"Le risque d'un retour vers le tabac" : pourquoi une taxe sur le vapotage est une fausse bonne idée selon les professionnels

Dans le cadre du vote du budget 2025, un amendement propose de taxer les produits de vapotage. Des addictologues s'élèvent pour contester cette proposition : selon Nicolas Franchitto, chef du service d'addictologie du CHU de Toulouse (Haute-Garonne), des consommateurs pourraient se retourner vers le tabagisme, et des vapoteurs pourraient eux-mêmes créer leurs mélanges pour leur cigarette électronique, ce qui est dangereux.

C'est une taxe qui fait doucement grincer des dents. D'abord, chez les vendeurs de cigarettes électroniques, inquiets pour leur activité. Mais aussi chez les professionnels de santé, pour d'autres raisons. Dans le cadre du vote du budget, un amendement propose de créer "une fiscalité dédiée aux produits de vapotage". Son instauration pourrait faire bondir le prix des produits de près de 40%. 

La cigarette électronique, une transition pour arrêter de fumer

Sur le papier, elle dissuaderait les vapoteurs. Mais la réalité est différente. "Cela majore encore les taxes sur un produit plébiscité par le fumeur" introduit Nicolas Franchitto, chef du service d'addictologie du CHU de Toulouse (Haute-Garonne). 

Car la cigarette électronique est bien un produit de transition pour le fumeur qui souhaite se détourner du tabac. Même s'il n'est évidemment pas prescrit par les médecins, il aide. "Si un patient utilise le vapotage, on les encourage sur le vapotage" poursuit Nicolas Franchitto.

"Le risque est que les gens reviennent au tabac. Pourtant, la cigarette électronique a fait ses preuves même si l'on n'a pas le recul nécessaire pour dire si c'est un produit optimal."

Nicolas Franchitto, chef du service addictologie au CHU de Purpan

à France 3 Occitanie

L'autre risque ciblé par l'addictologue est celui qu'il nomme le "do-it-yourself", c'est-à-dire les mélanges des différents produits réalisés par le vapoteur lui-même. Une technique moins chère à l'achat des différents produits, mais dangereuse. "Il y a un risque de surdosage dans les préparations, et de complexifier l'utilisation et l'entrée dans un sevrage" indique l'addictologue.

Selon lui, les enfants des parents adeptes de ces mélanges peuvent aussi être intoxiqués. "Les cartouches toutes faites, c'est plus safe. Mais le do-it-yourself avec des produits plus concentrés en nicotine, il y a des risques de dérives." Cette stratégie de consommation est moins contrôlée et obligera les services d'addictovigilance à "majorer leurs surveillances".

Diminuer la consommation de tabac, unique priorité

Nicolas Franchitto rappelle que la priorité est toujours de diminuer la consommation de tabac, qui reste "la première cause de mortalité évitable". Les récentes augmentations du prix du paquet de cigarettes "satisfont" les addictologues car "elles diminuent l'accès du tabac aux plus démunis et aux plus jeunes".

Pour poursuivre l'effort, la cigarette électronique "fait partie" d'un arsenal thérapeutique, qui doit s'accompagner d'une "augmentation des structures et des personnels formés" estime-t-il. En France, 3,5 millions de personnes vapotent quotidiennement.