Meurtre de Yanis : le père condamné à quinze ans de réclusion criminelle

Quinze ans de réclusion criminelle, dont la moitié incompressible et une obligation de soins de trois ans : voila la peine prononcée par les jurés de la cour d’assises de Riom à l’issue du procès de Stéphane Vernier. Une peine bien en dessous de ce que prévoit la loi.

« Vous êtes les juges d’un crime puni par la réclusion criminelle à perpétuité. Une peine encourue à double titre : par la nature même du crime, un meurtre sur mineur de moins de 15 ans, et l’état de récidive légale dans lequel se trouve Stéphane Vernier (*) »
C’est par ces mots que l’avocate générale a entamé son réquisitoire, vendredi  matin, au terme de deux jours du procès de Stéphane Vernier, cet homme jugé pour avoir tué son fils Yanis, âgé de 3 ans.  Le procès très rare d’un meurtrier récidiviste, moins de 2% des affaires, qui l’a amenée à interroger la cours : « Est-ce qu’on doit lui donner l’occasion du tuer une troisième fois ? »
Après être revenue sur le caractère instable et violent de Stéphane Vernier et rappelé son casier judiciaire, l’avocate générale a livré son sentiment sur ce drame : « Cet enfant aurait pu être une chance de renaissance pour Stéphane Vernier », mais au lieu de ça il a mis en scène « une comédie macabre et cruelle pour se venger de Stéphanie Dhedin, vis-à-vis de qui il a fait preuve d’une totale absence d’empathie. Qui qu’elle soit, nulle mère ne mérite ça».

Droit de garde respecté

Des propos qui ont fait écho au préambule de la plaidoirie de la partie civile, où Maître Fabienne Loiseau a tenu à balayer toute responsabilité de la mère de Yanis dans cette affaire, en rappelant à la cour qu’elle avait toujours respecté les droits de garde de Stéphane Vernier, que c’était même elle qui faisait l’effort de conduire Yanis chez son père, alors que celui-ci n’avait plus de permis de conduire. « Dans cette situation compliquée, elle a toujours assumé son rôle de mère et toujours fait le nécessaire pour établir des liens »
Un état de fait qui, toujours pour les parties civiles, rend l’acte commis par Stéphane Vernier difficile à comprendre, et dont la seule explication possible pourrait être un désir de vengeance vis-à-vis de la mère de l’enfant. « Contrairement à ce que prétend Stéphane Vernier, poursuit Maître Daniel Elbaz,  son geste ne pouvait pas être un acte d’amour », avant de conclure : «  Si on tue par amour, on reste sur place et on se suicide »,  remettant en question la volonté de mourir qu’a eu Stéphane Vernier le jour du drame, où après avoir étouffé Yanis il s’est asséné trois coups de couteau.

Comprendre qui est cet homme

Du côté de la défense, Maitre Jean-François Canis a tenu en préambule à replacer les débats dans le contexte de « la famille, l’amour,  la paternité et les déséquilibres de l’âme dont il est très difficile de parler (…) J’espère arriver à vous dire des choses qui pourront vous permettre de comprendre non seulement le geste de cet homme mais surtout qui est cet homme ».
Et de poursuivre : « son acte est l’acte de désespoir d’un homme  qui pensait qu’il n’arriverait pas à offrir à Yanis la famille, le bonheur auxquels il pouvait prétendre (…) C’est un moment de sa vie où il a perdu pied (…) Sa dépression, maladie qu’on a tendance à trop banalisée, l’a conduit au vide absolu. Son geste est l’expression d’un amour ultime à l’égard de celui dont il ne supporte plus d’être séparé, nourri par l’angoisse de ne plus exister en tant que père, lui dont on avait toujours nié la paternité et dont le fils ne portait même pas le nom. Sans Yanis, sa vie n’a plus aucun sens, il a renoncé à son existence ». 

Peut on tuer par amour ?

Une analyse totalement opposée à la plaidoirie de l’avocate générale qui avait conclu en s’adressant directement aux jurés : « Au moment de choisir votre peine, il vous faudra garder Yanis en mémoire.  Par respect pour lui, à la question peut on tuer par amour ? Vous devrez répondre non ».
Pourtant, à l’issue de sa plaidoirie, c’est une peine 30 d’emprisonnement, dont deux tiers incompressibles et une obligation de soins qu’a requis Laure Lehugeur, estimant cette peine plus adaptée que la réclusion criminelle à perpétuité dont était passible Stéphane Vernier.
Une peine que les jurés ont finalement diminué de moitié, estimant que l’accusé avait fait preuve d’une absence de discernement au moment des faits.


(*) Stéphane Vernier a été  condamné à 6 ans d’emprisonnement pour coups mortels en 2002, dans cette même cour d’assises
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