On estime à 10% la surface du territoire d’Auvergne occupée par des zones humides. Ces milieux très particuliers sont des trésors de biodiversité et des puits de carbone. Pour l’environnement, la faune et la flore, ces milieux doivent à tout prix être protégés.
Les zones humides sont un précieux réservoir de biodiversité. Mais le réchauffement climatique menace la faune et la flore de ces milieux. Au CEN (Conservatoire des Espaces Naturels) d’Auvergne, Lucie Le Corguillé, est chargée de monter des projets de préservation de la biodiversité ou d'espaces naturels, principalement sur le département du Puy-de-Dôme. En Auvergne, il n’existe pas d'inventaire exhaustif des zones humides. “On va avoir des inventaires qui vont être menés sur certains territoires, par exemple sur le Puy-de-Dôme, on a fait une synthèse récente de tous les inventaires menés. On a pour l'instant la connaissance de 30 000 hectares de zones humides sur à peu près 2/3 du territoire.” Il existe de nombreuses petites zones humides difficiles à identifier : “On n'a pas, par exemple, comme en Camargue, de grandes zones humides bien identifiées. On va avoir plein de petites zones humides éparpillées sur le territoire.” Le CEN évalue entre 9 et 10% le pourcentage du territoire auvergnat rentrant dans la catégorie zone humide.
Comment carctériser les zones humides ?
Une zone humide est définie comme un secteur où il y a une présence d'eau temporaire ou pérenne, explique Lucie Le Corguillé : “A partir du moment où on a, par exemple, un petit fond de vallon où il y a de l'humidité, de l'eau qui va stagner pendant quelques semaines, potentiellement, ça peut être une zone humide. On va savoir si c'est une zone humide par la végétation présente. L’eau va permettre le développement de certaines plantes. Quand on n'a pas ces plantes, on va regarder comment est constitué le sol de la zone humide : s'il y a par exemple des traces d'oxydation, ça va caractériser un type de zone.”
Des milieux indispensables
Ce sont des milieux très particuliers, selon elle. Il faut donc en prendre soin : “On va avoir une biodiversité, une faune et une flore vraiment typiques de ces milieux. On va avoir certaines espèces qu'on ne retrouve que dans ces milieux humides. Ces zones vont avoir un rôle dans le cycle de l'eau, un rôle dans la ressource en eau, surtout. Le réseau des zones, c'est-à-dire des zones humides qu'on va retrouver tout le long d’un bassin versant, tout le long d'une rivière, toutes ces zones-là mises bout à bout ont un rôle dans la ressource en eau.” Mais ce n’est pas le seul intérêt de ces zones : “Certains types de zones humides vont avoir un rôle dans le stockage du carbone. C'est vraiment très important en période de changement climatique, de préserver toutes ces zones humides qui stockent du carbone parce que toute zone humide dégradée va déstocker du carbone.” Le CEN tente de restaurer des zones humides dégradées, pour leur permettre de restocker du carbone.
Il faut sauver les zones humides
“Les zones humides ont un rôle aussi pour les activités humaines, un rôle économique parce que ce sont des zones de pâturage, surtout sur l'Auvergne, beaucoup de zones humides sont dans des zones de pâturage donc elles contribuent à apporter une végétation diversifiée au bétail. Et puis il y a des zones humides un peu plus emblématiques, certains lacs, certains étangs qui ont un rôle pour le tourisme, parfois pour la chasse, la pêche, donc ça a un rôle direct dans l'activité humaine”, explique Lucie Le Corguillé.
Le CEN est chargé d’informer le grand public, les agriculteurs, les forestiers, de l'intérêt de l'importance des zones humides, de l'importance de les préserver. “On a un rôle de communication, d'information, de sensibilisation en allant sur le terrain à rencontrer les professionnels, on va rencontrer des agriculteurs, les forestiers, les élus sur les zones humides, pour leur montrer quels sont leurs rôles, quels sont leurs intérêts, analyser les côtés positifs, les côtés négatifs pour leur apporter des conseils de bonne gestion.” Le préservation in situ, en achetant des terrains ou en travaillant avec les propriétaires par le biais de conventions ou de baux pour protéger des sites emblématiques. Au total, 156 zones humides sont directement protégées par le CEN d’Auvergne.
