Le projet d'exploitation d'une source d'eau par Leclerc retoqué dans le Puy-de-Dôme

Installée depuis 2005 à Laqueuille, la société d'embouteillage Aquamark, filiale de Lerclerc, espérait se développer dans le Puy-de-Dôme en exploitant une source sur la commune de Murat-le-Quaire. Le conseil municipal vient d'émettre un avis négatif, rendant ainsi le dossier caduc.

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La société Aquamark projetait de mettre en bouteille l'eau prélevée à Murat-le-Quaire pour la vendre dans les rayons des supermarchés Leclerc. Le projet, qui fait l'objet d'une enquête publique lancée fin mars, vient d'être retoqué par le conseil municipal. "Nous avons émis un avis négatif (9 contre, 2 abstentions), ce samedi 4 mai, en prenant en compte tous les échanges que nous avons eus avec les habitants. Les Muratois nous ont élu, on se devait de suivre leur volonté", indique le maire, Jean-François Cassier.

Inquiétude des habitants

La filiale du groupe Leclerc est déjà présente dans le Puy-de-Dôme depuis 2005. Elle exploite deux forages sur la commune de Laqueuille, à moins de 8 km de là, qui lui permettent d'embouteiller près de 350 millions de litres d'eau chaque année. Mais le marché de l'eau plate est "en constante évolution" assure le leader français qui affiche "une progression de 5 à 6% en moyenne". Pour poursuivre son développement, Aquamark visait donc un captage d'eau dans le bois de Paillère à Murat-le-Quaire, permettant d'embouteiller jusqu'à 175 millions de litres.

Les habitants s'inquiètent du manque d'eau, dans un contexte où les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents. Ils se questionnent aussi sur le transport routier qu'une exploitation comme celle-ci peut induire. C'est compréhensible.

Jean-François Cassier

Maire de Murat-le-Quaire

Réunion publique ce mardi 7 mai

La réunion publique, prévue ce mardi 7 mai à 18 h 30 à la salle des fêtes de Murat-le-Quaire, est maintenue. Aquamark et des élus locaux devraient être présents pour échanger avec les habitants. Car si l'avis du conseil municipal est déterminant, il n'est mais pas définitif. Le dernier mot revient à la préfecture du Puy-de-Dôme qui délivrera une décision d'autorisation ou de refus à l'issue de l'enquête publique dont la date de fin a été repoussée au 15 mai. "Cela serait surprenant qu'elle s'oppose à la décision du conseil municipal et décide de valider le projet... Pour nous, c'est un dénouement heureux et une page qui se tourne", estime Jean-François Cassier. 

Le commissaire-enquêteur va donc continuer de recueillir les préoccupations des habitants. Il sera en mairie de Murat-le-Quaire le 15 mai de 14 heures à 17 h 30. En ligne, plus de 300 contributions ont déjà été apportées. La plupart évoquent les possibles conséquences environnementales d'un tel projet. D'autres déplorent que l'eau, "bien de tous", soit entre les mains d'industriels. "À l’heure des énièmes et éternels grands discours sur l’empreinte carbone, gardons à l’esprit qu’il faut privilégier les circuits courts ! Ce projet n’a aucun sens ! Et ne doit pas aboutir, ce serait dramatique pour la région !", peut-on lire sur le site, accessible à tous.

Enquête publique jusqu'au 15 mai

L'enquête publique est aussi l'occasion d'émettre des préconisations. Ainsi, un contributeur écrit : "J'espère que le transport des eaux sera effectué par le rail. Il y a une ligne de ferroviaire déjà. Il est urgent de revoir en France le transport des marchandises. Le transport routier nous empoisonne et pollue énormément."

Ancien directeur d'une usine d'embouteillage dans le Sancy aujourd'hui reconverti en meneur de chiens de traîneau, Jean-François Cassier a subi un déferlement de commentaires haineux en ligne à l'annonce du projet. "Il y a toujours des mauvaises langues sur les réseaux sociaux... Mais mon expérience m'a permis de mieux comprendre ce que voulait faire Aquamark ici, d'être plus vigilant sur certains points et de pouvoir mieux répondre aux interrogations des habitants", insiste-t-il. 

Le projet de prélèvement d'eau à Murat-le-Quaire était notamment défendu par le sénateur (LR) du Puy-de-Dôme, Jean-Marc Boyer. "On est dans un monde où tout projet subit la menace et la pression. On en arrive à des extrêmes où les gens n'ont pas peur de faire des attentats anonymes", réagit-il, en faisant référence à l'incendie volontaire qui a visé le site de la Société des Eaux de Volvic la semaine dernière. L'élu a porté l'installation d'Aquamark à Laqueuille, lorsqu'il était maire de la commune. "On avait commencé à y réfléchir en 1995. Cela fait 20 ans que l'on embouteille de l'eau à Laqueuille sans que l'on n'ait asséché la montagne", rétorque-t-il. 

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