Plusieurs familles ont dû se rendre à la police aux frontières, lundi 7 octobre à Gerzat, dans le Puy-de-Dôme. Une convocation qui inquiète les associations. Les familles qui se sont présentées ont reçu une assignation à résidence en vue d’être expulsées dans les 45 jours.
Ils sont une dizaine à avoir été convoqués vendredi 4 octobre. Certains ont choisi de se présenter à la police aux frontières, à Gerzat, dans le Puy-de-Dôme, ce lundi 7 octobre. Parmi ces familles, une femme, maman d’un petit garçon de deux ans. Depuis la convocation, elle était inquiète. À sa sortie de la convocation, elle raconte : « On a été assigné à résidence à l’hôtel et on doit aller signer toutes les 10 heures. On a sept jours pour contester. Ils nous ont proposé le retour dans notre pays », explique la femme. « Si on pouvait retourner, on retournerait dans notre pays. Si on est venu, c’est qu’on est menacé chez nous, on était en danger, c’est pour ça qu’on a quitté notre pays. On n’est pas venu ici pour remplir la France d’immigrés et faire du désordre. Depuis que je suis là, je respecte tout. Si on est là ce n’est pas pour faire du désordre dans votre pays, c’est pour qu’on nous protège, qu’on protège nos enfants. Je demande au préfet de nous écouter, de nous régulariser, on n’est pas des criminels. On est traqué partout et ce n’est pas ce qu’on veut ».
Ça paraît très clair que c’était un piège
Une bénévole d'une association
Ces familles étaient à la Maison du peuple il y a deux mois : le lieu avait été transformé en campement pour étrangers sans-abris. Depuis elles étaient logées dans un centre d’hébergement temporaire pour déboutés, à Clermont-Ferrand. Un moment de répit pour ces familles. « Il faut savoir que ce sont des familles qui sont en France depuis des années, qui sont insérées dans la société et les enfants sont scolarisés à Clermont-Ferrand. Les parents sont connus des associations, ils font du bénévolat », explique une bénévole d'une association. « C’est la première fois que je vois ça. Ça paraît très clair que c’était un piège. On nous avait promis que ce serait des réexamens de chacun. Je n’ai pas l’impression que ce soit ça. Il y a des familles qui ont des démarches en cours, d’autres sont en réexamen de demandes d’asile, il y en a qui ont fait des demandes de titres de séjour ».
Un éloignement forcé
Les familles ont 7 jours pour contester la décision. La préfecture se justifie : « Nous avons créé un dispositif d’hébergement temporaire pour les déboutés du droit d’asile et dans le cadre de cet hébergement, nous avons fait un examen individualisé, explique Joël Mathurin, préfet du Puy-de-Dôme. Certaines personnes ont été régularisées, d’autres ne peuvent pas bénéficier de cette admission exceptionnelle au séjour sur des critères objectifs. D’autres sont arrivés au bout de leur recours, nous avons enclenché ce matin des mesures de droit commun pour leur éloignement forcé. J’ai donc demandé à les assigner à résidence dans un dispositif hôtelier ».
Les familles concernées risquent donc d’être renvoyées dans leur pays dans les 45 jours. Pour les personnes qui ne se sont pas présentées à la convocation, cette absence sera constitutive d’une infraction pénale. Les associations vont se mobiliser et écrivent dans un communiqué transmis au cabinet du préfet du Puy-de-Dôme « Ces personnes n’ont pas vocation à être sacrifiées sur l’autel d’une dérive xénophobe et anti-démocratique ».
Propos recueillis par Léa Broquerie, France 3 Auvergne