Quand un Auvergnat, « marin d’eau douce », rêve de Route du Rhum et de grandes courses au large

Julien Muller, un Auvergnat de 27 ans, qui a découvert la voile au cœur des volcans, se prépare à une course au large en solitaire. La Mini Transat 2023, considérée comme l’antichambre des grandes épreuves telles que la Route du Rhum qui s’élance ce mercredi.

Un marin d’eau douce volcanique à l’assaut de l’Atlantique. Après des premières années vécues en Ariège, "mes parents ont muté en Auvergne, à Clermont-Ferrand. Je devais avoir huit ans. Et mon père avait fait beaucoup de voile légère à Paris. Quand il a vu que le lac d'Aydat proposait des locations de bateaux, il m’a mis dedans. J'ai pris le virus."

Julien Muller, né à Voirin, en Isère, pose ainsi les bases de sa passion. "J'ai pris des cours et j’ai fait des petites courses de bateaux dans la ligue d’Auvergne : Vichy, Montluçon, Aydat..." Lors de cette période, il navigue dans toutes les catégories de bateaux. De l'optimist, la petite barque carrée où on met les enfants jusqu’à la voile habitable, "des bateaux sur lesquels on peut vivre dedans".

Voulant continuer à voguer sur les flots durant ses études d’ingénieur, le jeune marin choisit l’école SIGMA, située à Clermont-Ferrand, pour son association de voile. "Je voulais participer à l'EDHEC, la plus grande compétition étudiante de sport en Europe”. Une course regroupant près de 3 000 étudiants du continent.  

"La Mini Transat 2019, c'était un peu la révélation pour moi."

Julien Muller - Navigateur auvergnat se préparant à la Mini Transat 2023

À la sortie de ses études en 2018, la voile flotte toujours dans son esprit et il réfléchit à un projet. "Lors d’un rassemblement de clubs de voile d'Auvergne, à La Rochelle, j'ai vu des petits bateaux qui allaient traverser l'Atlantique." Il s'agit du départ de la Mini Transat 2019. "C’était un peu la révélation pour moi. J’avais pu discuter avec deux, trois skippers et du coup ça m'a trop donné envie."

Quand le COVID-19 arrive, Julien se dit que c'est le moment ou jamais de se lancer. "J'ai acheté le bateau en sortant du confinement. Depuis j'apprends à naviguer dessus. Là, je me prépare pour effectuer cette Mini Transat 2023.

55 participants de la Route du Rhum 2022 ont fait la Mini Transat

Cette épreuve est considérée comme l'école de la course au large, parce que c'est par là où plein de grands skippers sont passés. Pour preuve, "55 des 138 participants de la Route du Rhum 2022" ont cette Mini Transat comme expérience.

"C'est une course d'amateur où il faut gérer tous les aspects d'un projet de course au large. Il y a tous les aspects de bricolage qu'on peut retrouver sur un bateau. Tous les aspects de la vie en mer. Après, il faut chercher des sponsors", détaille Julien Muller.

La Mini Transat regroupe deux catégories de bateaux, donc deux courses. Il y a les bateaux de série, qui sont construits dans des chantiers, issus d’une série de dix navires strictement identiques. Et ensuite il y a les prototypes, comme le bateau de Julien Muller. "C'est là où toutes les idées novatrices, qu'on peut retrouver sur des bateaux de course d'aujourd’hui, ont été testées." Une seule contrainte pour tous, la taille. Les bateaux doivent mesurer de 6m50 sur 3 mètres.

"Mon bateau est un vieux bateau […] c’est l’un des premiers bateaux tout carbone construit en 1999. Il a déjà traversé l’Atlantique lors de la Mini Transat 2019. Sur les dernières courses que j'ai réalisées, j’ai eu de super résultats par rapport à mon niveau de voile."

"On est 90 skippers, fou furieux, qui vont vivre sur des petits bateaux de 6m50, pendant plus d'un mois."

Julien Muller - Navigateur auvergnat se préparant à la Mini Transat 2023

La Mini Transat est une course qui se fait toujours sur deux étapes. En 2023, le départ sera donné le 24 novembre. “On a une dizaine de jours pour aller jusqu'aux Îles Canaries, à La Palma. On reste deux trois semaines, le temps que le vent des alizés s'établisse un peu. Ensuite, on file jusqu’en Guadeloupe sur quinze vingt jours. On est 90 skippers, fou furieux, qui vont vivre sur des petits bateaux de 6m50, pendant plus d'un mois tous ensemble."

À moins d’un an de l'échéance, Julien s’affaire au "chantier d'hiver". “On va tout démonter dans le bateau et tout remonter durant l'hiver. Histoire de s'assurer que tous les joints soient propres, que tous les systèmes du bateau marchent bien, et s'assurer d'avoir un bateau à 100% de son potentiel."

Les précieux conseils de Kevin Escoffier 

Pour l’aider dans son apprentissage, il peut compter sur des skippers  plus expérimentés, dont certains sont de grands noms de la voile, comme Kevin Escoffier. "J'ai pu embarquer Kevin Escoffier sur mon bateau, en 2021, juste après qu'il a vécu un naufrage au sud de l'Afrique, lors du Vendée Globe. J'étais avec une coéquipière. Il nous a donné plein de conseils, sur comment naviguer de manière performante en solitaire."

De cette sortie, un souvenir marquant ressort directement en tête. "Ça a permis de voir un peu le gap entre un skipper professionnel et un marin d’eau douce comme moi. Il a pris la barre du bateau, d'un coup il dit : 'Est-ce que tu veux pas lâcher un peu d'écoute (ndlr : cordage) pour mieux régler la voile, t'enlève un centimètre..." Et d'un coup, le bateau a changé complètement. Il s’est presque envolé."

En attendant d’évoluer au niveau supérieur, Julien Muller attend de voir comment se passe sa première course au large en solitaire et sans assistance. "Si le projet se passe bien, je ne suis pas du tout fermé à l'idée de participer à une Route du Rhum pour essayer de monter peut-être un projet made in Auvergne Route du Rhum, où on va remplir le bateau de Saint Nectaire" dit-il d’un ton amusé.

Installé en Vendée, à moins d’un an du départ, l’Auvergnat voit donc sa préparation s’accélérer entre le bateau et la recherche des derniers sponsors. Il doit finir de boucler une partie de son budget, dont le total est estimé à 35 000 euros. "Pour être serein" précise-t-il, à l'image de son état d’esprit.

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