Saints de glace : les jardiniers doivent-ils s'en méfier ?

Au jardin, ce sont trois jours qui font frémir les jardiniers : les Saints de glace. Ils apparaissent dans le calendrier à partir du 11 mai. Selon la croyance populaire, les gelées sont possibles jusqu’au 13 mai. On vous dit tout sur cette période redoutée par les jardiniers.

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Ils sont au nombre de trois et font d’avance trembler les jardiniers amateurs ou confirmés. Dans le calendrier, apparaissent Saint Mamert (11 mai), Saint Pancrace (12 mai) et Saint Servais (13 mai). Selon la tradition populaire, ils sont connus pour apporter le froid et la gelée. Un dicton affirme : « Les Saints Servais, Pancrace et Mamert : à eux trois, un petit hiver ». Mais en Auvergne, cette réputation est-elle galvaudée ? Nous avons compilé les températures minimales relevées par Météo France sur les 20 dernières années, lors des Saints de glace, dans quatre villes témoins : Clermont-Ferrand, Vichy, Le Puy-Chadrac et Aurillac. Grâce au graphique ci-dessous, vous pouvez constater que du 11 au 13 mai de 2003 à 2022, il n’a jamais gelé.

Seule l’année 2018 est proche des gelées, avec 0,2 degré relevé au Puy-Chadrac. Une prévisionniste de Météo France indique : « Pour ces quatre villes, les gelées aux saints de glace ne sont pas fréquentes ». De façon récurrente, les dernières gelées ont plutôt lieu en avril. Il faut bien prendre en compte que ces relevés de températures sont effectués sous abri : « C’est une petite boîte à 1,50 m du sol, de couleur blanche, qui est ventilée, avec une ouverture au Nord. La température au sol n’est pas la même car elle n’est pas sous abri. Le matin, quand le ciel est dégagé, le rayonnement est le plus fort et par conséquent il fait beaucoup plus froid au sol. L’air froid étant plus lourd, il se plaque au sol. Il peut y avoir une grande différence entre ce qu’il se passe au sol et à 1,50 m ».

La possibilité de gelées tardives

La prévisionniste de Météo France indique : « A Aurillac, la gelée la plus tardive a eu lieu le 21 mai 1987, avec -0,7 degré. Le record de température minimale pour un mois de mai dans cette ville est -2,5 degrés, le 5 mai 1979. Le record de température au sol est de -6,5 degrés le 9 mai 1984. A Vichy, la gelée la plus tardive a eu lieu le 30 mai 1961 avec -0,9 degré. Le record de température minimale est de -4,2 degrés, le 1er mai 1976. Au Puy-Chadrac, la dernière gelée est le 30 mai 1961, avec -1,6 degrés. Le record de température minimale est de -4 degrés, le 4 mai 1967. A Clermont-Ferrand, la dernière gelée est le 29 mai 1961, avec -0,1 degré. Le record de température minimale est de -3,6 degrés le 1er mai 1976 ».

Des jardiniers prudents

Du côté des jardiniers, on est très attentifs aux Saints de glace. Christian Rougeron, vice-président des jardiniers des Pays d’Auvergne, explique : « Avec l’arrivée des beaux jours, on est pressés de semer pour récolter le plus vite possible de nouveaux légumes mais on n’est pas à l’abri de ces gelées tardives de printemps. Il faut être très vigilant car il y a des plantes qui ne craignent pas beaucoup le froid et assez rustiques. Il s’agit des pois, des fèves, des carottes, de la laitue, du persil, des poireaux, de l’ail, de l’oignon, des radis. Elles ne craignent pas le froid au cours de la lune rousse, c’est-à-dire la période qui suit Pâques, à cheval sur le mois d’avril et le mois de mai. Cette année, la Lune rousse prend fin le 19 mai. Il peut arriver qu’on ait des gelées dans la deuxième quinzaine du mois de mai, après les fameux Saints de glace ».
Le jardinier détaille ce que l’on ne doit pas faire avant la mi-mai : « Avant les Saints de glace, il ne faut pas semer ou planter toutes les plantes qui sont extrêmement gélives : elles ne résistent pas à un petit coup de gel, même à -1 ou à -2 degrés. Elles sont finalement assez nombreuses. Il y a la famille des cucurbitacées, avec les courgettes, les potirons, les concombres, les cornichons et les melons. Il y a aussi la famille des solanacées : les pommes de terre, les tomates, les aubergines, les poivrons, les piments. Le basilic est aussi sensible au froid ».

L'importance du voile

Christian Rougeron poursuit : « Parmi les plantes gélives, il y a aussi les haricots, qui craignent beaucoup le froid. Traditionnellement, on les sème à partir du 15 mai car ce sont des plantes exigeantes en température, pour la germination ». Le jardinier donne quelques conseils : « On peut faire des semis à partir du 5 mai. Les graines auront besoin d’une dizaine de jours pour germer et sortir de terre. Elles vont pointer le bout de leur nez à la fin des Saints de glace. Le risque de gel est faible .Pour les personnes qui ne pratiquent pas les semis, qui produisent ou achètent des plants, il vaut mieux attendre le 15 mai pour les planter. On peut prendre des précautions et protéger les semis par un voile, une toile non tissée appelée le P17. C’est un voile qui va avoir un double effet : il va améliorer le réchauffement du sol et favoriser la germination de la plante mais il aura aussi un effet protecteur contre le gel. Avec ce voile, on peut gagner entre 2 et 4 degrés ».

Ne pas oublier les fleurs

Pour Christian Rougeron, les légumes ne sont pas les seuls à souffrir du gel : « Il faut aussi être assez prudent avec les fleurs. Les géraniums ne sont pas les plus sensibles. Il faut faire attention avec les œillets d’Inde, les dipladénias, qui n’aiment pas le froid ». Le jardinier rappelle qu’il faut être très vigilant : « On ne sait pas à quel moment le coup de froid va arriver. Il se produit lorsqu’il y a un anticyclone. Dans ces conditions, on a généralement de très belles journées, avec un temps ensoleillé. Cela favorise un intense rayonnement et ensuite un refroidissement du sol. Le sol perd toute la chaleur emmagasinée pendant la journée. Cela peut aboutir à des températures négatives au lever du jour. Quand on suit les prévisions météo, il faut bien avoir en tête que les températures sont données sous abri. Au niveau du sol, on a une température qui est généralement inférieure : on peut avoir 2 à 3 degrés d’écart ». D’après le jardinier, il faut aussi toujours être vigilant après le 15 mai pour les cultures méditerranéennes. Il est recommandé d’attendre la fin mai pour les planter : elles ne gèlent pas mais elles sont stressées par des températures nocturnes inférieures à 10 degrés. Cette année encore, les jardiniers seront attentifs aux températures relevées pour les Saints de glace, histoire de vérifier si l’adage populaire a raison. 

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