Kalon, le rorqual qui s'était échoué vivant à Ploéven (Finistère) en septembre 2022 avait été remis à l’eau à la demande de l’ONG Sea Shepherd, avant de mourir quelques jours plus tard. On apprend aujourd'hui qu'il souffrait d’une "grave maladie", d'après les conclusions finales du rapport d'autopsie de l'observatoire des mammifères marins Pélagis. D'où une question : fallait-il une telle obstination ?
Le rorqual commun "Kalon", nom que les militants avaient attribué à l’animal, était en fait "gravement malade". C’est ce que révèlent les conclusions définitives de l’autopsie réalisée par l’observatoire français des mammifères marins Pélagis. Échoué vivant le 19 septembre 2022 sur une plage à Ploéven (Finistère), en baie de Douarnenez, l'animal avait été remis à l’eau le lendemain sous la pression de l’ONG de défense des océans Sea Shepherd, puis retrouvé mort huit jours plus tard sur l’île Tristan en baie de Douarnenez.
La jeune femelle rorqual de 11 mètres souffrait en fait d’une "encéphalite virale", une inflammation du système nerveux, proche de la méningite. Des données qui expliquent aujourd’hui le comportement anormal du cétacé les jours qui ont précédé sa mort. Quelques heures après sa remise à l’eau, l'animal avait été repéré à une dizaine de kilomètres plus au sud, devant la plage du Ris, à Douarnenez. L’animal tournait en rond dans de très petits fonds.
Les moyens déployés pour tenter de sauver le béluga de la Seine, ça représentait le budget annuel du réseau Pélagis. Avec une somme pareille, on aurait pu sauver beaucoup d'animaux qui étaient en état de l'être.
Sami HassaniBiologiste marin
Sami Hassani est biologiste marin à Brest. Il est détaché par Océanopolis auprès de l'association ACMOM de Bretagne (conservation des mammifères et des oiseaux marins) dont il est directeur, assure une coordination régionale du réseau Pélagis et participe au suivi des échouages. Le cas de Kalon, il s'en souvient comme si c'était hier : "Vu son comportement, on savait bien que cet animal était condamné". Mais un budget conséquent a tout de même été dépensé pour le sauver... temporairement. Le biologiste reprend : "En fait, l'animal n'a pas été sauvé, on a juste prolongé ses souffrances".
Il se souvient d'un autre cas, le béluga de la Seine : "Le pauvre, il était mourant. Les moyens déployés pour tenter de le sauver, ça représentait le budget annuel du réseau Pélagis. Avec une somme pareille, on aurait pu sauver beaucoup d'animaux qui étaient en état de l'être", déplore-t-il.
Groupe de travail "Mammifères marins en détresse"
Suite à ces situations, l'Etat a décidé l'an dernier de mettre en place un groupe de travail dédié. Ce groupe baptisé "Mammifères marins en détresse" réunit de nombreux acteurs engagés dont Pélagis, l'OFB, des vétérinaires, des personnes travaillant dans des parcs marins ou bien encore l'ONG Sea Shepherd : "Le but est de bâtir un arbre de décision précis sur les cas d'animaux échoués vivants, pour prendre les bonnes décisions selon les cas de figure rencontrés, et savoir rapidement quelle attitude raisonnable adopter. C'est très constructif. On ne peut pas sauver tout le monde, surtout les animaux condamnés", explique Sami Hassani qui tient à préciser qu' "euthanasier un animal, ça ne fait jamais plaisir".
En parallèle, le biologiste ajoute que le réseau Pélagis est en train de "réfléchir pour associer de plus en plus de vétérinaires et les positionner comme référents tout le long du littoral, afin de réagir avec un diagnostic fiable".
Également contactée, l'ONG Sea Shepherd n'a, pour l'heure, pas répondu à nos sollicitations.