En quelques jours, l'association Sea Shepherd a récolté plus de 10 000 euros de dons pour sauver Hopewell, un jeune phoque gris présent dans la Rade de Brest. Elle espère pouvoir le libérer du fil de nylon qui l'étrangle à mesure qu'il grossit et le condamne à une mort lente.
Près de l'embouchure de l'Aulne, dans la rade de Brest, les ostréiculteurs de Landévennec aperçoivent régulièrement Hopewell, en particulier lorsqu'il se repose sur leurs parcs à huîtres.
Depuis quelque temps, de larges plaies sont apparues autour de son cou. Elles sont causées par un fil de nylon qui enserre la tête du mammifère marin depuis plusieurs années, et l'empêche de respirer normalement.
Hopewell a encore beaucoup de marge de croissance... Si on ne fait rien, il est condamné.
Enrique PetitSoigneur animalier au centre de soin Sea Shepherd Rescue
Alors que l'âge d'Hopewell est estimé entre 5 et 10 ans, "il a encore beaucoup de marge de croissance", s'inquiète Enrique Petit, soigneur animalier au centre de soin Sea Shepherd Rescue. "On pense qu'il ne pourra pas vivre très longtemps comme ça. Si on ne fait rien, il est condamné."
"Il ne quitte pas les parcs ostréicoles"
Signalé par un moniteur de voile il y a deux ans, Hopewell est désormais suivi de près par l'association Sea Shepherd. Elle a récolté un grand nombre d'informations et établi les habitudes de l'imposant mammifère.
"On s'est aperçu qu'il ne quittait pas les parcs ostréicoles de Landévennec, indique Enrique. On a fait quelques rondes ailleurs en rade de Brest. On ne l'a jamais vu. On a même utilisé une caméra thermique pour vérifier qu'il ne venait pas sur les plages la nuit."
Entre le relief breton et le fait qu'il ne vienne jamais à terre, Hopewell ne nous facilite pas la vie.
Enrique PetitSoigneur animalier au centre de soins Sea Shepherd Rescue
Car impossible d'endormir l'animal en pleine mer pour le débarrasser du filin. "Les phoques ont une respiration consciente, indique Stéphane Cloitre, coordinateur de l'antenne bretonne de Sea Shepherd. Si on l'endort, il faut des machines pour l'aider à respirer."
"Entre le relief breton et le fait qu'il ne vienne jamais à terre, Hopewell ne nous facilite pas la vie", reconnaît Enrique Petit.
Pour tenter de délivrer Hopewell du fil de nylon qui l'étrangle, l'association vient de lever près de 10 000 € de dons.
Ces fonds seront destinés à construire une nouvelle plateforme pour capturer l'animal.
Opération Hopewell : point de situation sur un sauvetage difficile
— Sea Shepherd France (@SeaShepherdFran) November 29, 2024
Il y a trois mois, nous vous parlions d’Hopewell, ce jeune phoque qui a un filet de pêche enroulé autour du cou. Il est très difficile de venir en aide à un animal de cette taille qui ne se rend jamais sur la… pic.twitter.com/rkPLkk08tL
Un premier prototype avait été installé dans la rade de Brest à la fin de l'été. Il vient d'être retiré, car les autorisations administratives permettant sa présence viennent de prendre fin, et il a été abîmé par les derniers gros coups de vents du mois de novembre.
Cette première installation ne semblait en tout cas pas avoir convaincu Hopewell de venir s'y installer. "On pense que d'apparence pour lui, c'était quelque chose qui paraissait trop gros et trop fermé."
Cette fois-ci, les membres de l'association imaginent une sorte de ponton avec des tubes en PVC, ressemblant aux structures des parcs ostréicoles qu'Hopewell a l'habitude de côtoyer.
"Ça sera moins impressionnant, estime Enrique. Et quand il aura pris l'habitude de venir, on rajoutera des panneaux au fur et à mesure." Un piège qui devrait se refermer à terme grâce à une porte coulissante.
Reste aussi à obtenir la prolongation des autorisations administratives : une autorisation d'occupation du domaine maritime public délivrée par la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) et une autorisation ministérielle de capture d'espèce protégée. Des démarches qui avaient duré un an la première fois, mais pourraient prendre un peu moins de temps cette fois-ci, selon l'association.
"Tant qu'il sera en vie, on fera tout pour essayer de le capturer", assure Enrique.
Ce dimanche 1ᵉʳ décembre, la cagnotte lancée deux jours plus tôt par l'association dépassait déjà les 10 000 € de dons attendus.