Puy-de-Dôme : à 38 ans, alors qu’elle travaille dans la finance, Pauline publie un premier roman captivant, "Phobius"

Début juillet, Pauline Maillard, qui vit dans le Puy-de-Dôme, a sorti un livre « Phobius » aux éditions Revoir. Un roman très réussi qui aborde le sujet de la peur. Son éditeur affirme tenir « une pépite » et croit dur comme fer à son succès.

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Et si « Phobius », paru aux éditions Revoir devenait le livre de l’été en Auvergne et même ailleurs ? Son auteur, Pauline Maillard, 38 ans, n’ose y croire. Elle signe avec brio son premier roman. Un récit captivant qui raconte les aventures de Thomas et de Lucille, sa femme, qui a la phobie des araignées. Ils découvrent alors Phobius, une entreprise qui conçoit des programmes pour aider les phobiques à surmonter leur peur. Le couple ne sait alors pas qu’il met le doigt dans un terrible engrenage. L’auteur s’est lancée un peu par hasard dans l’écriture. Pauline vit à Orcet dans le Puy-de-Dôme et travaille dans le capital investissement. Elle raconte comment elle a troqué le monde de la finance contre celui de la littérature : « L’année dernière, début juin, je vois une publication pour un concours, le prix San Antonio, organisé par les éditions Fleuve. Elles proposaient d’écrire avant le 31 août un texte, avec un nombre maximum de caractères, sans imposer un thème. Je me suis dit que j’ai toujours voulu écrire. J’ai alors démarré l’écriture, sans savoir si j’allais arriver au bout. Fin juillet, j’ai terminé et j’ai envoyé cela à des « béta lecteurs ». Je n’ai eu que des bons retours. Cela venait de mes proches, de ma famille, donc leur vision n’était pas ultra-objective. Cela m’a encouragé à aller encore plus loin. Il y avait 420 romans en lice. Je me suis aperçue que j’étais un peu hors-sujet car l’idée était de rendre hommage à San Antonio et à l’écriture de Frédéric Dard. J’ai envoyé mon récit malgré tout et j’ai attendu le résultat. Comme j’ai adoré écrire, j’ai commencé l’écriture d’un deuxième roman ».

Un éditeur qui est séduit

Elle poursuit : « En novembre, les résultats tombent et je ne fais pas partie des trois finalistes. J’ai commencé la réécriture de « Phobius ». En regardant comment je pouvais protéger le manuscrit, je m’aperçois que je fais partie des 20 derniers finalistes. Je n’avais pas été prévenue. Je l’ai terminé et je l’ai envoyé en début d’année 2020 aux éditeurs nationaux. J’ai des retours négatifs ou pas de réponse. Ils sont très pris avec plus de 500 manuscrits reçus par mois à cause du confinement. Je me rapproche de Paul Colli, un éditeur régional, à qui le livre a beaucoup plu. L’histoire démarre ainsi ».

Une première lectrice subjugée

L’éditeur, Paul Colli, est aussi tombé sur cette pépite un peu au hasard : « On a acheté des ruches pour faire du miel avec ma femme, auprès d’un ami. Il m’a dit qu’une amie a écrit un roman mais qu’elle n’ose pas se lancer. Il m’a fait passer son manuscrit. On en reçoit à peu près 10 par mois. Je l’ai donné à lire à Claude Devaux, ancienne prof de lettres, qui lit 3-4 livres par semaine. Elle est revenue 3 jours après. Elle est assez sévère, elle met des 2-3 sur 10. Elle m’a dit que j’étais tombé sur une pépite. Elle a mis 9 sur 10 au roman de Pauline et n’a pas lâché le bouquin. Je l’ai lu quasiment d’une traite. Claude me dit que je peux en vendre quelques milliers et sortir le livre au plan national ».

Un livre qui a dû être réimprimé

En 6 jours, Pauline a vendu 1 000 exemplaires. Le roman a dû être réimprimé. Paul Colli ajoute : « Au départ, on a imprimé 1 000 exemplaires. On a dû en réimprimer 1 000 supplémentaires. Je pense faire un coup avec ce livre. Je peux me tromper. J’ai 2 mois pour faire connaître le livre. La moyenne de vente de livres chez Albin Michel est à 500 exemplaires. Ils ont des locomotives comme Amélie Nothomb avec 300 000 exemplaires. Quand vous commencez à en vendre  2 000, c’est déjà un sacré coup ». Si la jeune femme a su puiser dans son imagination pour écrire « Phobius », c’est surtout parce qu’elle est une grande lectrice : « Je lis beaucoup, un peu moins aujourd’hui car le temps me manque. Je lis tous les jours. Je suis toujours en cours de lecture d’un roman et 90 % du temps, c’est un roman policier car c’est le genre que je préfère. J’ai toujours beaucoup aimé écrire, depuis que je suis enfant. Je ne m’étais jamais lancée dans l’écriture d’un roman policier. Il y a une dizaine d’années, j’avais commencé à écrire une romance, tirée de mon histoire personnelle. Avec « Phobius », je suis partie de mon imagination. C’est ce que j’ai aimé, sortir une histoire qui tient la route, tirée de mon imagination ».

