Ce mardi 3 décembre 2024, l'association One Voice a organisé une action devant le Conseil de l'Europe, à Strasbourg. C'est ici que les pays signataires de la Convention de Berne ont approuvé le déclassement de la protection du loup.
Masqués, silencieux, debout sur les marches du Conseil de l'Europe à Strasbourg, les militants de l'association One Voice ont monté une action devant l'institution ce mardi 3 décembre 2024. Une réponse au déclassement prononcé quelques heures plus tôt de la protection du loup par les pays signataires de la Convention de Berne.
À quelques mètres d'eux, entre les murs du Conseil de l'Europe, le statut de la protection du loup a été modifié. De "strictement protégé", il n'est plus que "protégé". Un désaveu pour les associations de protection animale, comme One Voice. "On s'y attendait un peu", souffle, résigné, Jessica Lefèvre-Grave, directrice des relations externes de l'association basée à Strasbourg.
Ce déclassement de la protection de l'animal s'inscrit dans un long conflit entre plusieurs éleveurs, ulcérés de voir certains de leurs cheptels dévorés par des loups, et les associations de défense de la nature, opposés aux tirs sur le canidé.
Alors que la population des loups augmente depuis les années 1990, bien qu'elle ait diminué dernièrement, les 49 pays signataires ont suivi une proposition de l'Union européenne qui cherchait à mieux protéger le bétail en abaissant la protection du loup.
"Avant, pour abattre un loup, il fallait tout un tas de dérogations, avec des gradations... On parlait de tir de défense simple, puis de tir de défense renforcé. Il fallait aussi qu'une attaque de loups sur un troupeau soit avéré", explique Jessica Lefèvre-Grave.
Certaines des obligations prévues sont souvent piétinées
Jessica Lefèvre-GraveDirectrice des relations externes et des investigations chez One Voice
Cette dernière craint maintenant que l'espèce est d'autant plus en danger. "Toutes ces dérogations et conditions très strictes risquent de disparaître et ce sera beaucoup plus simple d'abattre des loups. C'est dramatique. Alors évident, on compatit avec les éleveurs qui voient leurs animaux se faire attaquer. Mais ils ont déjà des dédommagements. Et surtout certaines des obligations prévues sont souvent piétinées..."
La militante aimerait également comprendre pourquoi la France a changé de position sur ce sujet, mais semble déjà avoir une idée sur le sujet. "[La présidente de la Commission européenne] Ursula von der Leyen s'est récemment prononcée pour le déclassement de la protection du loup. Bizarrement, ça arrive quelques mois après qu'un de ses poneys s'est fait attaquer..."
En 2023, le nombre de loups en France était estimé à 1 003 d'après l'Office national de la biodiversité. Parmi eux, une dizaine se trouverait dans le massif des Vosges.