C'est un survivant, Thomas Kloeckner, jeune joueur du centre de formation de l'ASM Clermont Auvergne, a 19 ans, en juillet 2021, lorsqu'il est touché par un grave accident vasculaire cérébral. Paralysé, l'ancien rugbyman s'est reconstruit et mène désormais plusieurs projets de vie. Tous en lien avec le sport.
"Jamais lâcher !". C'est l'expression que martèle Thomas Kloeckner, durant l'entretien qu'il nous a accordé, plus de deux ans après son grave accident vasculaire cérébral (AVC), à l'âge de 19 ans.
En juillet 2021, Thomas rentre de soirée, chez lui, avec une sensation sur le côté droit. "C'est un AVC qui a duré deux jours avant que les pompiers interviennent", résume-t-il. "Les souvenirs avant, pendant et après l’AVC sont intacts. J’ai toujours eu la notion de ce qu’il se passait."
Immobilisé durant 48 heures avant qu'il soit secouru
Immobilisé dans son lit durant 48 heures, sans pouvoir bouger et parler, ce n’est pas la peur qui l’a dominé. Le deuxième ligne du centre de formation de l’ASM Clermont se souvient surtout d'une "appréhension". "Quand on fait un AVC la peur s’en va". Thomas était en mode "instinct de survie".
Après deux jours sans nouvelle, son père se rend chez son fils et le découvre paralysé dans son lit. Pris en charge en urgence vitale, il va alors rester deux semaines au CHU Gabriel-Montpied de Clermont-Ferrand. On lui détecte un AVC ischémique, avec une artère du cerveau gauche obstruée et un hématome intracérébral.
Il est resté 15 jours en service de réanimation et a rejoint le centre de rééducation de Clémentel durant trois mois. Une période durant laquelle il a enchaîné les séances de kiné, d’orthophoniste et de piscine. Hémiplégique du côté droit, Thomas retrouve dans un premier temps, "des mouvements plus simples" dans l’eau. Il lui a fallu deux mois avant de retrouver peu à peu la parole. "Je prononçais des syllabes. Après trois, quatre mois, je reprononçais un petit peu les mots."
Je voulais reprendre, peu importe le sport.
Thomas KloecknerLanceur de poids, avec la section handisport de l'ASM
Aujourd’hui, Thomas s’exprime à nouveau. Il a gardé des séquelles. "Je suis hémiplégique côté droit", paralysé de la "main, un petit peu du bras. Et le pied qui bouge moins." Deux ans après l'AVC, à 21 ans, il mène une vie bien chargée."C'est cool en vrai. J'aime bien ça". Dans sa reconstruction, il a décidé de mener plusieurs fronts.
L'un deux a été de retrouver une activité sportive. En 2023, deux ans après son AVC, "je voulais reprendre, peu importe le sport". Avant de s’engager dans le poids et le disque, avec la section handisport de l'ASM, Thomas a fait plusieurs sports avec son kiné, Arthur Roulin, ancien troisième ligne de l'équipe professionnelle. Thomas prend pour exemple : "On a fait de l’escrime, mais le lancer de poids était celui qui me convenait le mieux".
Pour son retour sur les terrains de sports, il a participé à une compétition internationale, le meeting X Athletics, organisé par le club de Clermont Athlétisme Auvergne. La première journée met à l'honneur les meilleurs athlètes handisport. Récemment, en 2024, Thomas a fini septième des championnats de France à Saint-Brieuc, avec un lancer à 8,67 mètres. Il "espère progresser", sans avoir d'objectif précis. "Mais peut-être dans deux ans, je ne dirai pas ça".
Une carrière d'entraîneur de rugby en vue
En paralèlle, Thomas a eu à cœur de renouer avec le rugby. "C'était une volonté de ma part. C'est un peu ma vie. Ça me manquait." C'est pourquoi, il a proposé ses services au sein du club de l'ASM. Il entraîne depuis 2023 les moins de 10 ans du club clermontois. Des premiers pas d'encadrement qu’il appréhendait par rapport à la prise de parole. "Sans parole, on ne peut rien faire. Maintenant, je parle mieux qu'à l'époque. Elle est revenue. Et cette année, c'est vraiment sympa." Des débuts qu'il souhaite valider avec l'obtention du Brevet Professionnel de la Jeunesse de l’Éducation Populaire et du Sport (BP JEPS), qu'il est en train de suivre actuellement.
Avec ces différentes ambitions, Thomas commence à partager son expérience lors de rencontres. "Avec Didier Retière (directeur du développement sportif de l'ASM), on fait des Team Building. Je partage mon expérience" afin de montrer que dans une "entreprise et dans la vie, c'est pareil. Il ne faut rien lâcher".
Le Five O'Kloeck, une association et un tournoi solidaire
Dans cette vie bien remplie, Thomas a pu compter sur ses proches, sa famille, ses amis. Presque un an après son AVC, ses amis du centre de formation ont organisé un tournoi de rugby à 5 mixte pour l'aider dans son autonomie : le Five O'Kloeck. "Ça m'a aidé pour adapter ma voiture. Je conduis avec une boîte automatique avec la pédale à gauche", décrit Thomas.
Ce match de solidarité, ils en ont fait une association pour venir soutenir "des personnes en situation de handicap ou atteintes d'une maladie invalidante et sensibiliser à ces causes", précisent-ils sur le site de l'association. C'est ainsi que le deuxième tournoi, en 2023, était "dédié à Noa Legros, un jeune homme de 19 ans atteint d'un sarcome d'Ewing (cancer du bas du dos)".
Pour la troisième année, Thomas et ses amis ont décidé de voir plus grand, en rajoutant une soirée, où ils espèrent attirer 2000 personnes, au profit du Service Université Handicap de l'Université Clermont. Un rendez-vous donné au stade des Cézeaux, à Aubière, le 18 mai prochain.
Deux ans après son grave accident, Thomas Kloeckner ne se décrit pas comme "combatif". "Je suis allé de l'avant", porté par ses nombreux projets et un entourage solidaire.