Depuis le début du confinement, les pédiatres du Puy-de-Dôme voient leurs cabinets désertés par leurs jeunes patients. Le problème se pose particulièrement pour les nouveau-nés qui manquent la première consultation entre le 6e et le 10e jour après la sortie de la maternité.
Plus de 560 bébés ont vu le jour depuis le début du confinement dans le département du Puy-de-Dôme. Mais ils ne sont pas autant à être passés entre les mains d’un médecin depuis leur sortie de la maternité. Par crainte du coronavirus, beaucoup de parents hésitent à consulter. Un phénomène qui semble plus marqué en ville qu'à la campagne.
A Riom par exemple, l’un des deux cabinets de pédiatres accueille d’ordinaire les nouveau-nés pour leur première consultation sur une dizaine de plages horaires hebdomadaires. Or la semaine dernière, seulement 3 bébés se sont présentés pour cette visite. Même constat à Chamalières, pour une douzaine de consultations nouveau-nés en temps normal, seulement 4 la semaine dernière. « On voit toujours des bébés mais moins que d’habitude. Il y a une vraie baisse de fréquentation concernant la visite entre le 6e et le 10e jour » s’inquiète Anne Piollet, secrétaire générale du syndicat des pédiatres français dans le Puy-de-Dôme.
La Protection maternelle et infantile partage (PMI) cette inquiétude. « On a très peu de première venue ! On voit les bébés qu’on connaît déjà mais quasiment pas de nouveaux bébés ! » constate le Dr Sylvie Durieux, médecin responsable de la PMI du Puy-de-Dôme. « Les mamans sont très anxieuses. Elles disent carrément « on a peur, on ne sort pas » ! Il y en a même qui annoncent qu’elles ferment les volets parce qu’elles ont entendu dire que le virus est dans l’air. »
Pourtant le suivi des bébés au cours de leur premier mois de vie passe normalement par une visite chez le médecin autour du 8e jour après la naissance. « Compte-tenu du raccourcissement de la durée des séjours en maternité, il est recommandé qu’un nouvel examen soit réalisé entre le 6e et le 10e jour postanatal, de préférence par un pédiatre ou par un médecin ayant l’expérience des pathologies du nouveau-né » préconise la Haute Autorité de Santé.
Une première visite essentielle pour la santé des bébés
Le suivi médical des nouveau-nés est important pour ne pas passer à côté de signes qui ne seraient pas encore apparus durant le séjour à la maternité. « Pendant cette visite, on parle de l’allaitement maternel, on vérifie le poids du bébé, que les parents vont bien surtout en cette période de confinement ; on vérifie qu’il n’y a pas une petite dépression du post-partum. Et puis on vérifie un ictère (une jaunisse), un souffle cardiaque qui pourrait apparaître après la sortie de la maternité ou une cardiopathie qui pourrait décompenser et qui n’aurait pas été vue au tout début à cause d’une sortie précoce. Il faut aussi ré-ausculter les bébés pour vérifier qu’il n’y a pas d’infection du nouveau-né qui peut apparaître à distance de l’accouchement » détaille le Dr Anne Piollet.Cette visite a donc son importance ! D’un point de vue médical et bien plus explique le Dr Durieux responsable de la PMI du Puy-de-Dôme. « On aime bien lors de cette visite voir si le lien et l’interaction de l’enfant avec sa maman s’est fait. Là on ne sait pas. On a très peur des situations qu’on va découvrir à la sortie du confinement sur le plan psycho-social et sanitaire. »
Même si une sage-femme passe à domicile après la sortie de la maternité, cela ne remplace pas une consultation auprès d’un pédiatre ou d’un médecin généraliste.
Toutes les précautions sont prises pour accueillir les bébés
Pour vous permettre d’emmener votre bébé en toute sécurité dans leurs cabinets, les médecins se sont organisés. « Ils ont moins de chance d’attraper le Covid chez le pédiatre qu’au supermarché ! » s’exclame le Dr Piollet. Les consultations de nouveau-nés se déroulent en général le matin et celles des enfants malades l’après-midi. Entre chaque consultation, les poignées de porte, le lecteur de carte bleu, les chaises, la table d’examen, les instruments… tout est désinfecté à chaque fois. « On évite les chassés-croisés entre les parents et on leur propose de rester dans leur voiture, de ne pas venir dans la salle d’attente. On les appelle pour entrer directement dans la salle de consultation » précise le Dr Piollet.A l’inverse, pour protéger le personnel soignant et les secrétaires médicales, les parents sont invités à signaler toute fièvre dans la famille.
Respectez le calendrier vaccinal
Dès deux mois, les bébés reçoivent leurs premiers vaccins. Aucune raison que cela change pendant cette période d’épidémie de coronavirus. « C’est important ! Même pendant le confinement, les parents peuvent être porteurs de bactéries et les bébés peuvent développer une pathologie s’ils ne sont pas vaccinés » martèle, le Dr Anne Piollet.La PMI du Puy-de-Dôme continue d’assurer les consultations de vaccinations pour suivre le calendrier vaccinal de chaque enfant. « On n’est pas à l’abri de la résurgence de maladies comme la méningite ou la coqueluche pour les plus petits » explique le Dr Durieux.