Punaises de lit : "Je vis dans la peur ", son combat sans fin pour se débarrasser de ces nuisibles

Un fléau. Cela fait des mois que cette retraitée essaie de se débarrasser des punaises de lit qui ont infesté sa maison de Clermont-Ferrand. Son logement a dû être traité quatre fois. Elle raconte comment elle vit avec la phobie de revoir ces insectes s'installer à nouveau chez elle.

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Cela fait quatre mois qu'elle vit un véritable cauchemar. Cette retraitée, propriétaire d' une maison dans le centre de Clermont-Ferrand, souhaite garder l'anonymat. La raison : elle a du mal à assumer une situation dont elle a du mal à se défaire, une invasion de punaises de lit. La retraitée raconte : « Début juin, j’ai eu des piqûres sur le corps. J’avais les bras ravagés de boutons. J’ai acheté des insecticides contre les moustiques. J’ai traité pendant trois semaines. J’ai constaté de toutes petites taches noires sur le mur près de mon lit. C’était les excréments des punaises de lit. Après cette découverte, je suis allée sur Internet en pleine nuit et là j’ai bien compris qu’il s’agissait de punaises de lit. Le lendemain, j’ai contacté une entreprise spécialisée. Le gérant a accepté de venir très vite. Deux jours après, il a appliqué un traitement à la vapeur et un traitement chimique. Les insectes étaient logés sous le matelas, sur la tête de lit ». Mais un premier traitement n’a pas suffi : « Ca a été une peur panique car je continuais à dormir dans la pièce infestée. Je pensais que les punaises étaient éradiquées. Mais dix jours plus tard, j’ai vu une punaise de lit. L’entreprise est venue à nouveau pour traiter la maison. On a traité toute l’habitation. Mes enfants ont pu venir à nouveau. Ils ont dormi dans une pièce adjacente à la pièce infestée à l’origine. Ils sont partis et quand j’ai défait la literie, j’ai constaté d’autres signes alarmants. J’ai refait revenir l’entreprise. C’est 190 euros à chaque fois ».

 C’est une phobie : maintenant je doute de tout

Une retraitée victime de punaises de lit

La malheureuse a tout essayé pour combattre cette invasion : « J’avais tout sorti de cette pièce. J’ai jeté des choses de valeur, comme des meubles. Dans une seconde chambre, j’ai trouvé une punaise. J’ai contacté l’entreprise, qui est venue une quatrième fois, début septembre. Depuis, je vis toujours dans la suspicion. J’ai acheté un nettoyant vapeur professionnel. J’ai dû traiter à la vapeur tous les vêtements de la pièce puis les mettre sous plastique. J’ai placé au congélateur tout ce que je pouvais, comme les manteaux par exemple ». Au total, quatre traitements par le professionnel ont été nécessaires. La retraitée confie son mal-être : « Je vis dans une maison où tout est blanc ou blanc cassé. La moindre poussière, le moindre insecte me cause une montée d’adrénaline et c’est épouvantable. Je n’ai pas été piquée depuis la première intervention. Cela me démangeait comme jamais. J’ai appliqué des crèmes achetées en pharmacie. Les piqûres ne sont pas les plus dommageables. Je vis avec la hantise de trouver ces bestioles qui sont très insidieuses. Je ne dors plus sur mes deux oreilles. Elles ont une grosse capacité de résistance ».

