Ils sont plus de 150, chaque année, à demander leur mutation. Seulement 7 l’ont obtenu en 2019. Les professeurs des écoles de l’Allier réclament leur droit à la mobilité. Certains attendent depuis plus de 13 ans, ils se disent "prisonniers".
 

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Une soixantaine de professeurs des écoles manifestaient jeudi 2 mai devant le rectorat de Clermont-Ferrand. Ils demandent que leur droit à la mobilité soit respecté. La plupart demande sa mutation de l'Allier vers le Puy-de-Dôme. 

Sur le parvis du rectorat, Elise Paul.
Si elle se fond parmi ses 60 collègues présents, son parcours se distingue.
Douze ans que cette enseignante attend. Douze ans de demande de mutation, douze ans de refus. Autant d’années passées sur les routes entre le Puy-de-Dôme et l’Allier. 260 kilomètres par jour. Sa vie personnelle est à Issoire, sa vie professionnelle à Cosne d’Allier.
Alors depuis 12 ans, Elise s’organise. Elle a deux logements : sa maison principale à Issoire, et un petit deux pièces près de l’école dans laquelle elle enseigne, 400 € de loyer mensuel. Ajoutez à cela le prix du péage, celui de l’essence… A la fin du mois Elise Paul fait un constat : « Je paye pour travailler, c’est impensable ! Et financièrement, c’est intenable ».


Un peu plus loin, c’est la voix d’Elodie qui porte devant le rectorat : « On ne lâchera pas, la mutation est un droit ».
Elle est divorcée, elle a un enfant… en garde alternée. Son ex-mari habite près de Clermont-Ferrand. Elodie travaille à Moulins. « Si je m’installe dans l’Allier, je prive ma fille de son père. Et en gardant un logement dans le Puy-de-Dôme, c’est moi qui suis privée de mon enfant. » Elle ne peut voir sa fille que le mercredi après-midi et le week-end. Le reste du temps, elle court.

Elle court après ses trains qu’elle prend à 6h10 chaque matin. 1h15 de trajet, 200 € d’abonnement par mois. Elle est obligée d’avoir une deuxième voiture. Elle en a besoin pour se déplacer une fois arrivée à Moulins. Quelques minutes de trajet pour se présenter, déjà épuisée, devant sa classe. Elodie demande sa mutation depuis 4 ans. Sans espoir. « Quand on voit que certaines collègues demandent leur mutation depuis 13 ans et qu’elles n’ont que des refus c’est désespérant…, on est prisonniers de l'Allier »

D’où viennent ces refus ?


L’Allier est un département déficitaire ; il manque d’enseignants. Difficile d’en laisser partir. Il faudrait avoir recours à des contractuels ; des personnes qui ont une licence (un master est demandé pour être enseignant) et qui interviennent, en contrat court, dans les établissements en manque de professeurs des écoles. Problème ; le directeur académique de l’Allier n’y est pas favorable. Les organisations syndicales enseignants non plus, mais devant le déficit et les problèmes de mutations, il y a un changement de braquet.

Dans le Puy-de-Dôme, en revanche, il y a 24 contractuels. 24 postes qui pourraient être donné à des enseignants de l’Allier en demande de mutation. Alors entre professeurs et rectorat, c’est l’incompréhension.
 

Un problème entendu par le rectorat


Jeudi 2 mai, 4 membres du syndicat enseignant UNSA ont été reçus par le recteur. Plusieurs années que le sujet est sur la table mais c’est la première fois que les enseignants se mobilisent de cette façon. Un collectif a été créé « Collectif Mutations 03 » et les 60 enseignants présents devant le rectorat sont en grève reconductible. Au sortir de la réunion les syndicalistes ont le sentiment d’avoir été écouté.

Le rectorat prend le problème très au sérieux. Il y a une « prise de conscience » explique le secrétaire général de l’Académie de Clermont-Ferrand, Benoît Verschaeve. « Il y aura un geste significatif dès la rentrée 2019. Nous souhaitons que plus de 10 personnes voient leur mutation acceptée, celles qui attendent depuis plus de 8 ans. »

Un geste qui ne doit pas être ponctuel selon les syndicats : « Il ne faut pas que ça s’arrête à la seule rentrée 2019 » répond Emilie Laurent de l’UNSA 03, « il faut désengorger les demandes de mutation et y répondre chaque année ».

Du côté du rectorat, plusieurs pistes sont évoquées : « il ne faut pas augmenter le nombre de contractuels dans le Puy-de-Dôme, mais augmenter le nombre de stagiaires dans l’Allier et, en dernier recours, déployer des contractuels dans ce département ».
Des groupes de travail, entre syndicat et académie, sont programmés en mai pour trouver des solutions.


 
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