La préfète du Puy-de-Dôme Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc quitte la préfecture le 20 août. Crise du coronavirus, gilets jaunes ou encore violences faîtes aux femmes, avant son départ, elle revient sur les moments forts de son passage dans le département.
Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc quitte la préfecture du Puy-de-Dôme le 20 août prochain. Avant son départ, elle a adressé un bilan de ces quelques mois passés dans le département et est revenue sur les temps forts de son passage.
Votre arrivée a été mouvementée avec la crise des gilets jaunes ?
Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc : "Effectivement, j’ai dû commencer mes responsabilités dans un contexte difficile, avec une atmosphère lourde et des tensions perceptibles. Je suis arrivée en novembre 2018, en plein mouvement des gilets jaunes. C’est vrai que dans le Puy-de-Dôme, on était dans une situation de violence assez limitée mais je me rappellerai toujours du 23 février, avec ce rassemblement au niveau national où des exactions importantes avaient été commises. On avait dû mettre en place un contrôle du flux de manifestants, mobiliser les forces de police et de gendarmerie, travailler en collaboration avec le procureur, la mairie et la chambre de commerce pour limiter les dégâts au niveau des magasins."
Qu’avez-vous tiré de cette crise ?
Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc : "Cette période de tensions a renforcé mon idée qu’il fallait donner une image différente de l’Etat avec une plus grande proximité avec les gens. J'ai voulu renforcer le lien avec les citoyens et avec le terrain. J'ai notamment été à la rencontre des maires. Je suis allée chez eux, dans leur municipalité, c'est plus facile pour communiquer que via une note ou un dossier. Il y avait également la période du grand débat avec les maires et les sous-préfets. J'ai également beaucoup aimé les conférences inversées organisées avec les mères isolées et les femmes victimes de violences. Ça c'était un moment fort, marquant, elles ont pu témoigner devant moi, devant les élus, et ils ont pu entendre en direct leurs besoins. Ça a permis de porter une dynamique locale réelle à ce sujet pour mieux accueillir les femmes victimes de violence dans les postes de police et les gendarmeries mais aussi de créer des hébergements. Ça a transformé mon regard sur la question."
Une autre crise a marqué votre passage, celle du coronavirus, comment l’avez-vous vécue ?
Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc : "Je m'en souviendrai toujours. C'est un moment de grande responsabilité que j'ai senti peser sur mes épaules. J'avais le souci de ne pas me tromper, il a fallu faire du lien avec les entreprises, les associations, tout le monde se tournait vers l'État. Je devais m'assurer que ça se passe au mieux."
La sécheresse a été une question récurrente ces dernières années, quelles ont été vos actions à ce sujet ?
Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc : "C'est la troisième année de sécheresse consécutive que nous vivons dans le Puy-de-Dôme ce n'est pas aussi catastrophique qu'en 2019 mais il faut quand même mettre en place des mesures d'urgence. On a un peu évolué à ce sujet avec par exemple le versement d'aides anticipées pour les agriculteurs. Le Massif Central n'est plus le château d'eau de la France. On a beaucoup travaillé avec la DDT pour réfléchir à comment partager l'eau et faire évoluer son utilisation. Il y a notamment les agriculteurs qui nous demandent plus d'eau régulièrement mais cela ne peut pas se faire à pratiques inchangées."
« A quelques jours de quitter le Puy de Dôme, je tiens à remercier du fond du cœur tous ceux - élus, chefs d'entreprise,...
Publiée par Préfète du Puy-de-Dôme sur Jeudi 30 juillet 2020
Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc : "Luxfer c'était vraiment un moment de drame. Les salariés m'ont bluffée par leur énergie, ils portent un projet de reprise depuis la fermeture du site avec beaucoup de courage. On a eu de nombreux échanges, certains n'étaient pas faciles, il y avait beaucoup de colère des 2 côtés. J'espère sincèrement que les discussions aboutiront."
Que garderez-vous de votre passage en Auvergne et où irez-vous ensuite ?
Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc : "J'ai aimé ce territoire sa capacité à se réunir dans les moments graves. Je suis originaire de Bretagne, je suis donc très sensible aux territoires à forte identité ce qui est le cas ici. C'est une chance et une force. C'est un territoire qui doit avoir confiance en lui. Pour l’instant, je vais retourner à Paris, au ministère de l’intérieur, en attendant ma nouvelle affectation, comme beaucoup de mes homologues."
Le successeur d'Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc prendra ses fonctions le 24 août prochain.