Le faux-indigo ou Amorpha Fruticosa, cette plante d'ornementation encore vendue en jardinerie, est pourtant une espèce envahissante. Dans le Puy-de-Dôme, elle colonise pour l'instant uniquement la peupleraie d'Iloa, à Thiers où un projet de restauration naturel du site est en cours. Mais il faudra du temps pour se débarrasser du faux-indigo qui empêche les espèces locales de se développer.
La biodiversité reprend ses droits, sur le site d’Iloa, une ancienne carrière de sable, à Thiers, dans le Puy-de-Dôme. Mais elle dévoile aussi une espèce envahissante. Des arbustes signalent la présence d’Amorpha Fruticosa, communément appelé le faux-indigo.
"C’est une plante qu’on appelle exotique, envahissante aujourd’hui", indique Katia Ducroix, chargée de projets au Conservatoire d'espaces naturels Auvergne. Elle est apparue au XVIIIe siècle à peu près. Elle a été importée d’Amérique du Nord pour de l’ornement. "Sur le site, elle a été installée pour faire un petit peu de décoration." Elle est reconnaissable par sa grappe violette, entre avril et juillet.
Elle s’arrange pour que personne d’autre ne puisse s’installer autour d’elle. Elle a ce pouvoir envahissant.
Katia DucroixChargée de projets au Conservatoire d'espaces naturels Auvergne
En cette mi-avril, la plante n’est pas encore en floraison. Elle prospère surtout sur les zones humides et le bord des rivières. Tout comme l’arbuste, sa graine est résistante. Cette dernière peut parcourir des kilomètres sur l’eau avant de s’installer. "Elle va créer une espèce de substance qui va inhiber le taux de croissance des plantes indigènes qu’il y aurait autour", précise Katia Ducroix. "Elle s’arrange pour que personne d’autre ne puisse s’installer autour d’elle. Elle a ce pouvoir envahissant."
Le faux-indigo est présent uniquement sur la peupleraie d’Iloa. Il faut l’éradiquer avant que la plante ne s’étende. Mais c’est une opération qui prend du temps. "Sur une partie du site, on a procédé à l’arrachage du faux-indigo, avec des résultats plutôt satisfaisants, puisque la plante n’est pas réapparue", rapporte Raphaël Mambie, responsable du service public d’assainissement non collectif (SPANC) et de la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI). "Mais, effectivement, il reste encore une grosse station sur le site à traiter."
Favoriser la faune, la flore et satisfaire les promeneurs
Depuis 2018, le site d’Iloa fait l’objet d’un plan de gestion de la biodiversité, à côté du parc de loisirs et de tourisme se développe un espace plus centré sur la nature. Thomas Barnérias (SE), vice-président Thiers Dore et Montagne et délégué environnement, décrit "favoriser la faune, la flore. Il y a le castor qui est présent sur le site qu’on essaye de sanctuariser. On a du travail qui va être fait sur les pollinisateurs. Le faux-indigo est évidemment un petit peu le point noir du site. Une fois qu’il sera supprimé, on va pouvoir retrouver des essences locales et une biodiversité plus locale."
Ce développement, à côté de la base de loisirs, est aussi une volonté d’offrir des parcours complets aux randonneurs. Ce qui demande également des travaux de sécurisation en déblayant les chemins obstrués par des arbres. Mais le site offre déjà de beaux chemins aux promeneurs qui peuvent tenter d'apercevoir le castor installé le long de la Dore.
Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck / France 3 Auvergne