Pourquoi une opération de démoustication a eu lieu dans un village du Puy-de-Dôme

C’est une opération qui est un peu passée inaperçue. Fin août, en pleine nuit, une intervention de démoustication a eu lieu près de Clermont-Ferrand. Objectif : tuer des moustiques tigres et empêcher la propagation du virus de la dengue. On vous dit tout sur cette opération.

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Si vous habitez Tallende, près de Clermont-Ferrand, vous avez peut-être remarqué une odeur inhabituelle en pleine nuit, cet été. Il s’agissait d’une opération de démoustication, menée le 25 août, entre 3 et 5 heures du matin. Objectif : tuer des moustiques tigres adultes. En effet, l’ARS (Agence régionale de santé) Auvergne-Rhône-Alpes a été informée qu’une personne porteuse de la dengue, une maladie virale transmise par les moustiques, a séjourné dans ce petit village du Puy-de-Dôme. Une intervention de démoustication a alors été décidée, pour empêcher la propagation du virus. Aurélie Mure, technicienne sanitaire au sein du service santé-environnement de la Délégation départementale du Puy-de-Dôme de l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes, explique : « Toutes les maladies transmissibles par le moustique tigre sont à déclaration obligatoire. Quand un patient est malade, il y a une déclaration qui est faite au niveau du ministère. Ensuite, l’ARS est informée et une petite enquête est réalisée : on demande à la personne quels sont les lieux qu’elle a fréquentés, avec la notion de passage en extérieur. On demande aussi si elle a été piquée par des moustiques. Pour le moment, ce sont des cas principalement importés d’Asie du sud-est ou des DOM-TOM. En ce moment, il y a une épidémie en Guadeloupe et en Martinique ».

Le moustique tigre présent dans le Puy-de-Dôme depuis 2018

L’ARS ne souhaite pas communiquer sur l’état de santé du patient. Il revenait d’une zone endémique, où le virus circulait. Il a présenté des symptômes et pendant sa période de virémie, c’est-à-dire la présence du virus dans le sang, il pouvait potentiellement transmettre la dengue. Aurélie Mure poursuit : « Il s’est rendu dans différents lieux dont ce secteur de Tallende. Dans ce cas-là, l’ARS demande à l’EID Rhône-Alpes (Entente interdépartementale Rhône-Alpes pour la  démoustication), l’opérateur qui est missionné par l’ARS, d’intervenir. Il est chargé de la surveillance de l’implantation du moustique tigre, avec un réseau de pièges pondoirs installés dans la région et le département du Puy-de-Dôme. Le moustique tigre y est installé depuis 2018, d’abord à Clermont-Ferrand. On en est à 39 communes colonisées ». L’EIRAD intervient aussi en démoustication, uniquement dans des cas précis, avec la présence, dans un même secteur du moustique et d’une personne porteuse de la dengue, du zika ou du chikungunya. Des techniciens se sont rendus sur place et ont constaté la présence de moustiques tigres.

Une zone bien définie

Il a été décidé de mettre en place un traitement sur une zone d’un rayon de 150 m autour du jardin fréquenté par cette personne. « L’opération a été programmée le 25 août entre 3 heures et 5 heures du matin. Les riverains sont prévenus deux jours avant. Une communication est distribuée dans les boîtes aux lettres. La mairie est aussi informée, tout comme les apiculteurs qui pourraient avoir des ruches dans le secteur et ainsi mettre en sécurité les ruches ». Selon la technicienne, la procédure a été respectée à la lettre : « On ne communique pas à l’ensemble de la population de la commune. On ne veut pas affoler tout le monde. La zone traitée est assez circonscrite et le produit ne doit pas dériver. Il y a aussi des conditions météorologiques. Tout est fait dans les règles de l’art. Rien n’est fait en catimini. Les personnes concernées ont été informées. On ne peut pas non plus diffuser, pour des raisons de confidentialité, la carte de la zone du traitement car on pourrait deviner très facilement l’origine. Il faut respecter la confidentialité des patients. La mairie a été informée ».