La peur comme point de départ

Elle a puisé une partie de l’histoire à partir d’une peur qu’elle partageait avec le personnage de Lucille : « Au départ, je n’étais pas partie sur les araignées. Je cours, j’aime bien faire des footings et pendant ce temps-là, mon imagination part, comme beaucoup de gens. Je m’étais imaginée, si j’écris un jour, de travailler sur une structure qui ferait des expérimentations sur l’homme. Après, j’ai eu cette idée de partir sur la phobie. Je trouve cela super intéressant. Moi-même j’étais phobique des araignées ou plutôt entomophobe, avec la phobie des insectes. Pour moi, le pire c’était les guêpes, les cafards. Je pouvais faire des crises de panique et de larmes. J’ai suivi une thérapie comportementale et cognitive. Ca a vraiment bien marché, et j’ai été guérie. Je me suis dit que cela pouvait être un thème intéressant. L’arachnophobie n’est que le début du livre. C’est un point d’accroche pour rentrer dans l’univers de la phobie, de la peur. Je voulais évoquer le circuit de la peur, avec les neurosciences et le cerveau ».

Une mécanique implacable

En un peu plus de 200 pages, Pauline réussit un véritable coup de maître. Là où elle excelle réside dans la mécanique implacable du livre : à chaque fin de chapitre le lecteur ne peut décrocher. Elle souligne : « J’adore lire mais je suis très difficile. Je suis un pur produit des séries. Elles ont détrôné dans mon cœur les romans policiers. Je suis très exigeante avec les séries : si je n’ai pas accroché au bout d’un épisode, je zappe. J’aime ne pas m’arrêter dès qu’on a fini un épisode. Je ne fais pas pour autant partie de celles qui regardent des séries pendant des heures. Il y a des livres qui sont construits comme ça. Mais il n’y en a pas tant que ça. Mon auteur préféré est Franck Thilliez. Avant, c’était Harlan Coben. Beaucoup d’auteurs décrivent énormément, ils romancent. Je ne voulais pas cela. Je souhaitais construire mon livre comme un « page turner », comme une série addictive. J’ai construit toutes mes fins de chapitre comme ça. J’ai construit l’histoire à la première personne, ce qui était un exercice difficile. C’est ce qui fait que les gens aiment car j’ai de bons retours. Côté séries, je pourrais en citer une bonne centaine. J’adore les adaptations Netflix des romans d’Harlan Coben, « Le Bureau des Légendes », avec l’univers de l’espionnage, les séries qui me font rire comme « Working mum » ou « Girls ». J’adore les séries pour lesquelles je m’accroche aux personnages ». Et cela fonctionne à merveille. L’écrivain est encore toute surprise des retours élogieux des lecteurs : « Je suis ravie de cette reconnaissance du public. L’âge du public me fait plaisir. Mon plus jeune lecteur a 12 ans et il a adoré. Il l’a lu en 48 heures. Mon plus vieux lecteur a 97 ans et il faisait partie de mes « béta lecteurs ». Il lit beaucoup et a été passionné par le roman. Une de mes fiertés est de pouvoir toucher tout le monde, et aussi n’importe quel type de lecteur. J’ai des retours formidables. Même des gens qui ne lisent pas beaucoup l’ont lu et ont apprécié ».

Un destin national ?

Le roman est disponible dans près de 80 points de vente en Auvergne. Le bouche-à-oreille fonctionne si bien que son éditeur rêve d’un succès national. Les librairies Decitre à Lyon et Mollat à Bordeaux proposent aussi « Phobius ». Pauline confie : « Mon deuxième roman est en cours de réécriture. Je manque de temps mais j’y travaille. Je suis passée à 80 % dans mon travail pour me laisser une journée pour l’écriture. On ne peut pas faire cela de 5 à 7 heures du matin avant de partir au travail. Il faut avoir l’esprit libéré. Mes enfants sont grands. Mon mari est un soutien indéfectible. J’y arrive ». Elle conclut : « Pour vivre de son écriture, il faut écrire très bien et j’en suis loin. Le projet dans lequel je suis entrée pour mon travail a une durée de vie de 10 ans. Mon objectif serait d’essayer de concilier les deux, tant que je peux. J’aime beaucoup mon travail. Je ne suis pas prête à faire une croix dessus mais ça peut être une opportunité qui m’intéresserait, dans une dizaine d’années, si j’ai écrit 2, 3, 4 romans qui fonctionnent bien ». Avec un tel talent, on ne peut que souhaiter à la jeune écrivain un destin à la J. K. Rowling ou à la Marc Lévy.

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