Vaccination obligatoire pour les soignants : "On nous traite comme des rats vecteurs de la peste"

Comme annoncé par le président Emmanuel Macron le 12 juillet, la vaccination est désormais obligatoire pour les personnels hospitaliers mais aussi ceux travaillant dans les EHPAD ou à domicile. Chez certains soignants non vaccinés du Puy-de-Dôme, cette mesure fait grincer des dents.

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Emmanuel Macron l’a annoncé le 12 juillet : les soignants et personnels en contact avec des publics fragiles devront être vaccinés, faute de quoi des sanctions pourraient être prises dès le mois de septembre. Au CHU de Clermont-Ferrand, environ 80% du personnel est vacciné, mais d’autres ont fait le choix de ne pas l’être, et cette annonce est vue d’un mauvais œil : « Moi, ce qui me dérange, c’est que le vaccin vient juste d’être mis sur le marché. Je préfèrerais attendre de voir. Il faudrait laisser les gens libres de pouvoir oui ou non se faire vacciner. Ce n’est pas parce qu’on est soignant que c’est nous qui ramenons le Covid dans les hôpitaux. Dans le service où je travaille, il y a eu 2 cas de Covid et ce sont des patients qui l’ont ramené », explique Laurence*, infirmière au CHU. « Je ne vois pas pourquoi on m’imposerait un vaccin sur lequel on n’a pas de recul. Moi, j’ai fait l’hépatite B, la polio, je ne suis pas du tout contre les vaccins, mais ce ne sont pas des vaccins créés en 6 mois et sur lesquels on n’a aucun recul », ajoute-t-elle.

"J’envisage même de démissionner"

Elle a décidé de ne pas prendre rendez-vous pour se faire vacciner : « Je vais attendre septembre et je vais voir ce qu’on me fait. Ils ne vont pas venir me chercher et me passer les menottes. Pour l’instant, je ne veux pas me faire vacciner et j’envisage même de démissionner ». Laurence craint que des effets secondaires graves ne soient découverts et elle est fermement opposée à recevoir l’injection : « Je n’irais plus au restaurant, je n’irais plus au bar… tant pis. Mais qu’on m’empêche de venir travailler, je trouve ça discriminatoire. » Sophie*, quant à elle, est infirmière libérale dans le Puy-de-Dôme. Elle souhaitait attendre d’avoir plus de recul pour se faire vacciner, mais désormais, elle envisage de recevoir l’injection : « De toute façon, je n’aurais pas le choix. Je ne me serais pas fait vacciner, mais bon, je suis bien obligée ». Elle a contracté le Covid il y a quelques mois et va donc faire une sérologie avant de recevoir sa première dose : « Si j’ai trop d’anticorps, je risque d’être bien malade, mais là, mon médecin traitant est en vacances ».

" Si je veux manger, je n’ai pas le choix"

« Si je veux manger, je n’ai pas le choix, il faut que je travaille », regrette Sophie. Dans son entourage, les infirmiers libéraux sont tous vaccinés. « J’aurais toujours des craintes sur les effets secondaires, avoir des problèmes neurologiques par exemple. Je pense que les vaccins, certains peuvent donner des soucis de santé à long terme », s’inquiète Sophie. Elle ignore si elle pourra recevoir l’injection avant le délai imparti, en fonction de son taux d’anticorps, elle devra peut-être encore attendre plusieurs mois avant de pouvoir prendre rendez-vous. Georges*, agent administratif du CHU, partage ces craintes, mais est, lui aussi, résigné : « Si c’est obligatoire, c’est obligatoire, donc je vais le faire, mais je ne sais pas encore comment. Pour l’instant, on ne sait pas si une nouvelle campagne de vaccination pour les soignants va être organisé ». Il essaye maintenant de trouver un rendez-vous, à contrecœur : « Moi, les vaccins, je ne suis pas trop pour. On voit ce qui s’est passé avec le vaccin contre la dengue. Il y a des choses, comme le tétanos ou la tuberculose je suis pour, et encore, je pense qu’il y a des gens qui font des réactions. J’ai peur des effets secondaires et en plus, je pense que le problème du Covid vient plutôt d’un manque de lits en réanimation. »

"On va le faire, mais pas de bon cœur"

« On stigmatise les soignants comme quoi ce sont eux qui propagent le Covid. Il y a un an, on nous applaudissait, aujourd’hui on nous traite comme des rats vecteurs de la peste. J’ai des collègues qui ne voulaient pas être vaccinés non plus. On va le faire, mais pas de bon cœur, parce qu’on veut continuer à faire notre job », dénonce Georges. Au niveau des syndicats, on dénonce également une stigmatisation. Le syndicat FO du CHU de Clermont-Ferrand écrit : « Et tous s’y mettent  pour leur forcer la main, les culpabiliser ! Rendez-vous compte, le personnel hospitalier serait responsable de la propagation du virus, il serait question d’exigence éthique, de devoir déontologique, de devoir civique… C’est ce même gouvernement qui affirmait que le masque ne servait à rien alors que nous réclamions des protections pour travailler, qui a imposé aux personnels de venir travailler en étant positif à la COVID-19, qui refuse la reconnaissance systématique en maladie professionnelle aux agents malades de la COVID-19 […].Le libre choix des soignants de se faire vacciner doit être respecté ». La Fédération SUD Santé Sociaux s’oppose également à cette obligation de vaccination : « Voilà que les héro·ïne·s d’hier, aussi mal informé·es que leurs concitoyen·nes, seraient responsables des contaminations d’aujourd’hui et mettraient en danger leurs patient·es lorsqu’ils et elles hésitent à se faire vacciner ?! La Fédération SUD Santé Sociaux tient à rappeler que la vaccination, quand elle existe, ne figure pas parmi les préconisations systématiques de prévention des maladies nosocomiales. »

Les soignants non vaccinés ne seront plus payés

Les personnels soignants qui ne seront pas vaccinés au 15 septembre ne pourront plus travailler et ne seront plus payés, a annoncé lundi le ministre de la Santé Olivier Véran. "A partir du 15 septembre, si vous êtes soignant et que vous n'êtes pas vacciné, vous ne pourrez plus travailler et vous ne serez plus payé", a déclaré M. Véran sur LCI, après l'annonce par le président Emmanuel Macron d'une obligation de vaccination pour cette catégorie de population, avec sanctions à la clé. Les employeurs - agences régionales de santé, directions d'établissement, assurance maladie - "seront habilités à effectuer des contrôles comme ça existe déjà dans le droit commun pour d'autres maladies, notamment l'hépatite B", a détaillé le ministre.

*Les prénoms ont été modifiés

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