Dans un village du Puy-de-Dôme, ils mettent en vente une classe de l'école sur Leboncoin

Dans le Puy-de-Dôme, les habitants d’un petit village de 400 âmes ont partagé une annonce pour le moins inhabituelle sur Leboncoin. Ils ont mis la salle de classe de l'école en vente, pour protester contre la fermeture attendue de cette classe.

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« Salle de classe très lumineuse, exposition plein sud […] mais l'an prochain, elle sera fermée », peut-on lire sur le site de vente entre particuliers Leboncoin. Une salle de classe de Condat-en-Combrailles, un petit village du Puy-de-Dôme, y est vendue à 100 000 euros. Cette annonce symbolique est un appel à l’aide : l’inspection d’académie a annoncé, le 2 février, la décision de fermer la classe. Pour les parents, c’est le coup de massue, dans un regroupement pédagogique qui ne compte que 3 classes : « Immédiatement, ça a provoqué une levée de bouclier de l’ensemble de la population. Au-delà de la fermeture de la classe, on a l’impression que c’est l’étincelle qui précède le feu de forêt. L’école, c’est le cœur du village, beaucoup de choses gravitent autour », raconte Guillaume Legoy, adjoint au maire et parent d’élève.

Si d’emblée on annonce qu’on a une école qui périclite, j’ai du mal à croire que les gens vont mettre leur enfant par solidarité.

Guillaume Legoy

Cet agriculteur bio craint que cette classe en moins ne décourage les familles à s’installer dans la commune : « On voit beaucoup de personnes, surtout depuis la crise sanitaire, qui arrivent, qui posent des questions, qui cherchent des biens immobiliers pour s’installer. La première question qu’ils posent, ce n’est pas les taxes, ce n’est pas de savoir s’il y a une piscine, c’est l’école. Ils demandent combien de classes il y a et si l’école est pérenne ou si elle risque de fermer. C’est inévitablement la première question. Si d’emblée on annonce qu’on a une école qui périclite, j’ai du mal à croire que les gens vont mettre leur enfant par solidarité. » Pour lui, c’est toute l’économie locale et territoriale qui est en jeu. Ce papa de deux enfants refuse de voir son école fermer pour des raisons économiques : « On a vraiment l’impression que l’académie pense régler un problème qui nous paraît d’ordre financier. On comprend qu’il y a besoin de postes supplémentaires dans d’autres zones, ce qu’on ne comprend pas c’est la pertinence de déshabiller la zone rurale pour habiller les zones périurbaines. En réglant un problème, ils en créent une multitude d’autres. L’effet boule de neige démographique, la mise au chômage de personnels communaux, la suppression de la possibilité de proposer une garderie aux parents… », dénonce Guillaume Legoy.

Une classe plus chargée

Les élèves en toute petite section ne pourront plus être accueillis en demi-journée comme c’était le cas auparavant, pour faciliter leur rentrée l’année suivante. La classe restante, l’an prochain, comptera 24 élèves selon les parents et 19 selon l’inspection d’académie, avec des élèves du CE1 au CM2. Guillaume Legoy craint donc qu’avec cette fermeture, les enseignants ne fuient la commune : « On est conscients qu’une classe de 24 sur 4 niveaux, en zone rurale, ça ne fait pas rêver. Souvent, sont mis sur ces postes-là de jeunes diplômés avec peu d’expérience, qui arrivent et qui se dégoutent un peu du métier. Autant ça peut être une belle aventure, autant ça peut être très compliqué. Rajoutez à cela les tenants de l’école inclusive : on a des élèves en difficulté, en situation de handicap, qui sont inclus dans le protocole éducatif. Aujourd’hui ça fonctionne très bien parce qu’on a des classes à 13 élèves sur 2 niveaux, avec une enseignante, et on arrive à faire de bonnes choses ».

"C’est au détriment de l’avenir de nos enfants"

Selon lui, pour les 3 enseignantes présentes sur le regroupement pédagogique, gérer ces élèves avec une classe en moins est « mission impossible ». « C’est au détriment de l’avenir de nos enfants. On a du mal à l’accepter. On est peut-être loin de tout mais on est encore une zone dynamique, on est encore vivants. Une fois qu’on aura cassé tout ça, il faudra faire des commissions sénatoriales, des études par des cabinets privés pour redynamiser les zones rurales », s’indigne Guillaume Legoy. Une centaine de personnes ont participé à une réunion de crise dès le 3 février. Ils partagent leur histoire par une campagne d’affichage en bordure de route, la création d’une page Facebook dédiée…

Les militants ne comptent pas s’arrêter là. Le dimanche 6 février, ils prévoient l’occupation symbolique de la salle de classe. De son côté, l’inspection d’académie indique : « Il y avait 13 élèves par classe, il y en aura 19, ce qui reste tout à fait acceptable avec une répartition des élèves sur différents niveaux qui ne pose pas de problème ». La décision sera actée au plus tard le 10 février.

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