Train : "J’ai du mal à comprendre pourquoi Toulouse peut être à 3 heures de Paris et pas Clermont-Ferrand"

Mercredi 28 avril, Jean Castex a annoncé le déblocage de 4,1 milliards d’euros pour la ligne grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse. Une déclaration qui fait du bruit jusqu’en Auvergne, où on réclame depuis longtemps des investissements sur la ligne Paris-Clermont-Ferrand.

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La nouvelle fait les gros titres de la presse régionale du Sud-Ouest. Mercredi 28 avril, le Premier Ministre Jean Castex a indiqué que l’Etat s’engage à hauteur de 4,1 milliards d’euros en faveur de la ligne grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse. Ce projet mettra Toulouse, quatrième ville de France, à 3h10 de Paris, soit une heure de moins qu’actuellement. Cette annonce a suscité des réactions jusqu’en Auvergne. En octobre 2020, lors d’une visite à Clermont-Ferrand, Jean Castex était venu annoncer un plan d’investissement supplémentaire de 130 millions d’euros pour la ligne Paris-Clermont-Ferrand.
 

Quand on donne 4,1 milliards pour Toulouse, on doit pouvoir trouver 2 à 3 milliards pour Clermont-Ferrand

Pour le maire (PS) de Clermont-Ferrand, cette différence de traitement passe mal. Olivier Bianchi indique : « On nous a expliqué au moment où on a mis fin au POCL (Paris-Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon. NDLR) qu’il n’y aurait plus de stratégie LGV et qu’on allait mettre des moyens sur les Intercités qui étaient en difficulté. Ces Incercités en difficulté, c’est suffisamment de notoriété publique pour dire que celle de Clermont-Paris en est la quintessence, voire le paradigme national. A partir de là je trouve assez insupportable de ne pas trouver à la hauteur des moyens financiers pour Clermont-Ferrand. Pour Clermont-Ferrand, on ne demande pas les 15 milliards de la LGV, mais on dit qu’entre ce qui a été prévu et annoncé par Djebbari (ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, chargé des Transports. NDLR) et ce dont nous aurions besoin pour être à peu près dans les clous, il nous faudrait 2 à 3 milliards. Quand on donne 4,1 milliards pour Toulouse, on doit pouvoir trouver 2 à 3 milliards pour Clermont-Ferrand. J’attends qu’on soit tous mobilisés ensemble ».

Notre travail est à la fois de muscler notre milieu économique et notre poids démographique

Le maire poursuit : « J’espère que ce n’est pas lié à des choix politiciens. De plus, ce qui compte c’est la question du poids du territoire. Nous devons continuer à développer notre métropole et notre Massif central pour peser au niveau d’un choix d’arbitrage gouvernemental ou étatique. Il y a évidemment démographiquement et peut-être économiquement un poids toulousain et de son arrière-pays particulièrement fort vu de Paris. Notre travail est à la fois de muscler notre milieu économique et notre poids démographique, et d’en même temps sensibiliser Paris sur le fait qu’on n’est pas rien : 7 000 chercheurs privés, 6 000 publics, 40 000 étudiants, Michelin, de la pharmaceutique, de l’industrie de pointe. On a largement des raisons qui justifieraient d’ores et déjà l’argent de l’Etat ».  

On se moque de nous

Du côté des chefs d’entreprise du Puy-de-Dôme, même sentiment d’incompréhension. Claude Vincent, président du MEDEF du Puy-de-Dôme, cache mal sa colère : « C’est une nouvelle incompréhensible. On ne va pas être jaloux du bonheur des Toulousains. J’ai du mal à comprendre pourquoi Toulouse peut être à 3 heures de Paris et pas Clermont-Ferrand. Comment peut-on mettre d’un coté 4 milliards et 130 millions de l’autre pour avoir un peu de confort, gagner quelques secondes sur un trajet ? On se moque de nous. On a un président de Région qui s’est bien engagé, on a une association qui bouge mais on n’est pas écoutés, alors que de l’autre côté, a priori sans le dixième du combat qu’on a eu, ils ont obtenu 4 milliards. Je ne comprends pas ».

Des investissements attendus

Le président du MEDEF du Puy-de-Dôme attend désormais des actes pour remettre la ligne Paris-Clermont-Ferrand sur les rails : « La question est de savoir pourquoi on a perdu autant de service sur cette ligne. Si on l’avait entretenue comme il faut, il ne s’agirait pas d’investir autant aujourd’hui. Pour les chefs d’entreprises, le mauvais trafic du train perturbe 60% de nos entreprises. On est énormément pénalisés par des problèmes d’accès à Paris, aussi par l’avion. C’est catastrophique. Quand on voit ce qui se passe à Toulouse, on se demande ce qu’on a loupé. J’espère qu’on est seulement oubliés et pas méprisés. Mettons sur la table ne serait-ce qu’un milliard. Avec ça, on va à Paris en 2h30 et on règle une grosse partie du problème. On a perdu depuis longtemps l’idée qu’il fallait un TGV ».

Il n’y a pas de jalousie avec Toulouse parce que c’était ce qui était prévu et annoncé depuis longtemps

Président de l’association Objectif Capitales, qui lutte contre l'enclavement de Clermont-Ferrand, Patrick Wolff, nuance : « Il n’y a pas de jalousie avec Toulouse parce que c’était ce qui était prévu et annoncé depuis longtemps. Actuellement, on est concentrés sur le projet post 2023, pour des rames et des voies remises à niveau et sur les investissements pour la phase qui suit ». Pour lui, les investissements sur la ligne Paris-Clemont-Ferrand arrivent : « Le programme qui avait été annoncé est tenu. Il n’est pas de 130 millions d’euros mais de beaucoup plus. L’accélération de façon à remplir un objectif de moins de 3 heures entre Paris et Clermont-Ferrand est dans les tuyaux pour la suite. On n’est pas en train de faire un concours de TGV, et on a vu ce que ça a donné quand il s’agissait d’avoir un TGV direct entre Paris et Clermont-Ferrand. On y a laissé 20 ans dans tout ça. On reste très pragmatiques. Mais il faut commencer à sortir de ce raisonnement que, parce qu’il y a le prolongement du TGV Paris Bordeaux Toulouse, il doit forcément y avoir un TGV à Clermont-Ferrand ». Patrick Wolff est plutôt confiant en l’avenir : « On espère faire Paris-Clermont-Ferrand en moins de 3 heures à l’horizon 2027-2028. On est en train de le négocier. Le Paris-Toulouse sera livré en 2030. Si on se débrouille bien, on sera à 2h30 un peu avant ce délai-là ». Le président d’Objectif Capitales veille à ce que les travaux de rénovation figurent dans le cadre du plan de relance et du commissariat au plan.

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