Tout un quartier touché

La Clermontoise s’est coupée de toute relation sociale pendant des mois : « Les personnes qui me connaissent étaient consternées car je passe pour une maniaque. J’ai averti tous mes amis. Certains sont venus me voir car j’allais très mal. On se retrouvait dans le jardin. D’autres ne voulaient pas franchir le seuil de ma porte et je les comprends. Je n’invitais plus personne à déjeuner ou à diner. Je ne voulais pas les exposer ». La retraitée ne sait pas comment elle a ramené ces insectes chez elle : « Je pars très souvent à Montpellier et je prends le Blablabus et les Blablacars. Je prends les transports publics de Clermont-Ferrand. Cela vient peut-être de là ». Elle a découvert que les punaises de lit ont envahi son quartier : « Je vis dans une petite rue à Clermont-Ferrand et j’ai découvert a posteriori qu’elle a été infestée. J’en ai parlé à quatre personnes du quartier. C’est l’omerta mais d’un seul coup les langues se sont déliées. Chez ces personnes, l’invasion a aussi été spectaculaire. Les personnes concernées ont honte. On pense que cette invasion est liée à une question d’insalubrité, d’un manque d’hygiène. L’opprobre tombe sur elles. J’ai vécu cela ». Elle appelle à une réaction de la part des pouvoirs publics : « Je suis retraitée et je vis seule. J’ai payé 4 fois 190 euros, plus tout le reste. J’ai jeté des lits, des commodes. Cela représente un coût.  Si les pouvoirs publics ne sont pas alertés, le problème va persister et s’aggraver. Je connais une personne qui vit dans la précarité et elle n’a pas pu s’offrir un traitement par des professionnels. Il faut mettre en œuvre des aides ». Elle conclut : « J’espère que les punaises de lit sont parties. Je n’ose pas crier victoire. Je vis dans la peur ». 

 

Actuellement, je fais environ 5 interventions par jour. Je n’ai jamais connu cela

Houssam Ayachine, gérant d’une entreprise spécialisée dans la désinsectisation

C'est Houssam Ayachine, gérant d’une entreprise spécialisée dans la désinsectisation à Clermont-Ferrand, qui est intervenu chez la retraitée à quatre reprises. Le traitement des punaises de lit occupe l'essentiel de son carnet d'interventions : « Je vais chez des particuliers, mais aussi dans des hôtels, des auberges, des Airb’n’b. Avant l’été, je ne faisais pas autant d’interventions. Tout s’est accéléré avec la chaleur et avec les déplacements. Par exemple, les personnes transportent les punaises de lit dans leur valise et contaminent les lieux. La plupart de mes clients sont des particuliers ». Il poursuit : « J’interviens sur tout le Puy-de-Dôme. Les villes de Clermont-Ferrand et Chamalières sont les plus touchées ».

"On nous attend comme un sauveur"

Le spécialiste explique comment il intervient : « Nos journées sont bien remplies. Tout s’est accéléré depuis le début du mois d’août. Une intervention coûte entre 160 et 195 euros par passage. Pour le premier passage, on passe une machine à vapeur sèche à 180 degrés sur les matelas, les sommiers, les lits. On pulvérise sur le sol et sur les murs un produit chimique. Une intervention dure deux heures. Quinze jours plus tard, on fait un deuxième passage. Il dure un peu moins d’une heure. On pratique souvent un troisième passage. C’est efficace dans 90 % des cas au bout de trois passages ». Bien souvent, ses clients sont à bout de nerfs : « On nous attend comme un sauveur. C’est une souffrance de ne pas pouvoir dormir, d’être piqué ».

Une recrudescence au niveau national

D'après l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes, les punaises de lit sont des insectes parasites qui se nourrissent de sang humain. Elles ne transmettent pas de maladie mais peuvent causer des démangeaisons insupportables voire des réactions allergiques. Les punaises de lit vivent à l'abri de la lumière, dans les espaces sombres. Les chambres à coucher et les salons avec canapé sont principalement touchés. En cas d'infestation d'un logement, il est important d'intervenir rapidement, afin d'éviter au maximum l'étendue de l'infestation, en mettant en œuvre des mesures strictes pour les éliminer. Les punaises de lit avaient disparu en France dans les années 1950, mais la recrudescence de ces insectes sur le territoire national est une réalité. D’après les résultats de l’étude PULI du réseau sentinelles de l’Inserm, d’avril 2019 à mars 2020, environ 72 000 consultations auprès d’un médecin généraliste en France métropolitaine ont eu un motif lié aux punaises de lit, soit un taux d’incidence de 109 consultations pour 100 000 habitants. L’incidence est la plus élevée en Auvergne-Rhône-Alpes (avec 216 consultations pour 100 000 habitants).

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