Puy-de-Dôme : inquiétude des pépiniéristes avant les baisses de température

Le printemps va laisser la place au retour de l’hiver dès vendredi 1er avril. Les écarts de température inquiètent les pépiniéristes du Puy-de-Dôme. Ils doivent donc s’adapter et tenter de protéger les plantes qu’ils peuvent sauver.

« En avril, ne te découvre pas d’un fil », une expression qui s’applique pour nous mais aussi pour les arbustes. La baisse des températures annoncée dès vendredi 1er avril inquiète les pépiniéristes. Comme Fabrice Teyssonnier, installé depuis une vingtaine d’années à Orléat : « Le risque avec les températures qu’ils annoncent, sur des boutons, c’est une perte totale de la floraison. On est dans une saison avancée, on arrive au mois d’avril, normalement on devrait avoir des gelées moins importantes, on devrait avoir des petites gelées blanches ».

On pourrait perdre 10 à 15 % des végétaux

Fabrice Teyssonnier, pépiniériste à Orléat

Il a donc décidé de rentrer certaines de ses plantes sous les deux serres qu’il possède. Même si certaines plantations devront rester à l’extérieur. « Sur les nashi, la pomme-poire asiatique, tout sera foutu. Les températures négatives sur ces fleurs, ça va les noircir direct. Il n’y aura plus de fleurs, plus de fruits, ce sera une perte totale au niveau de la fructification »D’ailleurs sous l’une des serres, il a commencé les plants de fraises, d'aromatiques, de tomates, et de courgettes. « Si on ne les protège pas, le froid va éliminer en totalité la plante. Si la serre passe en dessous de 0 degré, ce sera une catastrophe », explique Fabrice Teyssonnier. Mais si les températures baissent trop, il faudra mettre du voile d’hivernage et d’autres protections. « Ça nous fait faire beaucoup de manutention, au niveau de la production ça nous bloque un petit peu. On ne va pas vendre du végétal sachant qu’il va faire froid, ça freine les ventes. On pourrait perdre 10 à 15 % des végétaux, et notamment dans les stockages de plantes. On devra retravailler certaines plantes et qu’on ne pourra vendre que l’année prochaine »Déjà en 2021, Fabrice Teyssonnier a eu beaucoup de pertes, il a dû retailler 30 à 40 % de sa culture. Il ne compte pas utiliser de chauffage pour ses serres à cause de l’augmentation du prix de l’énergie. Il espère pouvoir installer deux nouvelles serres pour protéger plus de végétaux en cas d’intempéries et de vent. Ça permettrait de créer un microclimat, au lieu d’avoir des amplitudes de températures comme on a pu avoir ces dernières années. 

Si la température est encore plus négative, la sève qui se trouve à l’intérieur pour nourrir la jeune pousse, va geler et faire éclater les fibres. L’eau va gonfler et faire éclater les fibres, et là, ce sera la mort de l’arbuste.

Philippe Charbonnier, pépiniériste à Lezoux

À quelques kilomètres de là, Philippe Charbonnier est aussi pépiniériste. Il est installé à Lezoux depuis près de 40 ans. Ses serres sont équipées d’une double paroi et de l’air passe entre les deux ce qui permet de garder une chaleur constante sans utiliser de chauffage. Mais pour le moment, quand les températures vont baisser, il mettra du voile d’hivernage. « Si les températures tombent à -2 °C, sous le voile d’hivernage, ça fera 0 degré. C’est quand les températures sont vraiment négatives en dessous de -4 ou de -6 °C. L’année dernière, il avait fait jusqu’à – 8 °C, sur plusieurs jours. La végétation avait démarré plus tôt et là ça avait vraiment fait du mal »Surtout pour les jeunes plants. Philippe Charbonnier nous explique « une plante a un bourgeon qui se forme à l’automne, qui éclot au printemps et qui envoie un signal aux racines pour qu’elles envoient l’afflux de sève. Il y a toujours des bourgeons latents, ils attendent en cas d’accident. Si la température est encore plus négative, la sève qui se trouve à l’intérieur pour nourrir la jeune pousse, va geler et faire éclater les fibres. L’eau va gonfler et faire éclater les fibres, et là, ce sera la mort de l’arbuste. Plus il est petit, plus il est jeune et plus il sera fragile ».

Il est habitué aux épisodes de froid au printemps même si aujourd’hui ce qui l’inquiète, ce sont les épisodes de sécheresse. « On ne peut pas aller contre la nature, on peut juste essayer de limiter les dégâts. Si on a toujours des problèmes comme ça, on mettra d’autres cultures. Avec la sécheresse, on mettra des plantes méditerranéennes. Le problème, c’est que ces plantes n’aiment pas les grands froids. Et les plantes que l’on cultive, n’aiment pas les sécheresses. Il va falloir trouver le juste milieu. Un pépiniériste, quand il plante des végétaux doit anticiper 5-6 ans à l’avance donc on doit déjà savoir si on pourra vendre dans 6 ans. On doit prendre des risques et après, on verra »

Le printemps n’est pas terminé et il s’attend à d’autres épisodes de froid d’ici le mois de mai. 

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