L’accident vasculaire cérébral touche plus de 110 000 personnes par an en France. L’AVC peut être mortel et entraine des séquelles graves s’il n’est pas pris en charge à temps. Voici les symptômes qui doivent vous alerter.

De plus en plus de patients sont victimes d’AVC. Pas moins de 110 000 personnes sont hospitalisées pour des accidents vasculaires cérébraux chaque année en France. Pour assurer une prise en charge rapide et limiter les conséquences des AVC, il faut savoir reconnaître immédiatement les symptômes. Le docteur Anne Ferrier, neurologue, gère l’unité neurovasculaire du CHU de Clermont-Ferrand. A l'occasion de la journée mondiale de l'AVC, le 29 octobre, nous l'avons interrogée sur les symptômes de l'accident vasculaire cérébral. Elle indique : "Il n’y a pas de signe avant-coureur. Quand les premiers signes arrivent, ils arrivent très brutalement, sans prévenir." Voici ce que vous devez savoir sur les AVC.

Ce qui doit alerter  

  • La perte brutale de la force d'un bras, d'une jambe ou de tout le côté, ce qu'on appelle une hémiplégie 
  • Le coin de la bouche qui tombe
  • La perte brutale de la vision d'un œil : vision complètement noire  
  • La perte brutale de la parole : l'impossibilité de parler, l'impossibilité de répondre aux questions qu'on nous pose, un langage incompréhensible... 

Comment réagir

Si vous constatez un de ces symptômes chez vous ou chez un tiers, vous devez immédiatement contacter le SAMU, explique le docteur Ferrier : “ Il ne faut surtout pas dire “Je vais attendre de voir ce qui se passe”, parce que ça peut s'aggraver pendant ce temps-là. Il faut faire le 15 immédiatement même si les symptômes rentrent dans l'ordre. Si par exemple on constate une paralysie d'un bras ou d'une jambe, même si ça a duré une minute et qu’après il n’y a plus rien, il faut quand même appeler le 15.” Le patient tombe sur un assistant de régulation médicale qui va lui poser des questions, notamment sur ses antécédents et les traitements qu'il prend : “Ensuite, le médecin régulateur ou l’assistant de régulation médicale va déclencher un transport : ça peut être une ambulance ou des pompiers qui viennent chercher le patient. Le gros avantage d'appeler le 15 plus que le 18 par exemple, c'est que le régulateur médical va prévenir toutes les équipes de l'hôpital où va arriver le malade. Il va prévenir les urgences, il va prévenir les radiologues pour faire un scanner ou une IRM rapidement et les neurologues bien-sûr”, explique Anne Ferrier. 

Quels traitements ?  

Pour les médecins, l’enjeu sera de faire très rapidement la différence entre les 2 types d’AVC : “Dans 80% des cas c'est un AVC ischémique ou un infarctus. C'est exactement le même mécanisme qu’au niveau du cœur, c'est une artère qui se bouche par un caillot. Dans 20% des cas, ça peut être une hémorragie, une artère intra cérébrale qui saigne.” L’équipe médicale pratique donc un scanner ou une IRM pour pouvoir déterminer de quel type d’AVC il s’agit et ainsi adapter le traitement qui "sera totalement différent dans un cas ou l'autre”, précise la neurologue. 

  • AVC avec hémorragie :

Le docteur Ferrier explique : “Il n'existe pas aujourd'hui un traitement qu'on peut administrer pour arrêter le saignement. Le seul traitement, c'est de maîtriser la tension artérielle, faire en sorte que la tension n'augmente pas trop”.

  • AVC ischémique :

Beaucoup de progrès ont été faits, selon le docteur Anne Ferrier : “Le traitement est fait soit par un médicament en perfusion, intraveineux, ce qu'on appelle une thrombolyse. C'est un médicament qui va détruire le caillot. Lorsque le caillot est gros ou sur une grosse artère, on associe cela à un geste mécanique. Ça s'appelle la thrombectomie mécanique et ça permet, en passant par l'intérieur des vaisseaux, d'aller retirer le caillot.” 

Quel est le délai idéal de prise en charge ? 

Anne Ferrier alerte : en cas d’AVC, chaque minute compte. “On estime qu'on perd 2 millions de neurones par minute quand une artère se bouche. Evidemment, il faut aller le plus vite possible pour limiter la taille de la zone cérébrale atteinte et pouvoir intervenir rapidement pour rétablir le flux ou, dans cadre d'une hémorragie, pour essayer de stopper le saignement.” 

Quels sont les profils à risque ?

“Tout le monde peut faire un AVC, même les plus jeunes. Mais il y a des gens pour qui le risque est supérieur, c'est ceux qui ont des facteurs de risque cardiovasculaire”, explique le docteur Ferrier. 

Voici les facteurs de risque les plus fréquents :

  • L'hypertension artérielle : il ne faut pas dépasser 14/9 
  • Le cholestérol 
  • Le diabète 
  • Le tabac  
  • La consommation importante d'alcool  
  • L'association de sédentarité, surpoids et/ou manque d'activité physique  
  • L'arythmie cardiaque 

Quels sont les risques d’une prise en charge tardive ?

La prise en charge tardive présente un risque de décès : “La mortalité est de 10% dans le premier mois”, explique la neurologue. Elle alerte également sur un risque de handicap : “Plus de la moitié des patients vont garder des séquelles d'un AVC, mais pour certains, ce sera des séquelles qui ne sont pas des séquelles motrices. On peut avoir aussi un handicap invisible, c'est-à-dire une fatigue importante, des problèmes pour se concentrer... Par contre, on peut avoir un handicap plus lourd, notamment physique, avec par exemple la persistance de paralysie ou d'une hémiplégie qui limite beaucoup l'autonomie. Les séquelles vont dépendre de la taille et de la zone qui est touchée au niveau du cerveau.”  

Comment limiter les risques d’AVC ? 

La prévention passe par le dépistage et le traitement des facteurs de risque, selon le docteur Ferrier : “On sait que la moitié des gens qui ont de l'hypertension ne le savent pas et, parmi ceux qui le savent et qui ont le traitement, il y en a encore la moitié qui n'est pas bien équilibrée. La prise en charge de l'hypertension est un gros enjeu.” Santé Publique France conseille de contrôler sa pression artérielle, manger sainement, contrôler son cholestérol tous les 5 ans et avoir une activité physique.

L'incidence des AVC ne fait qu'augmenter, notamment en raison du vieillissement de la population. Le service du CHU de Clermont-Ferrand reçoit un peu plus de 700 patients chaque année. En Auvergne, on compte environ 3 500 AVC par an. 

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