Dans le box des accusés, à Riom, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf répondent depuis lundi de la disparition et la mort de Fiona, 5 ans, en mai 2013. Lundi après-midi, c'est la personnalité du beau-père de la fillette qui a intéressé la cour d'assises du Puy-de-Dôme.
Parano, toxico, agressif, menaçant, impulsif, violent… La personnalité de Berkane Makhlouf a été au coeur des débats, lundi après-midi, devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme, à Riom. Accusé de la disparition et de la mort de Fiona, la fille de Cécile Bourgeon qui se trouve à ses cotés dans le box, Makhlouf a répondu durant plusieurs heures aux questions relatives à sa vie personnelle.
A la barre, il raconte avoir été battu par son frère aîné. « Il m’enfermait dans la cave. ça n’a pas été facile pour moi étant jeune », dit-il. Le contexte familial est délicat. La mère a eu six enfants avec trois pères différents. Berkane Makhlouf n’a pas connu le sien, décédé quand il avait 4 ans. Le garçon grandit et dérive, rapidement.
J’étais en échec scolaire, je commençais à fumer des joints, à 12 ans. - Berkane Makhlouf
Il ne tarde pas à découvrir la drogue. « J’étais en échec scolaire, je commençais à fumer des joints, à 12 ans », raconte B. Makhlouf. Le président lui rappelle des histoires de violences et rackets, en milieu scolaire, dont il était à l’origine. Il fait à l’époque l’objet d’une commission de discipline et est renvoyé d’un établissement scolaire, avant d’être placé dans un foyer. S’il choisit un jour d’être charpentier, il n’ira jamais passer son CAP. La descente continue et le jeune homme poursuit son apprentissage de la drogue. Héroïne, cocaïne, crack, shit…
Berkane Makhlouf se décrit lui-même comme étant « parano et impulsif ». Une de ses anciennes compagnes, Stéphanie, ajoute que ses crises de jalousie tournaient à la violence. Elle témoigne, difficilement, des mois passés à ses côtés. « Il me frappait, des coups de pied, coups de poings, partout, dans les jambes, dans le ventre ». Partout « mais pas au visage », « il ne voulait pas que ça se voit », ajoute-elle la voix tremblante. Faire état de cette période-là lui est douloureux, « je ne vais pas bien par rapport à ce que j’ai vécu avec lui. J’ai toujours peur, quand je marche dans la rue. Je sais que ça ne peut pas être lui, mais j’ai peur. » L’accusé l’a menacée à plusieurs reprises de « creuser un trou pour l’enterrer » lors de leurs disputes.
Il me frappait, des coups de pied, coups de poings, partout, dans les jambes, dans le ventre. - Stéphanie, une ex-compagne
Pourtant, Berkane Makhlouf affirme qu’il peut « donner de l’amour à une personne ». Depuis le début de l’après-midi, il insiste sur les changements en lui depuis son incarcération, trois ans plus tôt. « J’étais parano » dit-il. Depuis, les cachets de Xanax et Vallium sont son quotidien. On est loin de sa rencontre avec Cécile Bourgeon lors d’un deal. « C’était bien avec Cécile ». « Vous vous êtes toujours bien entendus ? », demande le président. « Oui ». « Il y a eu quelques coups quand même ? », « Ouais, ouais. Au moment de la disparition de Fiona, ils nous arrivaient de nous chamailler, on était un peu tendus. » Avant le mois de mai 2013, Makhlouf assure n’avoir jamais levé la main sur sa compagne. Ni sur les enfants. « Les enfants, c’est sacré ». Première réaction de la salle qui montre son indignation.
Cécile, c’est pas une assassin. - Berkane Makhlouf
Les enfants, en revanche, ont pu assister à des « séances de snifs » dans l’appartement du couple. Le couple emmenait également les deux fillettes, Fiona et sa soeur, dans les squats « pour ne pas les laisser sans surveillance ». Assis l’un à côté de l’autre dans le box des accusés, leurs regards ne se croisent pas. Mais Berkane Makhlouf va se retourner vers son ancien amour. « Cécile Bourgeon, c’est pas une assassin, je ne suis pas un assassin, c’est une mère extraordinaire », dit-il. Plus tôt, il a fait état, parmi ses qualités, de sa « parole d’honneur ». En fin d’après-midi, son frère Ali confirme qu’il sait tenir sa langue. « Il n’a jamais balancé. A chaque fois, c’est lui qui se faisait avoir », assure-t-il, « toujours dans les coups mais il ne balançait pas. »
Le matin, Me Khanifar, l’avocat de Berkane Makhlouf, expliquait devant la presse que la véritable question de ce procès était de savoir « qui a fait quoi ». Il reste neuf jours d’audience pour savoir où est la vérité dans une histoire qui a débuté par un mensonge, le 12 mai 2013, jour de l’annonce de la fausse disparition de Fiona, 5 ans, par sa mère à Clermont-Ferrand.