Chose impensable au pays des lacs et rivières, on peut pratiquer le surf en Auvergne. Pour cela, il suffit de se rendre au lac d'Aydat (Puy-de-Dôme), spot, unique et connu à ce jour dans la région, de cette pratique à mi-chemin entre sport de glisse et loisir.
Pas de quoi soulever Belharra (vague bien connue des basques), un léger vent du nord ride les eaux du lac d'Aydat (Puy-de-Dôme). En ce matin du joli mois de mai, la « mer intérieure » pour bien des Clermontois est comme toujours. Aussi plate que la piste d'Aulnat. Seul au milieu de cette étendue, tel Jésus sur le lac de Tibériade, un homme fend les eaux. Mais s'il est bien debout au-dessus du lac, ce n'est pas à la faveur d'un miracle, mais bien grâce à un engin volant identifié et bien connu des amateurs de glisse depuis peu: l'e-foil (prononcé « i-foyl).
Quand une planche de 14 kilos devient plume
Une planche plus large que celle d'un surf, équipée d'un petit moteur électrique et d'un foil (aileron en carbone) immergés, et mise au point par une PME française au printemps dernier. Avec une manette Bluetooth entre les mains pour régler la vitesse, il fait des ronds dans l'eau, à bas bruit, à 30 cm au-dessus de la surface. Olivier Sigaud, responsable du centre nautique d'Aydat ressemble à un enfant au matin d'un 25 décembre. Depuis l'acquisition du jouet cinq jours plus tôt, l'homme dompte la machine de 14 kilos, avec une impression de facilité : « On dit qu'on vole littéralement sur le foil » déclare tout sourire le moniteur dans sa combinaison. "C'est très instable mais la progression est facile. On a fait les premières initiations avec des gens assez sportifs, ils ont pu voler au bout de 30 minutes. Pour les autres, il faut compter une bonne heure. C'est ouvert à tous mais c'est sûr qu' il y a un apprentissage qui doit se faire ». Maxime, 19 ans, se situe dans le premier cas. Adepte des sports de glisse, il ne lui a pas fallu longtemps pour retrouver un monde qu'il connaît bien, entre ciel et mer : « Je pratique du kite foil et de surf foil donc la prise en main a été rapide pour moi. En 10-15 minutes j'ai pu en faire debout et j'ai eu l'impression de voler ». Jusqu'à 40 km/h pour les plus chevronnés.Patience, mère de toutes les vertus !
Pour arriver à atteindre le sommet de cette légèreté, cet état de lévitation, il faut néanmoins s'armer de patience. L'apprentissage n'est fait que de répétitions et l'e-foil n'échappe pas à la règle. Si une bonne condition physique n'est pas requise mieux vaut posséder un bon sens de l'équilibre. L'apprivoisement se fait d'abord à la surface de l'eau. C'est à genoux sur la planche puis ensuite debout qu'on fait ami-ami avec la bête. On se familiarise aussi avec la télécommande, on entame des virages à droite à gauche, et jusque-là, l'e-foil obéit au doigt et à l'œil. C'est à l'étape suivante que les choses se gâtent un peu. En augmentant la vitesse, et en basculant le poids du corps vers l'arrière, la planche décolle et se montre tout d'un coup bien plus capricieuse dans les airs. Hors de l'eau, l’équilibre y est précaire, le vol, aussi doux soit-il, peut être de courte durée, et la planche devenir plongeoir.
« L'e-foil, nouvelle offre pour faire revenir les touristes »
Après le paddle, le kayak, le catamaran, le dériveur, l'Optimist, et les pédalos, le centre nautique d'Aydat mise donc sur l'e-foil cette année pour faire revenir les clients et en attirer de nouveaux. Le propriétaire, Mond'Arverne a déboursé 6990 euros pour cette nouvelle offre. « Que vont devenir les sports nautiques cet été ? C’est la grande question » s'interroge Pascal Pigaud, le président de la communauté de communes. « Reste que ce genre de proposition, comme tout offre nouvelle, peut contribuer à faire revenir nos touristes locaux en espérant en faire venir d'autres de plus loin. L'e-foil s'inscrit pleinement dans notre politique de sport de pleine nature. Et ce matériel non-polluant est exemplaire en ce sens » confie l'élu.
Seules conditions à ce bonheur aérien, être âgé de 16 ans minimum et peser moins de 110 kg.
La location est réservée aux initiés (30 euros la ½ heure). Pour les autres, le passage par la case « cours privés » (59,50 euros la ½ heure) est inévitable.