Ce samedi 21 octobre, un train touristique devait circuler sur la ligne Volvic-La Bourboule. Une ligne fermée depuis 2016 aux voyageurs. Le train affichait complet. Mais au dernier moment, il a fallu annuler. "À cause de la SNCF" dénonce la CGT.
Et en plus il a fait beau ! Cette journée du samedi 21 octobre avait tout pour être un succès. Un train composé de trois voitures des années 90 devait remonter depuis Clermont jusqu’à La Bourboule dans le Sancy. Comme autrefois avant que la ligne ne ferme aux voyageurs en 2016. 166 personnes s’étaient inscrites à ce petit trajet touristique. C’était complet. Mais voilà. À moins de 48 heures du départ, voyage annulé. À cause de la SNCF.
« Quand on circule sur le réseau ferré national, il faut ce qu’on appelle un cadre traction qui surveille le train dans le poste de pilotage et la SNCF n’en a pas trouvé», se désole Christian Roy, président de l’association Retour du train des Volcans, organisatrice de l’événement. « Les cadres tractions sont agréés pour des lignes particulières et comme la ligne Volvic-La Bourboule est fermée au transport "voyageurs" depuis 2016, ils n’ont plus de cadre traction sur cette ligne. Et visiblement ils s’en sont rendu compte cette semaine ! » Sauf que la demande d’autorisation a été faite et acceptée en juin dernier. « Ils nous ont accordé en juin ce qu’on appelle un sillon, un droit de circulation, en sachant pertinemment qu’ils ne pourraient pas le faire ! Et c’est ça qui est inadmissible ! », s’insurge celui qui se bat depuis 3 ans pour la réouverture de la ligne.
Défaut de personnel
À la SNCF, on plaide la faute à pas de chance. Un défaut de personnel à la dernière minute. « Nous avions besoin de deux conducteurs pour accompagner le train et nous n’en avions qu’un. Nous avons eu un problème de ressource de personnel comme cela peut arriver », se défend-on à la communication de la SNCF Auvergne-Rhône-Alpes. « Nous n’avons pas d’autre raison à donner. Nous le regrettons. Si l’association redemande un sillon, nous regarderons à nouveau si on peut y travailler. »
Un prétexte bidon pour le syndicat CGT. « Ce n’est pas la version que notre direction nous a donnée », rétorque Alexandre Miklas, membre du CE. « Comme la ligne est fermée, il n’y a plus aucun cadre de la région habilité sur cette ligne, il fallait faire appel à l’un des cadres de la direction nationale à Paris qui sont habilités pour l’ensemble de la France. Ils s’y sont pris trop tard pour trouver ce cadre-là. » De quoi réveiller la colère du syndicaliste : « C’est dû à une désorganisation complète de l’entreprise qui est morcelée ! Il y a eu une mauvaise anticipation et une mauvaise communication entre la direction TER, la direction nationale et la direction SNCF réseau. »
"Sur le coup, ça nous a fait mal !"
Et puis le soupçon est fort que la SNCF ait sciemment oublié de prévoir le personnel requis. « Nous avons surtout bien compris que la SNCF n’avait pas envie que la population se rende compte qu’il était possible de remettre des trains jusqu’à La Bourboule. Pour nous, c’est la vraie raison. Car si cela se passe bien avec un train touristique, comment justifier auprès de la Région, autorité organisatrice des transports qu’on ne fait pas circuler de train ? », conclut le syndicaliste.
Christian Roy et son association Retour du train des volcans partagent ce point de vue : « amateurisme, incompétence ou volonté de nuire aux initiatives locales en faveur du train ? » est le titre du communiqué de presse rageur qu’ils ont sorti juste après l’annulation. « Sur le coup, ça nous a fait mal ! », confie Christian Roy. « Surtout que jeudi tout était prêt avec les municipalités que nous allions traverser. » Un comité d’accueil était prévu au point d’arrivée à La Bourboule : barnum, discours, apéro. « Le marchand de glace avait même prévu d’ouvrir spécialement pour nous et nous nous étions arrangés avec la société laitière de Laqueuille pour le fromage ! » Le sentiment d'un rendez-vous manqué.
Beaucoup de monde dans les gares
Christian Roy se désole aussi pour toutes les personnes qui se sont déplacées dans les gares traversées pour regarder passer le train. « Et celles-ci, nous n’avons pas pu les prévenir de l’annulation car nous n’avions pas leurs coordonnées. Mais on m’a dit qu’à Pontgibaud, il y avait beaucoup de monde. »
Une preuve, s’il en ait besoin, que cette ligne, que ce train avait créé beaucoup d’attente.