Sommet de l’élevage 2023 : " Sans éleveurs, pas de territoire. Sans territoire, pas de pays"

"La durabilité passe d’abord par la préservation de notre modèle d’élevage français" : à partir du 3 octobre, le Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand, vitrine de l'agriculture du Massif Central, va mettre en avant des animaux et des éleveurs. Pendant quatre jours, il sera beaucoup question de durabilité.

Dès le 3 octobre, le Sommet de l'élevage investit la Grande halle d'Auvergne de Clermont-Ferrand. Depuis maintenant un an, il s’est fixé pour objectif de devenir le rendez-vous mondial majeur de l’élevage durable. Cette année, la durabilité est même le thème de ce grand rendez-vous de l'élevage du Massif Central. Jacques Chazalet, éleveur et président du Sommet de l’élevage, souligne : « On avait déjà évoqué la durabilité au cours des précédentes éditions. Là, on monte d’un cran. La durabilité signifie qu’on considère que l’élevage tel qu’on le pratique dans le Massif Central, à base d’herbe, contribue à l’aménagement du territoire. Sans éleveurs, pas de territoire. Sans territoire, pas de pays ». Pour lui, un élevage durable passe avant tout par des exploitations à taille humaine, et des conditions de travail favorables à l’éleveur comme aux animaux. Il rappelle l’importance d’avoir des animaux nourris à l’herbe et le souci de préserver l’environnement.

Les conséquences du changement climatique

Lors du Sommet de l’élevage, la question du réchauffement climatique ne sera pas éludée : « Il n’y a pas que des effets négatifs. Par exemple, il y a des zones à plus de 1 000 m d’altitude, dans le Cantal, où l’élevage était difficile, qui ont de nouvelles perspectives. A contrario, dans l’Allier, il faut réadapter la polyculture-élevage. Il y a de nouvelles espèces végétales, de nouvelles rotations à appliquer. Rentre aussi la question de la gestion de l’eau. Les exploitations de polyculture-élevage sont maintenant plus résilientes et s’inscrivent dans ce qu’on appelle l’agro écologie ». En mai dernier, un rapport de la Cour des comptes recommandait d’élever moins de vaches pour le climat. Plusieurs mois plus tard, la pilule a toujours du mal à passer pour Jacques Chazalet : « On est remontés contre ce rapport de la Cour des comptes. Beaucoup de choses sont affirmées et sorties de leur contexte. Le rapport met en cause l’élevage intensif, ce qui diffère des pâturages. On compare ce qui n’est pas comparable : par exemple, pour le fin gras du Mézenc, on compare la quantité d’eau tombée et la quantité d’eau pour nourrir les vaches. Concernant l’élevage, il y a beaucoup de caricatures, notamment au sujet du bien-être animal. D’autres scientifiques ont fait la démonstration des apports positifs de l’élevage ».

Les systèmes d’exploitations sont plus résilients que les plus grosses sociétés capitalistiques

Jacques Chazalet, président du Sommet de l'élevage

Au-delà de la durabilité, c’est même la notion de résilience que souhaite mettre en avant le président du Sommet de l’élevage : « La résilience est une caractéristique de l’élevage du Massif Central, d’un point de vue social, territorial et humain. L’éleveur est aussi attaché à ses animaux, à son patrimoine. Une exploitation n’est pas une entreprise comme une autre. Nous avons dû affronter des crises, et aujourd’hui nous allons mieux ».

Interbev est l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes : elle s’occupe de tous les maillons, de l’éleveur au distributeur. L’association sera présente sur l’événement. Guillaume Gauthier est président de la commission enjeux sociétaux chez Interbev et éleveur de bovins charolais à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire). Lui aussi se fait le défenseur de la durabilité : « La durabilité est une vraie préoccupation car cela correspond aux modèles d’élevage que l’on défend et que l’on pratique sur le territoire français. Au niveau européen, c’est aussi une préoccupation, avec les notions d’environnement, le sociétal et l’économie. Le Sommet de l’élevage est une belle vitrine pour en parler ». Il définit le concept : « Pour nous, la durabilité signifie avant tout des animaux en pâture, sur des prairies, qui captent du carbone et sont garantes de la biodiversité. Nos bovins consomment à 80% des produits issus de l’exploitation. C’est un des leviers de la durabilité. L’élevage entretient nos paysages, façonne notre territoire et répond aussi à une demande des consommateurs sur la qualité de la viande. L’éthique est importante. On travaille sur beaucoup de leviers pour avoir un élevage encore meilleur demain sur le plan environnemental ».

Un milieu façonné par l'agriculteur

Lui aussi a été échaudé par le rapport de la Cour des comptes de mai dernier : « L’attaque de la Cour des comptes était un peu surprenante. Le rapport ne dénigrait pas forcément l’élevage mais quelques phrases chocs sont sorties. Certes, on a un élevage qui émet. Les ruminants émettent des gaz à effet de serre mais une fois qu’on a dit cela, on a tout et rien dit à la fois. Sans élevage pâturant, il n’y a pas d’herbe, il n’y a pas de haies, il n’y a pas d’arbres. Nos prairies captent aussi beaucoup de CO2. Sans animaux dessus, il n’y a pas de prairies. La question de l’eau est aussi très importante, grâce aux prairies ». Pour Guillaume Gauthier, la durabilité est aussi liée à l’autonomie alimentaire : « Pour nous, moins on a recours à l’extérieur, mieux on se porte. La question de l’autonomie alimentaire est très importante. L’exploitation en elle-même doit pouvoir nourrir son troupeau, avec des céréales, des légumineuses, des protéines ». Il évoque aussi le réchauffement climatique : « Les agriculteurs vivent au quotidien avec le réchauffement climatique, les sécheresses, les intempéries. Ils essaient de tout mettre en œuvre pour atténuer cela. La durabilité passe d’abord par la préservation de notre modèle d’élevage français, avec un lien au sol très important. Cela passe aussi par la recherche génétique pour avoir des animaux plus résistants ».

Défendre un modèle d'élevage

L’éleveur bourguignon s’interroge : « Je ne sais pas si la durabilité est enseignée dans les lycées agricoles. Mais les futurs éleveurs ont des stages, ils s’informent ». Il évoque la nécessité d’insister sur la défense de notre modèle d’élevage : « La résilience est aussi un terme qui pourrait convenir. Par rapport à d’autres pays, hors Union Européenne, on veut défendre notre élevage, notre terroir. Le modèle d’élevage qu’on a en France n’existe pas ailleurs. Ce modèle peut tenir s’il est accompagné par les pouvoirs publics. C’est aussi pourquoi le Sommet de l’élevage est important : il permet de le rappeler à nos ministres, à nos hommes politiques ». Lors du Sommet de l’élevage, pas moins de 105 000 visiteurs sont attendus du 3 au 6 octobre.

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