Jeudi 25 janvier, Emmanuel Macron a présenté ses vœux au monde agricole à Saint-Genès-Champanelle, dans le Puy-de-Dôme. Il a appelé à transformer l’agriculture en profondeur tout en tentant de rassurer un secteur très inquiet.
« L’agriculture est une des clés de notre avenir mais elle est aujourd’hui à la croisée des chemins ».Candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait fait référence à l’éleveur du cantal. Aujourd’hui à la tête du pays, c’est l’agriculteur puydomois qu’il interpelle, et avec lui toute une profession. Pendant plus d’une heure de discours, le président de la République a adressé ses vœux au monde agricole dans le gymnase de Saint-Genès-Champanelle. C’est là qu’il a résumé les grandes lignes de sa politique agricole devant un parterre d’élus, d’agriculteurs et de journalistes. Avec un objectif : « défendre une souveraineté alimentaire de qualité ».
Les agriculteurs payés au juste prix
C’est l’annonce principale du discours d’Emmanuel Macron : « Nous devons être clairs sur la juste rémunération des agriculteurs, à la hauteur de l’investissement et des efforts fournis ». Le président s’est engagé à « relever le seuil de revente à la perte pour que les agriculteurs puissent vivre du prix payé ».
Certains agriculteurs vivent avec 200 ou 300 euros par mois. Chaque agriculteur doit être rémunéré au juste prix payé. Les agriculteurs ne demandent pas des aides mais de ne pas être le seul secteur où la vente à perte est devenue la règle. pic.twitter.com/gV9e6pWDs0
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 25 janvier 2018
Pour améliorer la rémunération des agriculteurs, Emmanuel Macron propose de mettre en place des stratégies économiques filières par filières, en encourageant les paysans à se réunir en « organisations de producteurs » afin de négocier les prix à plusieurs. Tout en mettant l’accent sur le besoin urgent de modernisation des modèles agroalimentaires: « Il faut se rendre à l’évidence, certains modèles n’ont plus d’avenir. Il ne sert à rien de concurrencer les poulets brésilliens ou le lait néo-zélandais. Nous avons des concurrents qui ont fait des choix qui rendent impossible notre vie. Nous aurons dans certaines filières des changements stratégiques à faire. Il faut regarder cette réalité en face ».
Une mondialisation maîtrisée
Pour retrouver « le cap de la souveraineté alimentaire », Emmanuel Macron prône une nouvelle maîtrise de l’ouverture à l’international. « Il faut avoir une stratégie défensive en France pour valoriser nos filières et être offensifs dans des marchés extérieurs que nous avons rouverts. Si nous savons nous organiser, l’ouverture au monde n’est pas un danger ». Dans cette même optique, il souhaite simplifier et retravailler la Politique Agricole Commune Européenne (PAC) pour permettre aux agriculteurs, trop souvent surendettés, de maîtriser les risques.
Le climat au coeur de la politique agricole
C’est le dernier combat soulevé par l’Amiénois. « Cette problématique concerne directement les agriculteurs. Lorsqu’il y a des dérèglements climatiques, ce sont eux les premières victimes. Mais c’est aussi l’un des secteurs d’activité qui a le plus d’impact sur l’environnement ». Emmanuel Macron est revenu sur l’interdiction du glyphosate, appelant réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. « On doit changer de modèle pour avoir un comportement plus conforme à notre intérêt ».
Je souhaite que l'on mette ce combat pour la planète au cœur de notre modèle productif.https://t.co/2nxm2zDfp9
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 25 janvier 2018
Ce discours intervient quelques jours avant la présentation, le 31 janvier, par le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, du projet de loi destiné à mettre en œuvre les conclusions des Etats généraux de l'alimentation.