Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, est retenu au Japon par les autorités nipponnes depuis le 17 novembre, et rien ne permet de savoir s'il sera libéré prochainement. S'il fallait trouver un successeur, l'État actionnaire pourrait bien se tourner vers Jean-Dominique Senard, président de Michelin.
Mis en examen le 19 novembre puis incarcéré le 10 décembre par le parquet de Tokyo, pour des soupçons de dissimulation de revenus différés, Carlos Ghosn est toujours président directeur général du groupe Renault. Et officiellement, il doit le rester. Mais en coulisses, les actionnaires cherchent déjà un successeur. En tête de liste, selon Le Figaro, se trouve le patron de Michelin : Jean-Dominique Senard.
Président du groupe de pneumatique depuis plus de six ans, M. Senard s'apprête à prendre sa retraite, en mai 2019. Sa sortie du groupe est préparée depuis de longs mois, puisqu'il souhaitait prendre le temps de mettre sur pied sa succession. Mais en fait de départ à la retraite, il pourrait bien seulement changer de rênes.
Michelin, fournisseur de cadres pour Renault
Selon des informations du Figaro, l'État aurait déjà préparé sa shortlist de candidats à une potentielle succession. Actionnaire à 15,01 % du groupe Renault, la France aurait de multiples raisons de placer sa confiance dans le dirigeant de Michelin. Réputé pour sa sensibilité sociale, fin connaisseur du secteur, capitaine d'industrie reconnu et de stature internationale, Jean-Dominique Senard entretient également de bons rapports avec l'exécutif. Début 2018, il aurait souhaité présenter sa candidature pour succéder à Pierre Gattaz à la tête du Medef, mais en a été empêché par la limite d'âge.
La société de Bibendum est en fait déjà un fournisseur reconnu de cadres pour Renault. Carlos Ghosn y a fait ses premières armes : il y a passé les 18 premières années de sa carrière, notamment en tant que directeur de l'usine du Puy-en-Velay, puis responsable au centre de recherche de Ladoux, dans le Puy-de-Dôme. Thierry Bolloré, nommé directeur général adjoint de Renault début 2018, et directeur général délégué de fait depuis l'incarcération du PDG, est également passé par Michelin. Spécialiste des pneus poids lourd, puis avion, il fut notamment vice-président de l'industrie Pneus Avions.
Pour le moment, les différents actionnaires de Renault, hormis Nissan, campent sur une position commune : aucune succession n'est envisagée, et rien ne bougera tant que le groupe n'aura pas eu d'échanges directs avec Carlos Ghosn.