C'est la période des plantations au potager. Et si vous décidiez de commencer le vôtre, cette année ? En Auvergne, un groupe Facebook permet d’échanger gratuitement des graines et des plants pour cultiver ses propres légumes, dans son jardin ou sur son balcon, et ainsi faire de belles économies.
Au supermarché, Stéphanie peut désormais zapper le rayon légumes. Du printemps à l'automne, son potager lui offre une récolte abondante et suffisante pour s’alimenter au quotidien. "Je cuisine mes propres produits tant qu’ils sont frais ou je les conserve pour l'hiver. J’en fais aussi profiter mes amis. C'est un vrai plaisir, à la fois de se dire que cela vient du travail de nos mains et de savoir d’où vient ce que l’on mange”, raconte cette habitante de l’Allier.
Acquérir des variétés résistantes
Depuis le mois de mars, cette quinquagénaire qui jardine depuis une dizaine d’années a semé des petits-pois, des carottes, des betteraves, de la roquette ainsi que des salades et des radis qu’elle peut déjà ramasser. Elle stocke des graines récoltées au jardin dans des récipients appropriés pour les réutiliser d’une année sur l’autre. Gratuit et facile, c’est aussi une monnaie d’échange entre jardiniers. “Dès que je le peux, je troque contre autre chose. Cela me permet d’avoir des nouveautés, notamment des variétés locales ou anciennes qui sont plus résistantes”, poursuit-elle.
Des groupes Facebook permettent justement de mettre en lien les troqueurs à la main verte d’une même région. En Auvergne, Vanessa a créé “Troc, graines, fruits, légumes, plants, oeufs dans le 03,63,43,15 et 23” en 2017. Il compte plus de 1 200 membres aujourd’hui.
L’idée a plu très vite, le nombre de membre a augmenté rapidement. Le groupe est actif du printemps à l’automne avec d’abord l’échange de graines, puis de plants et ensuite de légumes ou de fruits. Cela permet aussi de faire de nouvelles rencontres entre voisins.
VanessaCréatrice du groupe de troc entre jardiniers
La popularité du groupe a augmenté ces derniers temps. Le troc a toujours existé, connaît-il un regain d'intérêt ? Difficile de dire si la hausse du prix des produits alimentaires y est pour quelque chose. “Au vu du coût des légumes dans le commerce, c’est évident que cela permet de faire des économies”, estime Vanessa qui échange principalement des plants et des légumes à maturité. L’été dernier, elle a pu récupérer des tomates tout juste cueillies contre son surplus de courgettes.
Dans ce milieu, les dons sont fréquents. Beaucoup de jardiniers ont débuté en étant encouragés par quelques graines offertes par un ami. Il est tout à fait possible de commencer par des plantes aromatiques ou petits fruits sur un balcon.
Les fleurs, les framboisiers ou la menthe, par exemple, se multiplient rapidement et sont donc très faciles à échanger. De nombreux troqueurs en proposent. Ça ne vaut pas le coup de les acheter en jardinerie.
StéphaniePassionnée de jardinage
Des techniques de multiplication végétative existent également pour obtenir un nouveau légume à partir d'un trognon ou d'une tige. À vous d'essayer ! Il faudra ensuite attendre que les plantes soient bien enracinées avant de les prélever pour les mettre en pot et les échanger. Elles auront ainsi une meilleure reprise. Pensez à garder toutes les informations : nom de l'espèce en français, en latin si possible ainsi que la date de récolte pour les graines. "C'est agréable de faire son jardin dehors, surtout en Auvergne où les bruits de la nature sont très apaisants... Mais c'est du travail", reconnaît Stéphanie dont le jardin est parsemé de plantes qu'elle transforme ensuite en macérats huileux pour faire des cosmétiques.
Échanger à l'opportunité
Pour troquer, mieux vaut ne pas avoir une idée précise de notre recherche. “C’est un système qui marche beaucoup à l’opportunité. Des fois on a des surprises avec des plants en mauvais état et qui ne prennent pas. La dernière fois j’ai échangé des pieds de basilic contre de la verveine citronnée mais je me suis retrouvée avec de la mélisse. Les gens échangent ce qu’ils ont et on ne trouve pas toujours ce que l’on a en tête”, prévient Stéphanie. Pour éviter tout risque de propagation de maladie, il est recommandé de mettre les nouveaux arrivants dans des pots séparés, sorte de quarantaine.
Si l’on convoite une variété précise, il est possible de poster directement une annonce de recherche en précisant ce que l’on propose en échange. Sinon, se rendre aux trocs de plantes organisés dans sa région par des collectivités, des associations ou des particuliers passionnés. Dans l'Allier, par exemple, la commune d’Hérisson accueille une fête des plantes le 19 mai prochain. Autre rendez-vous à venir : le 26 mai, au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire, pour dénicher des arbustes, plantes rares et aromatiques. Plus de dates de bourses aux plantes en Auvergne sont à retrouver ici.