Après la mort de Michel Charasse à l’âge de 78 ans le jeudi 20 février, à la suite d’un long combat contre la maladie, plusieurs hommes et femmes politiques auvergnats ont tenu à exprimer leur tristesse. Ils rendent hommage à son franc-parler et son amour de la République.
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L’annonce de la mort de Michel Charasse à l’âge de 78 ans, jeudi 20 février, des suites d’une longue maladie. Le décès de cet ancien sénateur du Puy-de-Dôme a provoqué beaucoup de réactions dans la sphère politique auvergnate.
Laurent Wauquiez : "Il était avant tout un auvergnat authentique"
Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes a tweeté :
"Michel Charasse était un homme politique singulier et truculent. Je retiendrai de lui qu’il était avant tout un auvergnat authentique. Nous perdons aujourd’hui une figure de la République et de notre Région".
René Souchon : "C’était un esprit brillant, avec un grand cœur"
Son ami de longue date René Souchon, ancien ministre de l'Agriculture et de la Forêt, a appris son décès avec beaucoup d'émotion et une grande tristesse :
« Je l’ai bien connu à l’Elysée, mais aussi dans un cadre plus privé avec les chasses présidentielles à Chambord par exemple. En novembre 1980, lorsque j’ai été élu député, il faisait partie du gouvernement socialiste avec Gaston Deferre. Il a préparé pour moi ma première question d’actualité au gouvernement et je suis rentré dans l’hémicycle entre François Mitterand et Gaston Deferre, Michel Charasse juste derrière nous. J’étais très ému en lisant ce qu’il avait préparé pour moi. C’était quelqu’un de très dévoué et sa mort me touche profondément. C’était un esprit brillant, avec un grand cœur, malgré son fort caractère. »Jean-Yves Gouttebel : "Le Parti Socialiste l'a remercié de façon indigne"
Jean-Yves Gouttebel, président PRG du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, explique :
« La République est en deuil. C’était d’abord un républicain, un homme de gauche même si le Parti Socialiste l’a remercié de façon indigne. C’était un républicain qui a fait preuve de beaucoup d’autorité, une autorité assez naturelle. Il a été quelqu’un de respecté et d’admiré pour son sens de la chose publique. Il avait le sens de l’engagement et de l’autorité. C’était un Clémenceau du XXIe siècle, pour son attachement à la République, son franc-parler, et son sens de l’Etat contesté par personne. J’ai assisté à sa remise des insignes d’officier de la Légion d’honneur le 27 janvier dernier à l’Elysée. Il savait qu’il était très malade. C’était important pour lui, que cette cérémonie se fasse à l’Elysée, où il avait travaillé et que ce soit le président de la République qui lui remette ces insignes, un président avec lequel il entretenait des liens très forts. J’ai le sentiment qu’une fois cette étape passée, il avait fait ce qu’il voulait et n’avait plus de but ».Brice Hortefeux : "Un homme de contrastes"
Brice Hortefeux, député européen LR et ancien ministre, déclare : « Je garderais surtout l’image d’un Michel Charasse homme de contrastes. Le contraste entre parfois la verdeur de ses mots et simultanément une très grande culture. Le contraste entre certains jugements à l’emporte-pièce et en même temps la finesse de son intelligence. Le contraste entre la loyauté totale et absolue à l’égard de François Mitterrand et en même temps l’absence de tout sectarisme. Le contraste entre son attachement pour les territoires, pour la province, pour la ruralité et en même temps l’immense respect pour l’Etat ».
