A Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme), comme un peu partout en France, les enseignants ont retrouvé le chemin de l’école ce lundi 11 mai. Ils se sont assurés que tout sera prêt pour accueillir une partie des élèves dès mardi. « Un vrai défi », selon le directeur de l’école élémentaire publique.
Un jour avant les élèves, ils ont retrouvé leurs classes désertées depuis presque deux mois à cause du coronavirus. Les enseignants du groupe maternel et élémentaire public Pierre Ravel à Châtel-Guyon dans le Puy-de-Dôme ont fait leur rentrée ce lundi 11 mai, grand jour de déconfinement.
« Il a fallu se réinventer »
Demain, seuls les élèves de grande section seront de retour à l’école maternelle. Vingt petits bambins sur les 117 de cette école maternelle publique. Une dernière fois, les 5 enseignants vérifient qu’ils ont bien pensé à tout, avec les agents de la commune. Le fléchage au sol pour définir une nouvelle façon de circuler en évitant que les familles ne se croisent, le savon dans les toilettes, les bacs individuels dans la cour où chaque enfant aura ses propres jeux à la récréation…
Maintenant que les choses sont en place, la directrice est un peu plus sereine, même s’il a fallu « se réinventer, changer les habitudes de travail, réfléchir à une pédagogie sans contact ». Françoise Bonnet le sait, le plus dur sera de maintenir tout au long de la journée cette fameuse distance de 1 mètre avec et entre les enfants.
Mardi 12 mai, les 20 écoliers seront répartis dans 4 classes différentes. Le 5ème enseignant continuera lui de s’occuper, à distance, des enfants restés à la maison et des élèves de moyenne et petite section, qui rentreront le 18 et le 25 mai.
Caméra thermique
A l’arrivée des élèves, demain, mardi 12 mai, un employé municipal équipé d’une caméra thermique vérifiera la température des enfants. En cas de fièvre, ils seront isolés et les parents seront rappelés. Avant d’entrer dans leur classe, en suivant un fléchage au sol qui évitera les croisements, ils devront se laver les mains. « Nous les accompagnerons chaque fois qu’ils voudront aller aux toilettes », explique la directrice qui, comme ses collègues, portera un masque et une visière (pas de masque en revanche pour les élèves). Dans chaque classe, l’enseignant sera aidé par un personnel communal, un ATSEM. A midi, le repas sera livré à l’école et les enfants mangeront dans leur classe. Pour les récréations, ils pourront faire des jeux « sans contact » comme « un, deux, trois, soleil » ou « Jacques a dit » mais ils disposeront aussi d’un bac individuel dans la cour, chacun avec ses propres jouets. Les livres qui auront été feuilletés par les enfants resteront ensuite cinq jours "confinés" avant d'être remis en circulation. « On fera de notre possible, c’est plus facile avec de très petits groupes », assure la directrice. Ce 12 mai, ils seront 5 par classe.
Malgré tout, une maîtresse reconnait qu’elle se sent stressée, angoissée de devoir faire respecter ce nouveau protocole sanitaire très contraignant.
Moins de 20% des élèves de retour à l’école en élémentaire
A Châtel-Guyon, l’école élémentaire du groupe scolaire Pierre Ravel accueille ordinairement 220 élèves. Ce mardi 12 mai, ils seront une quarantaine à faire leur retour, moins de 20% des effectifs. Seuls seront accueillis pour cette rentrée très progressive, les enfants de cours préparatoire (CP) et de CM2.
Les autres niveaux ne reviendront que la semaine suivante. Jean-Marc Brun, le directeur, est lui aussi sur le pont. « Ce n’est pas une situation agréable, reconnait-il, mais c’est comme un défi, avec les contraintes liées aux règles sanitaires et les réalités de nos locaux ». Il sait qu’il faudra s’adapter pour trouver le fonctionnement le plus efficace. Demain, il sera en « décharge d'enseignement », ça tombe bien, il sera plus disponible pour tout superviser. Mais pour lui, le plus compliqué est à venir, dès que les effectifs remonteront. Il a déjà prévu avec ses collègues de faire des roulements, comme ce sera le cas cette semaine avec les élèves de CP divisés en deux groupes afin de limiter à une dizaine le nombre d’élèves présents dans chaque classe. Et puis, pour les enfants qui ne reviendront pas du tout à l’école avant les grandes vacances, il faudra toujours assurer un suivi, un enseignement à distance. Les enseignants auront donc une double mission à remplir.
Etre très pragmatique
Pour le maire, LR, de Châtel-Guyon, l’heure n’est pas encore au bilan ou à la polémique. On se doute pourtant que Frédéric Bonnichon aurait des choses à dire sur la gestion de cette crise et les décisions prises par l’Etat. « Mon devoir, c’est d’ouvrir l’école en toute sécurité pour les enfants, les enseignants et le personnel communal », se contente-t-il d’affirmer. Alors il a choisi d’être très pragmatique. « Ça fait quinze jours que nous travaillons à cette réouverture avec les enseignants et les parents d’élèves et tout est prêt, l’affichage, les barrières, la séparation des flux de circulation ». Les entrées de l’école maternelle et de l’école élémentaire ont été séparées, les sorties sont distinctes, les parents resteront au portail, à l’extérieur. « Demain, comme dans 90% des communes, l’école rouvrira à Châtel-Guyon. C’est important de permettre aux enfants d’être re-socialisés, re-scolarisés, nous allons le faire avec le plus de bon sens possible », assure Frédéric Bonnichon. Dès 7h30, comme à son habitude, le directeur de l’école élémentaire lui, sera là, présent, pour faire face à cette nouvelle situation. Sa collègue de maternelle aussi.