A Sauxillanges dans le Puy-de-Dôme, une agricultrice a troqué ses bovins contre des chèvres angora. À partir de leur laine très douce, elle confectionne des vêtements et commercialise ses créations dans la petite boutique de sa ferme.
« Si on veut faire du fil à chaussette, il faut une fibre très fine. Alors que si on veut faire une couverture, il faut un fil très épais ». Sandra Hobeniche est devenue une vraie professionnelle du textile. Pourtant il y a encore cinq ans, elle élevait des bovins. Un troupeau qu'elle a fini par abandonner au profit des chèvres angora, originaires de Turquie, qui lui permettent de dégager des marges plus importantes et de garder une certaine indépendance.
Aujourd'hui, avec l'aide de sa fille Coralie, Sandra trie les toisons de ses chèvres angora et classe les fibres en fonction de leur taille. Un travail minutieux puisqu’il faut retirer chaque brin d’herbe, chaque brindille de l’amas de laine mohair. « La laine de mouton est assez rêche alors que la laine de mohair, c’est du nuage. Dès qu’on est dedans, on se sent dans la douceur ! » décrit l’éleveuse.
Une fois triées, les toisons sont envoyées dans une coopérative dont fait partie Sandra, à Castres. C’est là qu’elles sont transformées en laine avant d’être filées en Italie puis teintées. La laine revient dans le Puy-de-Dôme six mois plus tard, prête à être travaillée par Sandra.
Cinq ans après ce changement de vie, son troupeau certifié bio compte désormais 78 têtes. « Sur l’année, il y a des périodes plus calmes comme l’hiver. Donc j’en profite pour faire de la confection, ce qui me permet de remplir mon emploi du temps sur l’année » précise l’entrepreneuse. Ces vêtements sont ensuite vendus dans la boutique, ouverte en juillet 2016 dans la cour de l’exploitation.
Le petit magasin expose toutes les créations de Sandra, tricotées à la main ou à la machine. Écharpes, pulls, bonnets : elle laisse libre cours à son imagination. « J’essaie aussi de faire des articles un peu différents comme des ponchos ou des petites capes. Je peux aussi faire de la confection sur mesure en prenant les mensurations de la personne ».
L’éleveuse a investi près de 50 000 euros dans son affaire. Après cinq ans d’efforts, elle se verse enfin son premier salaire, un SMIC, en janvier 2018.