A Gerzat, à côté de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, l’association d’insertion "Les Mains Ouvertes" espère reprendre au plus vite ses activités de recyclage et revente d’objets divers. Elle emploie 50 salariés et vient en aide à 75 compagnons.
« Artisans de vies nouvelles », voilà le slogan de l’association "Les Mains Ouvertes" de Gerzat dans le Puy-de-Dôme (devenue même une fédération en 2006 en agrégeant plusieurs partenaires). Vies nouvelles pour les personnes comme pour les objets qu’elle trie, répare et revend d’ailleurs.La structure a pour objectif l’insertion sociale, humaine et professionnelle de personnes en situation de précarité. Elle fêtait l’an dernier son 40ème anniversaire.
« Il ne faut pas que cette situation dure trop longtemps »
Mi-mars, la fédération « Les Mains Ouvertes » a dû se résoudre à fermer ses magasins et arrêter ses activités. « Il n’était plus possible d’accueillir les donateurs et nos clients sur nos sites et puis les déchèteries avec lesquelles nous travaillons fermaient, il n’y avait plus rien à collecter », rappelle Frantz Bléhaut, le vice-président. La structure s’autofinance en grande partie en récupérant toutes sortes d’objets et en leur redonnant vie.Chaque année, par exemple, elle traite 680 tonnes de tissus, linges et chaussures (triés, recyclés ou revendus) ou encore 500 tonnes de matériels divers récupérés dans les entreprises et les collectivités de la métropole de Clermont-Ferrand. Elle emploie une vingtaine de salariés dans deux entreprises d’insertion, l’une recycle des appareils électroménagers collectés dans les grandes enseignes commerciales, l’autre remet sur pied du matériel hifi, vidéo et numérique.
L’association s’appuie sur ses 35 salariés permanents et ses nombreux bénévoles pour accueillir quotidiennement 75 compagnons, un peu selon le même principe qu'Emmaüs (à la différence qu'ils ne vivent pas en communauté). « En échange de leur travail pour le tri et la remise en état des objets, nous leur servons deux repas chaque jour, leur apportons un secours financier et les aidons à devenir plus autonomes avec des formations pour les uns, des cours de français pour d’autres », explique Frantz Bléhaut.
D’après lui, la situation financière assainie de l’association, après des difficultés il y a quelques années, a permis de passer le cap de cette crise sanitaire sans trop de problème. « Nos salariés ont été placés en chômage partiel, nous avons pu payer les factures, continuer de verser 50% de l’aide financière habituelle à nos compagnons, mais il ne faudrait pas que cette situation dure trop longtemps ».
Réouverture partielle au public envisagée à partir du 18 mai
Ouverts les jeudis et les samedis, les magasins de revente de l’association accueillent plus de 1200 visiteurs chaque jour à Gerzat. On peut y trouver des livres, des meubles, des bibelots, des vêtements, faire de bonnes affaires et une bonne action en même temps.Ce qui représente un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros annuel que la structure réinvestit intégralement dans l’insertion. Alors, on imagine les conséquences de l’arrêt des activités. « C’est la roue qui tourne, il faut reprendre le business, les ventes alimentent l’insertion ! », lâche Frantz Bléhaut. L’association peaufine son plan de réouverture. Dès lundi 4 mai, quelques salariés vont reprendre la collecte auprès des magasins d’électroménager. L’atelier de remise en état des appareils ne fonctionnera que la semaine du 11 mai, avec une équipe du matin et une autre du soir.
Mais le 11 mai, les compagnons et les bénévoles ne seront pas encore accueillis, ni le public. « Il y a énormément d’organisation à mettre en place, des barrières, un sens de circulation, une matérialisation au sol. Notre magasin de vêtements, où les acheteurs fouillent dans des bacs, n’est pas adapté, nous allons le transférer dans un autre bâtiment qui permettra de faire un circuit. Et les jours de vente le masque sera obligatoire », précise le vice-président.
Les clients devraient pouvoir faire leur retour à partir du 18 mai, ainsi que les compagnons. « Nous envisageons d’accueillir seulement la moitié de nos compagnons et d’alterner une semaine sur deux. L’obsession, c’est la sécurité de tout le monde ! ».
Quid des bénévoles ?
Se pose aussi le problème crucial des 125 bénévoles, la plupart retraités et âgés de plus de 65 ans. Sans eux, la structure ne peut pas fonctionner. Avec les compagnons et les salariés permanents, ils participent au tri et à la remise en état des objets. « Nous allons les consulter », dit le responsable.L’association devait ouvrir ce printemps un nouveau chantier d’insertion textile pour 9 salariés, en partenariat avec les déchèteries de Clermont-Métropole. L’ouverture a été différée, sans doute après le 18 mai.
« Notre activité devra s’adapter à toutes ces nouvelles contraintes », conclut le vice-président des Mains Ouvertes, un peu inquiet tout de même de savoir si les clients reviendront rapidement et si les ventes redémarreront comme avant…