Manque d’effectifs, manque de moyens, les maisons de retraite sont à bout de souffle. Exemple à l’EHPAD d’Effiat, dans le Puy-de-Dôme. Ici pour faire face au quotidien, le personnel est, par exemple, obligé de faire l’impasse sur certains soins.
Une journée ordinaire à l’EHPAD ( Etablissement pour personnes âgées dépendantes) d’Effiat, dans le Puy-de-Dôme. Ici, chaque aide-soignante a une dizaine de résidents à sa charge. Pour elles, c’est un peu la course contre la montre. Un temps compté où il faut faire des choix, comme, par exemple, l’impasse sur certains soins.
« On a 52 résidents. A six, le matin, on ne peut pas faire 52 douches, ce n’est pas possible. Ils ont tous besoin de nous pour une aide à la toilette. Une aide à la toilette c’est en moyenne entre 10 minutes et un quart d’heure. Ce qui n’est pas suffisant, car on devrait pouvoir plus parler avec eux et on ne le fait pas » explique Annie Chatard, aide-soignante.
De quoi sera fait le lendemain ?
Triste réalité : l'humain passe après… lorsque le temps le permet. Et du temps, justement, le personnel n'en a pas assez. Cinq contrats aidés en moins non remplacés cette année. Conséquence : les salariés se disent sous pression.
« On doit revenir sur les repos, décaler les vacances parce que ça ne passe pas. Il faut en faire plus ! », déplore Céline Chatard, également aide-soignante. «On pose des congés et on nous les enlève parce qu’il faut revenir travailler, les arrêts maladie ne sont pas remplacés… ».
Ici le malaise est palpable : des salariés en souffrance et une direction qui ne peut plus recruter. Les aides de l'Etat ont baissé et celles du département sont gelées. Résultat : - 48 000 € de déficit cette année. Au point que Pierre-Jacques Garçin, le directeur, s’interroge sur l’avenir : « De quoi sera fait le lendemain ? Arriverons-nous à joindre les deux bouts ?».
De leur côté, ici comme ailleurs, les familles des résidents sont à la fois inquiètes et impuissantes, alors que parallèlement, les tarifs des établissements connaissent une hausse importante.
« En 2009, on était sur 1400 euros par mois. Aujourd’hui, on est à 1780 euros » indique Pascale Marquet, fille d'une résidente d'un EHPAD de l'Allier.
« Elle n’ose plus rien demander. Elle a renoncé. Elle est souvent allongée. Elle participe peu aux animations qu’on peut lui proposer. Elle a baissé les bras. Elle m’a dit une fois qu’elle pensait que c’était autre chose une maison de retraite ».
Mardi 30 janvier, Pascale sera dans la rue aux côtés du personnel des maisons de retraite avec l'espoir de faire changer les choses...