Fouilles de l'oppidum de Gergovie : le Quartier gaulois des artisans n'a pas livré tous ses secrets

Célèbre pour avoir résisté aux assauts des armées de Jules César, l’oppidum de Gergovie au sud de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, va faire l’objet de nouvelles recherches archéologiques durant l'été. Elles concerneront le Quartier des artisans qui n’a pas été fouillé depuis la fin des années 1940.

Au sud de Clermont-Ferrand, le plateau de Gergovie intrigue depuis toujours les archéologues. Ils sont nombreux à chercher les traces de la vie des Arvernes, ce peuple gaulois qui habitait l’actuelle Auvergne. C’est ici que les troupes de Vercingétorix ont contré l’assaut mené par Jules César en 52 av JC. sur l’oppidum. Mais l’ancienne forteresse gauloise n’a pas livré tous ses secrets et fait actuellement l’objet de nouvelles recherches.

Cette opération de recherche conduite cojointement par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et la Maison des sciences de l’homme (MSH) de Clermont avec le soutien de l’Etat et du conseil départemental du Puy-de-Dôme a débuté à l’été 2022. Yann Deberge, archéologue à l'Inrap et Marion Dacko, ingénieure de recherche en archéologie à la MSH, qui co-dirigent l’opération, donnent une conférence publique ce vendredi 17 mai, à 20 h 30, à l’espace Léo-Lagrange de La Roche Blanche dans le Puy-de-Dôme. Les premiers résultats des investifations vont être dévoilés et commentés.  

Peu d'archives des précédentes fouilles

Le projet a débuté par une fastidieuse recherche et réexamen des archives de terrain laissées par les précédentes générations archéologues ayant travaillé sur le site. “Il y a assez peu de documentations car, à cette période, l’archéologie était encore une discipline balbutiante. Les fonds d’archives sont dispersés et certains n’ont été que partiellement conservés", explique Yann Deberge.

Dans les années 30, les photographies étaient peu nombreuses car elles coûtaient cher et les relevés papiers étaient peu formalisés. La documentation des années 40 est un peu plus abondante et globalement de meilleure qualité.

Yann Deberge

Archéologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)

Tous les documents relatifs aux premières fouilles conduites sur ce secteur de Gergovie n’ont pas été reversés en intégralité à l’Etat ou aux musées. De nombreux documents ont été conservés dans les archives privées des chercheurs. "C’est un véritable travail d’enquêteur que de retrouver cette documentation. Le but de notre démarche est de parvenir à percevoir quels ont été les vestiges découverts anciennement mais aussi comprendre la méthodologie employée par les chercheurs des années 1930 et 1940 tout en assurant la préservation de ces documents en grande partie inédits", poursuit le spécialiste. 

Si les premières fouilles réalisées à Gergovie remontent au XVIIIe siècle, ce n'est qu'en 1861 que l'oppidum va faire l'objet de fouilles étendues commanditées par Napoléon III. Toujours de taille limitée, elles sont conduites en différents points du plateau : sur le rempart qui a notamment permis la victoire de Vercingétorix en 52 av. JC., sur le sanctuaire, sur une "domus" (villa urbaine) ainsi que sur le "Quartier des artisans".

Dix ans plus tard, les fouilles sont poursuivies sur ce dernier secteur et mettent en évidence de très nombreux vestiges d’habitat et d’artisanat. Ces traces de construction sont alors identifiées à de modestes bâtiments construits en torchis, bois et chaume qui auraient accueilli des métallurgistes. Ce secteur emblématique n’avait pas connu de nouvelles investigations depuis la fin des années 40. 

L'étude documentaire dirigée par Marion Dacko et Yann Deberge a été accompagnée de travaux sur le terrain permettant de confirmer et de préciser les hypothèses avancées par les précédents fouilleurs. Des relevés topographiques par drone et géophysiques au sol ont permis de retrouver quelques vestiges anciens. Mais ce sont surtout les fouilles réalisées manuellement, sur un peu plus de 800 m², qui apportent le plus d’informations. “Cela nous a notamment permis de constater qu’il y avait encore de nombreux vestiges archéologiques bien conservés. Ces observations sont prometteuses”, se réjouit Yann Deberge, qui étudie depuis 30 ans le territoire des Arvernes.

L’objectif de ces fouilles, amenées à se prolonger jusqu’en 2025, est de proposer une interprétation renouvelée pour les vestiges du "Quartier des artisans" qui se situent à proximité de l’un des principaux accès à la ville fortifiée, occupée entre les années 60 avant JC. et 20 de notre ère. Une carte interractive des lieux réalisée par le musée de Gergovie est consultable en ligne. “C’est assez classique d’avoir une activité artisanale aux portes des oppida (le pluriel d’oppidum, ndlr). Ce sont des points de passage, cela permettait aux artisans d’avoir de la visibilité”, commente Yann Deberge.

La nature de la première occupation du secteur n’est pas connue. Il a accueilli un quartier d’habitation à vocation artisanale à la fin de la période gauloise et jusqu’au début du règne de l’empereur Auguste. Il est possible qu’il ait ensuite accueilli une fortification construite à la romaine.

Yann Deberge

Archéologue à l'Inrap

Nouvelles fouilles à partir du 10 juin

Les fouilles manuelles vont donc reprendre du 10 juin au 19 juillet 2024. Six archéologues professionnels seront accompagnés par une quinzaine d’étudiants stagiaires. L’état du "Quartier des artisans" a été dégradé par les précédentes campagnes d’exhumation à la fin desquelles les fosses n’ont pas toujours été recouvertes. Des outils ou semelles de chaussures de précédents fouilleurs ont ainsi été retrouvés parmi les vestiges historiques... Depuis le XVIIIe siècle, environ 2% des 70 hectares du plateau seulement ont été explorés.

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