Le procès de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf a repris, lundi matin, devant la Cour d'assises du Puy-de-Dôme. La mère de Fiona a été au centre de toutes les attentions. Face aux questions, elle a éclaté en sanglots et s'est avouée "perdue" par moment.
"Je ne sais plus", lance Cécile Bourgeon au milieu d'une crise de larmes alors que l'audience a repris depuis 2 heures lundi matin. La seconde semaine de son procès, et celui de son ancien compagnon Berkane Makhlouf, a débuté de manière délicate pour ne pas dire compliquée pour elle. Le couple comparait devant la Cour d'assises du Puy-de-Dôme pour la mort et la disparition de Fiona, en mai 2013 à Clermont-Ferrand. Cécile Bourgeon a été placée, une nouvelle fois, devant les nombreuses contradictions de ses propos. "Vous vous rendez compte que vous dîtes tout et son contraire ?", lui demande Me Gille-Jean Portejoie, son propre avocat, "c'est compliqué même pour votre défense".
Lundi matin, la 6e journée d'audience devait être consacrée à l'audition de témoins issus du milieu de toxicomanes que fréquentait le couple. Six personnes devaient être entendues mais seulement deux d'entre elles sont venues à la barre, dont un détenu. Ces témoignages devaient permettre de comprendre ce qui a pu se passer le samedi 11 mai dans l'appartement de la rue Goncourt à Clermont-Ferrand. Ainsi, une femme a raconté à la barre qu'on lui avait dit que ce soir-là, "Fiona avait mis la main dans de l'héroïne qui se trouvait sur la table, que Cécile Bourgeon lui aurait mis une claque avant de la coucher". Le récit est vague, n'est pas celui d'un témoin direct de la scène. "Je n'ai pas de question sur la rumeur", se contentera de dire l'avocat général.
Vous me prenez pour un idiot ? - Raphaël Sanesi, avocat général
Cécile Bourgeon est à nouveau interrogé sur les événements de la journée du samedi. Le gardien de leur immeuble a vu le couple partir en trombe à bord du véhicule de Cécile Bourgeon en fin de matinée. "Je n'ai pas souvenir mais s'il le dit c'est que c'est vrai", dit-elle. "Pourquoi cet affolement ce jour-là ? Qu'est-ce qui fait que vous être pressée ? Vous me prenez pour un idiot ?", s'agace l'avocat général, "Dites la vérité madame, ça fait huit jours qu'on attend ça !".
Les débats continuent. Que s'est-il passé le soir ? Me Portal, représentant d'une des parties civiles, demande à Cécile Bourgeon si elle s'est absentée. "Oui, pour acheter de la drogue". Cécile Bourgeon laisse Berkane Makhlouf et ses filles 30 à 45 minutes. A son retour, sa fille vomit. L'avocat demande à Cécile Bourgeon si ces vomissement peuvent être la conséquence de coups que lui aurait portés Berkane Makhlouf durant son absence. L'avocat se réfère à ses déclarations faites lors de l'instruction. La mère expliquait alors que Fiona vomissait quand elle était battue, avec "des coups à l'abdomen", par son compagnon. La réponse n'est pas claire. "Là, je suis perdue monsieur l'avocat", lui dit l'accusée.
Là, je suis perdue monsieur l'avocat. - Cécile Bourgeon
Cécile Bourgeon est acculée. Elle ne sait pas, elle ne sait plus, elle ne saurait dire. Le président lui demande si Makhlouf frappait Fiona avec la même force que pour elle. "Oui", se souvient-elle alors. "Mais vous avez expliqué que vous n'assistiez pas à ça…", s'étonne le président. Berkane Makhlouf, lui, insiste sur le fait qu'il n'était pas violent. Il affirme même ne l'avoir jamais frappée dans leur appartement clermontois. “La seule fois où j'ai été violent avec Cécile, c'était à Perpignan et il n'y a jamais eu de coups de poing dans le ventre, elle ment", dit-il.
Lundi matin, les débats se sont concentrés sur Cécile Bourgeon. Les questions à son encontre ont fusé de part et d'autres, la poussant même à verbaliser le "besoin d'une pause". Me Mohamed Khanifar, l'avocat de Berkane Makhlouf, s'est demandé, lui, "où est la vérité" quand les réponses données diffèrent d'une minute à l'autre.