Un gendarme de Lezoux, près de Thiers (Puy-de-Dôme), a fait usage de son arme de service dans la nuit du mercredi au jeudi 11 novembre. Selon le parquet de Clermont-Ferrand, il aurait tiré après que son coéquipier a manqué d'être percuté par une voiture en fuite.
Les faits se sont déroulés dans la nuit de mercredi à jeudi 11 novembre, aux alentours de 22h15. Une patrouille de gendarmerie de Lezoux, près de Thiers dans le Puy-de-Dôme, a constaté qu’une voiture rentrait à vive allure dans la commune, selon le parquet de Clermont-Ferrand, confirmant une information de La Montagne. Le procureur Eric Maillaud indique que les deux gendarmes ont alors tenté de procéder à un contrôle. « Il y a eu un refus d’obtempérer de la part du véhicule dans lequel les gendarmes ont vu qu’il y avait 2 occupants, sans à ce stade pouvoir les identifier. Le conducteur notamment avait une capuche très resserrée autour du visage. Le véhicule a pris la fuite et s’est assez rapidement retrouvé dans une impasse », précise le procureur. Le lieutenant-colonel Pofilet, qui supervisait l’opération, explique que la voiture, une Opel, aurait bifurqué « brutalement » dans la rue Chez Ventry, entre deux habitations, se retrouvant coincée.
"C’est à ce moment-là qu’il a tiré dans l’avant du véhicule"
C’est alors que cette tentative de fuite a pris une toute autre tournure, selon le procureur : « Le véhicule de gendarmerie s’est positionné pour bloquer le passage, les militaires sont descendus du véhicule et le conducteur, quand il a vu qu’il était coincé, a accéléré. Il est passé à vive allure entre le véhicule de gendarmerie et un mur. Il a au passage frôlé un des gendarmes. » Tout s'est ensuite enchaîné : « L’autre militaire a eu le sentiment que son collègue avait pu être percuté par la voiture. C’est à ce moment-là qu’il a tiré dans l’avant du véhicule sans, a priori, toucher les passagers ». Le gendarme tire alors à 6 reprises avec son arme de service. Deux impacts ont été constatés dans les phares avant, un au niveau de l’aile droite et les trois autres dans le moteur. « Il n’a pas visé le pare-brise », précise Eric Maillaud.
Une perquisition
Le lieutenant-colonel Pofilet raconte : « L’autre gendarme est parvenu à se soustraire à la trajectoire de la voiture en sautant la tête la première dans le véhicule de gendarmerie pour échapper à l’Opel ». Les individus ont réussi à fuir après les coups de feu, et à se réfugier dans les locaux d’une usine désaffectée de bois à Lezoux, à environ 200 mètres de là, près de la gare, selon le lieutenant-colonel Pofilet. Cette usine est occupée par des gens du voyage « bien connus des forces de l’ordre », selon le procureur. Au total, environ 5 caravanes occupent cet espace. « On a bouclé les 2 accès de cette enceinte pour s’assurer qu’ils ne s’échappent pas. On commence à monter des préparatifs opérationnels pour aller récupérer ce véhicule. Le contexte était délicat. On était susceptibles d’être mal accueillis par la communauté. Le ou les auteurs sont aussi potentiellement présents et peuvent aussi s’en prendre à nous. On a pris pas mal de précautions. On attend 6 heures du matin pour procéder à cette perquisition, sous contrôle du parquet de Clermont-Ferrand », raconte le lieutenant-colonel.
Des prélèvements ADN effectués
Des moyens importants ont été déployés pour cette opération : 32 militaires provenant des compagnies de Riom, Clermont-Ferrand et Thiers, appuyés par une équipe cynophile. Les gendarmes n’auraient rencontré aucune opposition. En quelques minutes, ils localisent le véhicule dans l’un des hangars : « On constate qu’il n’y a pas de trace de sang avec soulagement », affirme le lieutenant-colonel Pofilet. Le véhicule a donc été retrouvé mais, pour l’heure, le ou les propriétaires ne sont pas identifiables car la voiture aurait été vendue la veille à un habitant de Lezoux, indiquent les gendarmes. « On soupçonne fortement que ce soit deux des membres des gens du voyage vivant dans l’usine qui aient pu se trouver dans le véhicule au moment des faits », affirme le procureur. Il ajoute que des prélèvements ont été effectués par la police technique et scientifique et espère que l’ADN « donnera l’identification exacte des deux individus ».
"Finalement, pour des infractions assez banales, on est prêt à tout pour ne pas être contrôlé au risque de tuer quelqu’un."
A ce stade, l’usage de l’arme de service du militaire semble être « totalement justifié » selon le procureur Eric Maillaud, par le fait que son collègue aurait pu avoir été percuté par le véhicule en fuite : « Certains individus, pour prendre la fuite, sont de plus en plus enclins à prendre tous les risques, y compris de percuter et donc de tuer les gendarmes qui essayent de les contrôler. On n’a pas trouvé dans le véhicule de trace de produits stupéfiants par exemple donc vraisemblablement, l’infraction était juste de rouler à grande vitesse ou peut-être un défaut de permis. Finalement, pour des infractions assez banales, on est prêt à tout pour ne pas être contrôlé au risque de tuer quelqu’un. C’est triste ».
Deux enquêtes ouvertes
Deux enquêtes ont été ouvertes. La première concerne une "tentative d’homicide" et un "délit de fuite aggravé". Elle est dirigée par la brigade de recherches de Thiers. L'autre enquête porte sur les tirs effectués par le gendarme et est menée par la Section de recherches de Clermont-Ferrand. L’enquête administrative devra déterminer si l’usage de l‘arme de service du gendarme ne sortait pas du cadre légal. Elle sera versée à la procédure pénale. Le conducteur du véhicule incriminé risque jusqu’à 7 ans d’emprisonnement.