Cela fera bientôt un mois que des gilets jaunes occupent sans relâche le rond-point de Saint-Beauzire, dans le Puy-de-Dôme, à côté du péage de Gerzat. La communauté est soudée, organisée, et ne compte pas abandonner le foyer qu'elle a créé.
Il est 19h. Une nouvelle réunion se termine au village gaulois de Saint-Beauzire, dans le Puy-de-Dôme. Régulièrement, les gilets jaunes présents se retrouvent pour discuter du mouvement, des actions à mener, des revendications à porter… C'est aussi simplement l'occasion d'être ensemble.
Voilà quatre semaines que le camp s'est monté sur ce rond-point aux portes de l'A89. De jour comme de nuit, des gilets jaunes vont et viennent et assurent une présence permanente. Il a fallu organiser la logistique. Un groupe électrogène pour l'électricité. Des palettes et des bâches pour l'abri. Du gaz, et des cordons bleus pour nourrir les troupes tous les jours.
22h. Une quinzaine de gilets jaunes sont encore là. Pourtant, l'hiver commence à se faire sentir… il fait à peine 2 degrés. Pas question pour autant de délaisser le camp pour ces gilets jaunes.
Solidarité. Le mot revient dans toutes les bouches sur ces places fortes de la contestation populaire. Comme une remise à plat de la société, les idées se confrontent, les mondes se croisent, les hommes et les femmes se rencontrent… tous réunis par l'envie commune de changement. Derrière ce même gilet jaune se cachent des profils différents. Des employés, des chefs d'entreprises, des chômeurs, des retraités. Et le gouvernement peine à répondre à toutes leurs attentes.
Ces abris de fortunes cachent la détresse de milliers de Français. Sur ces rond-points, certains apaisent leur solitude, leur colère et leurs inquiétudes grâce au sentiment de faire partie de quelque chose que seule l'histoire pourra qualifier. En attendant, une poignée d'entre eux dormira sur ces camps pour les surveiller durant la nuit. Et certains rêveront probablement à la magie de Noël pour mettre un terme à tout ça.