Sur le plateau de Corent, dans le Puy-de-Dôme, des retraités, étudiants ou travailleurs en vacances profitent de l'été pour se glisser dans la peau d'archéologues. Ils participent ainsi à percer les secrets de ce site majeur de l'époque gauloise qui fut probablement la capitale des Arvernes avant la conquête romaine.
Sur le plateau volcanique de Corent dans le Puy-de-Dôme, une quinzaine de personnes s'affairent. Les pioches creusent le sol, les brosses frottent les roches et des petites pelles à main permettent d'évacuer le surplus de terre. Ce site, d'un intérêt archéologique majeur, fut le siège d'un oppidum arverne au IIe et Ier siècle av. J.C. Près de 80 bénévoles se relaient tout l'été pour fouiller ce périmètre et tenter de percer ses derniers secrets.
"Participer à l'Histoire"
Agenouillée sur le sol, Marie-Christine Hazard est une habituée des lieux. Elle vient chaque année, depuis 12 ans. "Un jour, j'ai appris qu'il y avait des fouilles sur le site de Corent et je suis venue avec mon fils pour lui montrer ce que c'était le travail sur le terrain", raconte cette retraitée de la gendarmerie qui a toujours voulu être archéologue.
J'ai réalisé un rêve. Lorsque l'on fouille, on retrouve son âme d'enfant. Et puis, c'est une façon de participer à l'Histoire.
Marie-ChristineBénévole sur le site archéologique du plateau de Corent
Aux côtés de Marie-Christine, de nombreux étudiants en archéologie venus de toute la France sont présents. L'un d'entre eux, Clément, a découvert des ossements d'animaux dans une probable fosse. "Ce sont peut-être des déchets, de boucherie par exemple. On voit que les os sont en très mauvais état donc ils ont probablement subis des chocs. Je cherche des traces fines qui pourraient montrer l'utilisation d'un couteau ou d'un hachoir", explique-t-il.
Les trouvailles doivent être délicatement sorties de terre pour être étudiée. Les ossements sont particulièrement fragiles. "Là, il y a une mâchoire, mais je n'arrive pas encore à déterminer si ce que je vois est du cheval ou du bœuf... Il faut que je révise certaines choses", plaisante-t-il, en montrant sa trouvaille.
Ambiance colonie de vacances
Pour Clément et les autres étudiants, ces vacances scientifiques ne sont pas reconnues par les universités. C'est un choix personnel. "On fait très peu de pratique à la fac. C'est surtout sur un site de fouille que l'on va apprendre des choses : comment gérer un chantier, reconnaître du mobilier, les animaux, certains typiques de céramiques. C'est important de faire l'effort de venir parce que c'est ici que l'on devient archéologue", témoigne l'étudiant.
On se retrouve tous les soirs et on discute de ce que l'on a fait dans la journée. Il y a une ambiance colonie de vacances. Il y a une retraitée, un tailleur de pierres, un prof de français... C'est cool qu'il y ait tous les horizons et pas que des gens qui font des études sur le sujet.
Clément NegreEtudiant en archéologie
À quelques mètres de là, Thibaud Baptiste prend sur ses vacances pour participer à cette expérience. "On voit vraiment le travail effectué, jour après jour, en enlevant les couches. Les parcelles ne sont pas les mêmes selon les années des fouilles. On ne rencontre pas les mêmes choses donc on se rend compte de la diversité du site", raconte le bénévole, guidé par les professionnels présents sur place.
On apprend sur le tas. On ressort après trois semaines en ayant acquis des connaissances. C'est super sympa.
Thibaud BaptisteBénévole sur le site archéologique du plateau de Corent
Les fouilles avaient été interrompues ces trois dernières années pour des raisons administratives. Le Département du Puy-de-Dôme et les chercheurs tenaient à relancer le projet. "Le site de Corent, sur lequel on fouille depuis 2001, est tout à fait exceptionnel parce qu'il abrite 5 villes superposées. Cela va du néolithique jusqu'à l'âge du bronze, l'âge du fer et l'époque romaine. À peu près, du IVᵉ millénaire avant notre aire jusqu'au IIe siècle après", commente Mathieu Poux, le responsable des fouilles dont les résultats seront connus le 15 septembre. Date qui sonnera, pour tous ces bénévoles, la fin des vacances.
Propos recueillis par Romain Leloutre / France 3 Auvergne.