Alors que des vignobles prestigieux revoient leur modèle, dans le Puy-de-Dôme, le Côte d'Auvergne annonce un plan ambitieux : doubler sa surface des terres viticoles dans les 10 ans. Un objectif qui passe par l’optimisation des terres et en attirant de nouveaux acteurs.
A Neschers, dans le Puy-de-Dôme, Jean-Baptiste Deroche s’est installé il y a 11 ans à portée de vue des montagnes du massif du Sancy. Il a fait pousser son exploitation de 5 à 11 hectares de vignes. Le vigneron raconte : « Il faut imaginer que le massif du Sancy faisait à l’époque 7 000 m de haut. Il a explosé et cela a fait une grosse nuée ardente sur tout le plateau. Cela a été complètement criblé de pierre ponce. On a un sous-sol de pierre ponce et dessus, des cendres volcaniques. En fonction des terrains, on ne fait pas les mêmes types de vins. Ici, je vais faire des vins plutôt parfumés, plutôt légers, avec des notes assez fumées, beaucoup de fraîcheur et de minéralité. Sur des argileux calcaires, sur des sols sédimentaires, je vais faire des vins un peu plus structurés, avec un peu plus de couleurs ».
350 hectares de vignes
Le Côte d’Auvergne cherche à se faire un nom et à se développer au travers de la spécificité de ses vignes et de son territoire. Le vignoble puydômois ne compte pour le moment que 350 hectares de vignes réparties sur une cinquantaine de communes. Une grande partie est en zone d’Appellation d’Origine Contrôlée. David et Sylvain sont des nouveaux arrivants. Ils ont planté leurs premières vignes il y a 4 ans. Ils produisent du raisin qu’ils fournissent à une coopérative. David Esteve, agriculteur-viticulteur, explique : « Ce qu’il faut c’est rentabiliser au mieux sur la surface qu’on a car l’implantation d’une vigne coûte cher. Il faut sortir du rendement. Si on implante une vigne qui est adaptée à notre sol, après l’avoir étudié, c’est beaucoup plus intéressant si on met un cépage qui fournit du rendement ».
La vigne comme "valeur ajoutée"
David aimerait augmenter sa surface de trois hectares de vignes. A l’automne, une campagne de cartographie sera lancée pour analyser au mieux le potentiel des terres et adapter les cépages en tenant compte des changements climatiques. Sylvain, lui, a planté il y a 4 ans du Gamay sur des coteaux exposés plein sud, très ensoleillés. Le rendement est moins bon qu’espéré. Sylvain Verniere, agriculteur-viticulteur, indique : « La vigne me permettait de créer de la valeur ajoutée sur peu de surface. En plus, c’est complémentaire des autres cultures que je peux faire sur l’exploitation, comme le maraîchage de plein champ et des grandes cultures. Du coup, on sait que les gros moments de travail de la vigne ont lieu en hiver, où on est un peu plus libre pour les autres cultures ».
Une commune qui a investi
La cartographie permettra de comprendre au mieux le potentiel des terres en profondeur et sans doute de rajouter des hectares au domaine existant. Certaines villes se manifestent pour développer la filière. Lionel Roucan, chargé de mission environnement et développement durable, souligne : « La commune de Cournon-d’Auvergne a investi beaucoup dans ce projet de vignes : 25 000 euros par hectare. On a acheté les plants, on a palissé, on a mis les tuteurs et les fils. On a trouvé des agriculteurs qui voulaient bien signer un bail avec nous, pour exploiter des vignes, comme il y a 50 ans ».
Cournon-d’Auvergne espère doubler sa surface passant de 6 à 12 hectares de vignes. Doubler sa surface c’est aussi l’ambition de l’appellation Côte d’Auvergne, avec méthode et patience.