Pourquoi Michelin va supprimer 469 postes à Clermont-Ferrand

A Clermont-Ferrand, l’entreprise Michelin prévoit de supprimer 469 postes dans le cadre du plan de simplification et de compétitivité initié par l’entreprise l’an dernier. Ce sont 419 postes dans le secteur tertiaire et 50 dans l'industrie qui seront supprimés. La création de 322 postes est prévue parallèlement en 2022.

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Michelin entend supprimer plusieurs centaines de postes en 2022, dont la majorité sur les sites du siège social de Clermont-Ferrand. Au total, ce sont 469 postes qui sont concernés, dont 419 dans le secteur tertiaire et 50 dans l'industrie Les sites de Troyes, Le Puy, Montceau, Cholet, Vannes et Bourges sont également concernés, dans une moindre mesure. Parmi ces suppressions de postes, Michelin table sur 339 départs en retraite et 193 "places ouvertes" à la mobilité externe. La création de 322 postes est prévue parallèlement en 2022. Le groupe, qui compte 17 000 salariés en France, avait annoncé en janvier trois vagues de départs à venir dans le cadre d'un "plan de simplification et de compétitivité", en avançant le chiffre de 2 300 suppressions de postes d'ici 2023. Fin mars, il avait confirmé la suppression de 531 postes en 2021 pour la première année du plan.  

Un CSE sous tension

Un CSE extraordinaire concernant ces suppressions s’est tenu ce mercredi 1er décembre. Des tensions sont apparues et des syndicats ont même quitté la salle. Laurence Schlinger, représentante du personnel CGT, explique les raisons pour lesquelles certains représentants syndicaux ont quitté l’instance, jusqu’à 14 heures : « Le CSE extra devait se dérouler aujourd’hui et demain sur la RCC 2022. La CGT mais aussi la CFE-CGC ainsi que Sud ont exprimé leur mécontentement au début de la séance car l’information avait déjà été donnée aux salariés de l’entreprise avec un tableau comportant les nombres de suppressions par service et toutes les informations concernant ces suppressions. Aujourd’hui, dans la presse, il y avait des annonces sur ces suppressions d’emploi alors que le CSE ne s’était pas réuni. On a demandé des explications à la direction qui a noyé le poisson, et fait la sourde-oreille ».

"Il y a des postes qui partent à Bucarest"

Si l’annonce de ces suppressions n’a pas étonné Laurence Schlinger. La syndicaliste CGT dénonce des délocalisations : « Le problème, c’est que certains postes inclus dans cette simplification ne sont pas vraiment de la simplification mais de la délocalisation pure et simple. Il y a des postes qui partent à Bucarest, ce n’est pas une question de simplification. Il y a des salariés sur ces postes-là qui depuis des années demandent des améliorations avec des activités qui sont inutiles ou répétitives, et puis finalement on voit partir les postes ailleurs. Michelin arrive à simplifier quand les postes sont partis. Le but ce n’est pas la simplification mais la compétitivité. Le vrai but, c’est la rentabilité. Ils courent après Continental qui a depuis longtemps délocalisé des activités. »

"Je suis plutôt optimiste sur le fait qu’on arrive sur un chiffre inférieur à 2 100"

Ces constats sont partagés par Laurent Bador, délégué CFDT : « Les chiffres sont plutôt moins mauvais que ce qu’on pouvait craindre. On connait les projets, on sait ce qui nous attend, il n’y a pas beaucoup de surprises. Après, à l’intérieur de ce plan, des choses nous irritent plus que d’autres, comme certains services qui sont délocalisés à Bucarest. Nous, on ne voit pas très bien où est la simplification. Heureusement, tous les projets ne sont pas comme ça. Il y a des cas où la simplification n’amène pas de suppression d’emploi. Je suis plutôt optimiste sur le fait qu’on arrive sur un chiffre inférieur à 2 300 (le nombre de postes supprimés annoncés entre 2021 et 2023, NDLR). On ne peut pas dire qu’on soit contents qu’il y ait autant de suppressions de postes prévues mais c’est une non-surprise ».

" On nous propose une RCC 2 avec une répartition très forte à Clermont par rapport au reste de la France"  

José Tarantini, délégué CGC Michelin, s’inquiète quant à lui de cette surreprésentation des postes clermontois dans ce plan : « Les départs en retraites ont été remplis bien-sûr, les gens sont très contents de partir en retraite dans de bonnes conditions mais en ce qui concerne les mobilités externes, on est en deçà du chiffre que l’entreprise annonçait, quelques dizaines de moins que ce que la boîte avait prévu. On nous propose une RCC 2 (Rupture Conventionnelle Collective, NDLR) avec une répartition très forte à Clermont par rapport au reste de la France, une surreprésentation du tertiaire par rapport à l’industrie. Il y a une forte proportion d’accompagnement externe sur Clermont par rapport à d’autres sites, où on voit des chiffres de 1, 2, 5 postes par rapport à 170. Ça nous inspire plusieurs questions qu’on pose en CSE depuis ce matin. » Au vu des chiffres des départs, comparés à ceux annoncés, il s’inquiète que « des milliers de départs » ne soient prévus pour la RCC 3. La direction se veut rassurante : « On a annoncé un chiffre maximum. Ce n’est pas un objectif, mais un plafond ».  

"Les usines tournent à plein régime"

Pourtant, José Tarantini s’étonne de ces départs dans un contexte où l’activité a repris de plus belle : « Les usines tournent à plein régime en ce moment, on manque de main-d’œuvre, on a des problèmes pour recruter sur beaucoup de sites. Tout ça, ce sont aussi des questions qui nous interpellent. On comprend la démarche de simplification et, en même temps, il y a un business qui est là, dans un contexte de reprise économique forte. On se demande si les éléments de contexte sont toujours les mêmes que ceux qui ont amené l’entreprise à ce plan. » Il espère que des améliorations visibles des conditions de travail se feront ressentir : « On voit bien les gens partir mais on ne voit pas encore tous les éléments de simplification ou d’amélioration de l’attractivité. Dans beaucoup d’endroits, les habitudes restent les mêmes, les processus restent les mêmes mais avec moins de personnes. On ne veut pas que la charge de travail retombe sur moins de têtes. On ne dit pas que c’est ça mais on alerte l’entreprise. On reste vigilant sur la charge de travail, on s’intéresse à ceux qui restent. » Là aussi, la direction se dit très « attentive à ce qu’il n’y ait pas de surcharge de travail. » Au Puy-en-Velay, ce sont 32 postes qui seront supprimés et 26 nouveaux postes créés.

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