Les oiseaux des milieux agricoles sont en déclin alerte la Ligue de la protection des oiseaux (LPO) Auvergne-Rhône-Alpes. Dans la région, plusieurs espèces sont directement impactées par les pratiques de l’agriculture intensive et le changement climatique.
Le constat est alarmant. Une trentaine d’espèces d’oiseaux sont en déclin dans la région Auvergne-Rhônes-Alpes. Certaines ont même disparu du paysage ces vingt dernières années. Le bruant ortolan est introuvable dans la plupart des campagnes de la région où il était présent autrefois. D’autres exemples frappants des conséquences de l'activité agricole intensive sur les espèces sont mis en évidence dans les derniers résultats du Suivi temporel des oiseaux communs (Stoc), mené conjointement par la Ligue de la protection des oiseaux et le Muséum national d’histoire naturelle.
La pie-grièche grise
La pie-grièche grise, espèce emblématique du Massif Central, est elle aussi menacée de disparition. En cause : l’impact de l’agriculture moderne sur ses lieux de nourrissage et d’habitat. “Son air de répartition diminue. Elle niche dans les bosquets et chasse le long des haies alors que ce sont des éléments régulièrement coupés et qui disparaissent peu à peu”, se désole Julien Curassier, chargé de mission ornithologique à la LPO Auvergne.
Les haies et les arbres sont coupés pour laisser place à de grandes parcelles. Aujourd’hui, on a un paysage aseptisé qui ne laisse plus de place à la vie animale.
Julien CurassierChargé de mission ornithologique à la LPO Auvergne
Le moineau friquet
La population du moineau friquet a chuté de 61% en Auvergne-Rhône-Alpes sur les vingt dernières années, contre -72,7% sur l’ensemble du territoire français. Contrairement à son cousin le moineau domestique, que l’on retrouve dans les zones urbanisées, le moineau friquet est caractéristique des milieux ruraux. Il niche dans les cavités des vieux murs en pierre et se nourrit de céréales, de mauvaises herbes et d’insectes… Lorsqu’il en trouve. L'utilisation de produits agricoles phytosanitaires, qui détruit les potentielles proies, perturbe grandement l’équilibre alimentaire des oiseaux insectivores comme celui-ci.
Le busard cendré
Le fauchage de plus en plus précoce des prairies a également un impact sur les espèces qui y font leur nidification. C’est le cas du tarier des prés ou encore du busard cendré. “Il y a des pressions directement causées par l’intensification de l’agriculture et d’autres, liées au réchauffement climatique. Le busard cendré niche au sol, dans les cultures céréalières, donc le risque de destruction au moment des moissons est important”, détaille Julien Curassier.
"La situation n'est pas irréversible"
“Si on laisse de la place à la nature, elle revient. La situation n'est pas irréversible”, tient à rappeler le spécialiste. La LPO travaille activement auprès des agriculteurs pour leur suggérer des solutions : plantation de haies, aménagement de mares, limitation de l’usage de produits phytosanitaires, accueil de prédateurs naturels (chauve-souris, rapaces) des ravageurs…
On souhaite encourager les agriculteurs à se tourner vers un modèle plus respectueux de la biodiversité. Ce n’est pas toujours évident de les convaincre de changer leurs habitudes mais il y a des initiatives peu contraignantes à mettre en place.
Julien CurassierChargé de mission ornithologique à la LPO Auvergne
La Ligue de la protection des oiseaux dispense de nombreux conseils aux élus qui ont leur rôle à jouer dans la survie des différentes espèces. Cela passe, par exemple, par le choix d'approvisionner les cantines scolaires en produits issus d’une agriculture raisonnée et de proximité, d’accompagner les jeunes agriculteurs à s’installer en production biologique ou extensive ou encore de réfléchir à une gestion des espaces verts permettant le maintien des paysages et du vivant.