Meurtre du petit Lilian dans le Puy-de-Dôme : 30 ans de prison pour le beau-père, 2 ans pour la mère

Dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 octobre, la cour d’assises du Puy-de-Dôme a rendu son verdict. Elle a condamné à 30 ans de prison le beau-père de Lilian, 4 ans, mort en 2017. Sa  mère a écopé d’une peine de 2 ans ferme pour "non-assistance à personne en danger".
 

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Le beau-père de Lilian, 4 ans, décédé en 2017 d'un traumatisme crânien dans le Puy-de-Dôme, a été condamné à 30 ans de prison pour le meurtre du garçonnet et sa mère à 2 ans de prison ferme pour "non-assistance à personne en danger". Dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 octobre, le jury de la cour d'assises du Puy-de-Dôme a suivi les réquisitions de l'avocate générale qui avait réclamé trente ans de réclusion pour "meurtre sur mineur de 15 ans" à l'encontre de Steven Gomes Rodrigues. L'intention de tuer a donc été retenue contre l'homme âgé de 26 ans, qui avait admis frapper régulièrement l'enfant et sa compagne. La mère de Lilian, Laetitia Redon, a été condamnée à quatre ans de prison dont deux ans de sursis probatoire avec une mesure d'examen médical et de soins, ainsi que l'obligation de travailler ou de suivre un enseignement professionnel. La cour n'a pas délivré de mandat de dépôt à son encontre, comme l'avait souhaité le parquet. "C'est un verdict juste et à la hauteur de la gravité des faits reprochés à M.Gomes. Le verdict est juste également pour Laetitia Redon sachant que sa peine est proche du maximum" encouru de cinq ans, a déclaré à l'AFP Jean-François Canis, l'avocat du père de l'enfant.

Pas de réaction à l'énoncé du verdict

Les deux accusés n'ont pas réagi à l'énoncé du verdict. La mère de l'enfant est restée impassible, comme elle l'a été tout au long du procès, sanglotant parfois à l'évocation des violences qu'elle subissait de la part de son compagnon. "Monsieur (Steven) Gomes Rodrigues, vous êtes un meurtrier", avait lancé un peu plus tôt à l'accusé l'avocate générale Françoise Chadefaux, décrivant "un homme dangereux qui n'a pas de limites". Quant à la mère de Lilian, "elle le laissait partir avec son bourreau et l'attendait à la sortie de la pièce pour mettre de l'arnica", "elle entendait, elle savait, elle accepte (...). Il fait, elle se tait", avait-elle affirmé dans son réquisitoire.
           

Malade

Les témoignages qui se sont succédé à la barre ont dépeint Steven Gomes Rodrigues, déjà condamné pour violences conjugales, comme "violent", grand consommateur de cannabis et "addict aux jeux vidéos". "Il est malade, il aimait frapper, j'avais dit qu'un jour il finirait par tuer quelqu'un", a témoigné Mélanie Dutheil, une ancienne compagne, victime de ses coups. L'homme avait reconnu à l'ouverture de son procès des coups habituels sur l'enfant et sa mère, mais il a maintenu sa version d'une chute dans l'escalier pour expliquer le traumatisme crânien à l'origine de la mort de Lilian à leur domicile de Lempdes (Puy-de-Dôme). Sa compagne s'était absentée pour un rendez-vous médical, lui confiant la garde de ses trois enfants. Dent cassée, cheveux arrachés, nombreuses ecchymoses: l'autopsie avait révélé une multitude de lésions sur le corps de l'enfant, certaines anciennes, comme l'a confirmé un expert à la barre.
         

C'était un secret pour personne qu'il frappait Lilian

Malgré trois jours de débats, la Cour n'est pas parvenue à faire totalement la lumière sur la mort du garçonnet : "la vérité dans ce dossier vous ne l'aurez pas des accusés, il faudra reconstituer un puzzle avec les morceaux pertinents", a lancé aux jurés une avocate des parties civiles, évoquant une "responsabilité collective dans cette tragédie". "C'était un secret pour personne qu'il frappait Lilian", avait témoigné Mélanie Dutheil. Pourtant ni les médecins, ni les assistantes sociales qui suivaient régulièrement la famille, ni l'infirmière de la PMI (protection maternelle et infantile), ni l'institutrice n'avaient décelé la moindre maltraitance. Un médecin qui l'avait ausculté à peine un mois avant sa mort avait constaté une simple morsure, que sa mère avait attribuée à son petit frère. Seul son père biologique n'a cessé de dénoncer des violences à partir d'août 2015, après avoir remarqué des traces sur sa joue. Il avait alors porté plainte et soustrait l'enfant, obtenant même sa garde avant qu'une nouvelle décision ne le contraigne de le rendre à sa mère, trois mois avant les faits. Son avocate Anne-Laure Lebert a pointé "un océan de silence judiciaire": "son père a été le seul à dénoncer le calvaire de Lilian et à lui avoir offert une parenthèse d'amour, un peu de paix", mais "il criait dans le désert", a-t-elle affirmé.
           
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