Ce premier week-end de septembre, la commune de Cébazat, près de Clermont-Ferrand, accueille une fête médiévale. Un spectacle de rapaces est prévu. L'association de protection des animaux PAZ s'oppose à la captivité d'animaux sauvages. La compagnie répond.
Le temps d’un week-end, la commune de Cébazat, près de Clermont-Ferrand, sera plongée dans le Moyen-Age. L’époque médiévale et le terroir seront mis à l’honneur mais l’association Paris Animaux Zoopolis (PAZ) y voit, parmi les animations, une pratique encore trop moyenâgeuse pour notre époque : un spectacle de rapaces. L’association a ainsi envoyé une lettre au maire de la commune afin de faire cesser cette pratique. Amandine Sanvisens, co-fondatrice de l’association explique : “Les rapaces sont des animaux sauvages. Même s’ils sont nés en captivité, ils ont le même patrimoine génétique que leurs congénères en liberté. Ils ont donc les mêmes besoins, comme voler quelques kilomètres chaque jour, chasser, être dans un environnement adéquat, etc…".
Atteinte au bien-être animal ?
Selon la cofondatrice de l'association, Amandine Sanvisens, les conditions de ce spectacle engendre une souffrance pour les animaux. Elle souligne : "Pour quelques minutes de spectacle, ils sont emprisonnés une majeure partie de leur vie dans des cages. Ils sont aussi dressés. Et le dressage va souvent avec le fait de les affamer. Ils sont aussi transportés. Il faut compter une heure de route voire plus. C'est stressant pour les animaux. Tout ça n’a plus sa place en 2023 ”.
La présidente de l’association tient cependant à nuancer : “On ne dit pas qu'ils maltraitent ces animaux. Jusqu’à preuve du contraire, cette pratique est toujours légale. On demande seulement que l’on réinterroge notre rapport aux animaux. On les prive de liberté pour un spectacle. Emprisonner des animaux sauvages à vie, cela ne doit plus exister".
Pas de maltraitance, se défend la compagnie
“Ce n’est que du buzz”, se défend Fabien Llorens, responsable de la troupe Hippogriffe qui réalise le spectacle de fauconnerie équestre. “Un animal qui travaille dans de mauvaises conditions, il n'a pas envie de travailler. Cela va de soi. Alors dire qu’on les affame, cela n’a pas de sens. Privez-moi de dessert tous les jours, vous verrez comment je serai irritable. Un animal, c’est pareil ”. Il ajoute : “L’animal dans la nature n’éprouve pas le besoin de se déplacer pour le plaisir. Au contraire, il va être sur le principe d’économie d’énergie. Il ne faut pas croire que le rapace est un tueur sanguinaire qui passe sa vie à chasser”.
Fabien Llorens s’étonne d'être pointé du doigt pour ses spectacles de fauconnerie. Il met en avant le fait que le bien-être des animaux est sa “priorité”. Il précise : “J’ai créé avec mon épouse une association qui récupère des oiseaux, issus des naissances en captivité, en situation de handicap ou en fin de vie. C’est vous dire à quel point on pense à ces animaux et à leur bien-être”.
Stopper une pratique encore légale
L’association demande au maire de Cébazat qui accueille le spectacle, ainsi qu’à la compagnie Hippogriffe qui l’organise, de ne pas attendre 2028 pour mettre fin à cette pratique. En effet, une loi, adoptée en 2021, prévoit l’interdiction de l’utilisation des animaux sauvages dans les spectacles itinérants d’ici 2028. Elle précise : “Je demande au maire et à la compagnie de prendre leur engagement pour les prochaines éditions et de ne pas attendre l'application de la loi pour arrêter ce spectacle qui va à l’encontre du bien-être de ces rapaces”. Joint au téléphone, le maire de Cébazat, Flavien Neuvy, ne souhaite pas faire de commentaires. Il assure cependant que le spectacle aura bel et bien lieu.