Des recommandations à suivre

Aurélie Mure précise : « C’est un insecticide qui est répandu. Les recommandations pendant l’opération sont de rester à l’intérieur, de fermer les fenêtres, de ne pas laisser le linge sécher dehors, de mettre à l’abri les animaux, et le lendemain, de rincer à l’eau le mobilier de jardin et les jouets pour enfants. Il faut aussi rincer les légumes et fruits du jardin et limiter leur consommation pendant 3 jours. Le produit qui est répandu est de la même famille des insecticides en vente dans le commerce, à une dose plus faible que ce qu’on peut mettre dans une maison ». Cela sert à tuer les moustiques adultes qui pourraient avoir piqué la personne porteuse de la maladie et qui pourraient infecter une autre personne. Le but est d’éviter la transmission de la maladie dans le secteur. « L’épandage est assez limité. Il ne se fait pas par avion et la pulvérisation se fait depuis la rue. Cela peut être un camion ou un 4X4, ou par pulvérisation à dos d’homme. Cette méthode est efficace pour tuer les moustiques adultes » rappelle la technicienne sanitaire.

Des épandanges assez exceptionnels dans le département

« Si on a un cas d’arbovirose, de dengue, de zika, de chikungunya et une présence de moustiques, on est prêts à intervenir » insiste-t-elle. Dans le département du Puy-de-Dôme, c’est seulement la deuxième fois qu’il y a une intervention de la sorte. La première a eu lieu en 2020, à Clermont-Ferrand et Chamalières. Mais cela risque de devenir un peu plus courant, car de plus en plus de communes sont colonisées. Avec le COVID, les gens ne voyageaient plus mais là, ils ont repris. Potentiellement, il y a de plus en plus de secteurs qui seront amenés à être traités. Chez nous, cela reste relativement exceptionnel ».
En région lyonnaise, il y a des traitements de manière régulière. Certains ont eu lieu ces dernières semaines, avec des personnes qui revenaient de zones à risques. Voici les gestes à adopter pour éviter la prolifération : « Le moustique aime les petits contenants, comme les coupelles, les chenaux encombrés, les brouettes. Ces gîtes favorisent le développement de ces insectes car la femelle vient y pondre ». Aurélie Mure conclut : « Pour déclencher une opération de démoustication, tout va très vite. Cela peut prendre seulement 4 jours. Après la déclaration de cas, il y a l’enquête de l’EIRAD. Puis il faut 48 heures environ pour informer les personnes et prendre les précautions nécessaires. Il faut que cela reste rapide pour empêcher la diffusion de la maladie ». L’ARS rappelle qu’il n’y a pas d’intervention pour de la démoustication de confort. Le moustique tigre est cause de nuisances. Il voyage peu, il vole dans un rayon d’action de 100 à 150 m.
Vous pouvez trouver des informations sur ce site Internet, la plateforme officielle de ressources sur le moustique tigre en Auvergne-Rhône-Alpes. 

Voici la liste des communes du Puy-de-Dôme colonisées par le moustique tigre, avec la date entre parenthèses : 

Clermont-Ferrand (2018) ; Joze, Maringues, Riom, Lempdes (2019) ; Pont du Château, Chamalières (2020) ; Cournon d'Auvergne, Aubière (2021) ; Les Martres d'Artières, Ménétrol, Beaumont, Issoire, Perignat sur Allier, Gerzat, Durtol, Aulnat, Perignat les Sarlièves, Saint-Beauzire, Mur-sur-Allier, Mozac, Le Cendre, Cébazat, Romagnat, Malintrat (2022) ; Orcet, Blanzat, Chauriat, Mirefleurs, Les Martres de Veyre, Royat, Saint-Vincent, Vertaizon, La Roche Blanche, Lussat, Chappes, Tallende , Ennezat, Billom (au 06/09/2023).

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