Louis Giscard d’Estaing : "Il y avait entre nous une solidarité"
Malgré les divergences politiques, c’est avec tristesse que Louis Giscard d’Estaing, maire (UDI) de Chamalières, a reçu la nouvelle :
« J’apprends avec émotion et tristesse la mort de Michel Charasse. Lorsqu’il était président de l’association des maires du Puy-de-Dôme, j‘étais son vice-président. J’ai également une pensée émue pour l’époque où nous étions parlementaires dans le département en même temps, de 2002 à 2010. Il y avait entre nous une solidarité sur la question ferroviaire, un partage d’une vision de la République et de notre territoire. » Leur attachement au département du Puy-de-Dôme n’était pas, selon lui, leur seul point de convergence :
« Il était né à Chamalières, il y avait toujours dans nos rencontres des clins d’œil à cette ville que j’administre et où il était né. J’ai souvenir de nombreuses occasions où il faisait preuve de son esprit et de ses traits d’humour, mais aussi de son franc-parler. Il avait un côté très attachant. »Michèle André : "Malgré nos divergences, je suis triste"
Le décès de l’ancien ministre des Finances a également beaucoup touché Michèle André, ancienne Secrétaire d'Etat chargée des droits des femmes :
« Je ressens beaucoup de tristesse car il a lutté longtemps contre la maladie avec courage. Nous avons fait campagne ensemble pour les sénatoriales en 2001, il m’avait demandé d’être sur sa liste. Il m’a donné énormément de bons conseils. Il avait son franc-parler, il y avait parfois des heurts entre nous, comme lors des meetings ou des affrontements de congrès. Je soutenais Michel Rocard, lui, François Mitterrand. » S’il y avait entre eux un compagnonnage et des convergences d’idées, Michèle André se souvient également de moments plus houleux :
« Il y a eu des moments difficiles, quand il parlait mal des femmes on avait beaucoup de conflits, mais il était fidèle à la République et avait une capacité de travail que j’admirais. Parfois, lors de notre campagne commune, il s’emportait et disait : « C’est Michelle André qui va vous répondre, sinon, moi, je vais dire des conneries ! »
Malgré nos divergences, au bout du bout, je suis triste. »Bernard Vignaud :"C’était un homme courageux, un homme hors pair"
Michel Charasse a été maire de la commune de Puy-Guillame pendant 34 ans. L'actuel maire, Bernard Vignaud (DVG), élu depuis 2014, indique :
« Je suis très touché par cette nouvelle, même si je l’attendais et l’appréhendais. C’était un ami. Nous avons été séparés pendant une période mais je garde de lui une très bonne image. C’était un homme courageux, un homme hors pair, un ami qui savait faire confiance, cela je ne l’oublierai jamais. Il a été maire de Puy-Guillaume pendant 34 ans. Il a beaucoup œuvré pour la commune. Il l’a transformée. Il a apporté des structures, en termes d’assainissement, de logement ».André Chassaigne : "Je salue sa loyauté à mon égard"
André Chassaigne, député PCF du Puy-de-Dôme et président du groupe GDR à l’Assemblé nationale, indique dans un communiqué :
« Avec le décès de Michel Charasse, la République perd aujourd’hui une de ses plus fortes personnalités. Dans l’exercice de ses mandats locaux et comme sénateur, en responsabilité ministérielle ou conseiller du président Mitterrand, puis en siégeant au Conseil constitutionnel, ses engagements ont été marqués par sa grande expérience et son caractère hors du commun. Fin connaisseur de nos institutions et des réalités de notre vie politique, il était tout à la fois respecté, régulièrement sollicité, mais aussi craint pour ses appréciations sans concessions qu’il accompagnait de traits d’esprits redoutables. Député de son lieu de résidence et ne partageant pas toujours ses analyses, je salue sa loyauté à mon égard et sa réactivité à apporter des réponses à mes questionnements de parlementaire ». Il a ajouté :
" Lorsqu'il était collaborateur parlementaire, il tombait un travail de Stakonoviste. Il travaillait pour 3 députés en même temps. Sa capacité de travail était légendaire pour tous ceux qui le connaissaient."Olivier Bianchi : "L'Auvergne perd un de ses enfants les plus fidèles à ses racines"
Olivier Bianchi, maire socialiste de Clermont-Ferrand, a exprimé sa tristesse dans un communiqué :
"C’est avec une profonde émotion que j’apprends ce matin le décès de Michel Charasse. La France perd un grand serviteur de l’Etat, l’Auvergne perd un de ses enfants les plus fidèles à ses racines et la République un de ses défenseurs les plus intraitables et les plus acharnés. Travailleur forcené – il commença sa carrière professionnelle au service de 5 députés en même temps ! – il n’eut de cesse d’œuvrer pour le pays au cœur des institutions jusqu’au Conseil constitutionnel qu’il quitta l’année dernière. Engagé à la SFIO en 1962, il vécut toutes les grandes transformations de la gauche réformiste en gardant son esprit libre et indépendant selon ce qu’il estimait être le meilleur pour la France. Entre mitterrandiste fidèle et jeune rocardien, nous n’avons jamais rompu le dialogue et la discussion. Les avis et les conseils qu’il avait l’amitié de bien vouloir me donner depuis que je suis Maire de Clermont-Ferrand furent toujours éclairés et précieux. Il savait que je les recevais avec attention et respect et je suis aujourd’hui très ému au souvenir du ton amical, franc et direct qui marquait sa personnalité et son caractère. Michel, tu as su livrer ton dernier combat avec la ténacité et le courage que tous te connaissent. Puisse ton idéal républicain et laïc pour la France et ses institutions te survivre longtemps."Jacques Mézard : "Il disait ce qu’il pensait sans détours"
Jacques Mézard, qui lui a succédé au Conseil constitutionnel et ancien ministre cantalien, déclare :
« Je l’ai bien connu comme sénateur. Il avait rejoint le RDSE quand il avait été exclu du Parti Socialiste. C’était un vrai républicain à la pensée et à la parole libres. Il disait ce qu’il pensait sans détours, ce qui est appréciable dans une époque où l’on fait attention à tout ce que l’on dit. C’était aussi un homme généreux, et son combat pour les Restos du Cœur l’a montré ».