et puis basiquement les tâches ménagères! J'étais tout seul pendant cinq semaines chez moi, donc se remettre un peu à la cuisine... j'ai appelé des copains chefs qui me donnaient des conseils et pendant cinq semaines, j'ai répété pour que quand mes enfants sont arrivés, ils soient fiers de mes progrès culinaires et ça, c'était ma grande victoire de ce confinement, c'était d'être devenu non pas chef, mais quand même là, c'est pas mal, on ne se plaint pas !"