Saisie de 118 bouteilles de protoxyde d'azote : "c'est devenu une vraie addiction" alerte un neurologue

Il y a un mois, les policiers de Pontarlier ont saisi 118 bouteilles de protoxyde d'azote. Ce fléau est un véritable enjeu de santé publique contre lequel il faut lutter, d'après les professionnels. Quels sont les risques pour la santé des consommateurs ? On fait le point.

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Le 10 octobre dernier, les policiers de Pontarlier ont saisi 118 bouteilles de protoxyde d’azote, plus communément appelé gaz hilarant ou proto. Contactés pour un tapage nocturne aux alentours de 3 heures du matin, les agents constatent deux véhicules qui viennent tout juste de se garer. Dans l’une des deux voitures, des cartons contenants les 118 bouteilles de ce fameux gaz, mais aussi 120 ballons et trois crackers.

Un enjeu de santé publique

Le protoxyde d’azote est un véritable fléau, aussi bien pour l’environnement que pour la santé, mais aussi pour les nuisances que la consommation entraîne. Initialement utilisé pour faire de la chantilly et autres préparations culinaires, l’usage du protoxyde d’azote est détourné. Consommé par une population plutôt jeune, chez les collégiens, lycéens et étudiants, ce gaz hilarant est devenu un véritable enjeu de santé publique. De plus, il est très accessible et totalement légal.  

Incolore, avec une odeur et une saveur légèrement sucrée, vous avez peut-être déjà pris du protoxyde d’azote dans le cadre médical ou culinaire. En effet, mélangé à de l’oxygène, il est utilisé pour son action anesthésiante. Vincent Schneider, neurologue au CHU de Dijon, confie que cette tendance a pris de l’ampleur depuis le confinement. Les usages, autrefois récréatifs et occasionnels, sont en hausse avec un changement du type de consommation.

"Cela s’apparente, comme l’alcool et le cannabis, à une vraie addiction. On a constaté une hausse des cas de toxicité au protoxyde d’azote. Si avant c’était rare, maintenant, ça ne l’est plus", confie-t-il. Un constat qu’il a fait dans sa pratique quotidienne, après une hausse des patients qui le consultent à la suite d’une prise de gaz hilarant.

Des conséquences pour la santé 

Peut-être avez-vous déjà vu des bonbonnes ou des capsules au sol dans la rue ? Des jeunes avec des ballons de baudruches dans la bouche ? Ce sont des jeunes consommateurs. Le principe est simple, ils gonflent les ballons avec le gaz, et l’inhalent ensuite à travers le ballon. Mais alors, pourquoi les jeunes se tournent-ils vers ce gaz ? Il provoque une sensation d’ébriété, avec un effet euphorisant et hilarant qui disparait aussi vite qu’il n’apparaît. Les consommateurs décrivent souvent l’impression de planer.

Mais si le protoxyde d’azote est un véritable enjeu de santé publique, c’est que sa consommation n’est pas sans conséquences. Vincent Schneider explique pourquoi : "Le protoxyde d’azote perturbe le fonctionnement de la vitamine B12. Une vitamine indispensable au bon fonctionnement des nerfs et de la moelle épinière", entraînant ainsi des troubles neurologiques qui, en général, se voient rarement chez les jeunes patients.

La prévention en ligne de mire

La consommation quotidienne ou quasi quotidienne de ce gaz pendant plusieurs mois ou de façon plus ponctuelle mais très intense peut entraîner une intoxication. Sur son site, drogues-info-service détaille les signes d’alerte. Les principaux symptômes qui doivent alerter sont des fourmillements dans les membres (notamment les jambes), une perte des sensations, une faiblesse musculaire et des difficultés à marcher. Ces atteintes peuvent être réversibles, mais certaines personnes peuvent garder des séquelles.

Pour Vincent Schneider, le meilleur moyen de maîtriser le fléau est la sensibilisation et la prévention. "Le seul traitement contre les symptômes, c’est l’arrêt de la consommation. Mais pour éviter la consommation, il est important de prévenir les risques", insiste-t-il. Si la loi du 1er juin 2021 prévoyant d’interdire la vente de protoxyde d’azote aux mineurs a été voté pour lutter contre le problème et que certaines villes, comme Belfort, interdisent la consommation sur l’espace public, le problème ne semble pas décliner.

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