En ce deuxième jour de procès à la cour d'assises du Puy-de-Dôme, Stéphanie Dhedin, la mère de Yanis, est venu témoigner à la barre. L’occasion de revenir sur l’histoire familiale compliquée du petit garçon, dès sa naissance. La cour juge le père de l'enfant, accusé de l'avoir tué.
C’est elle qui a trouvé le corps de Yanis, le 15 février 2014, alors qu’elle était venue le récupérer chez son père, à Longues (Puy-de-Dôme) à l’issue de sa journée de garde. Le matin du 14 janvier 2016, à la barre, Stéphanie Dhedin est revenue sur cet instant, où après quarante minutes passées devant le portail du domicile de Stéphane Vernier à attendre que celui-ci vienne lui ouvrir avant de prendre la fuite à vélo, elle a finalement pu entrer dans la maison. "Tout était noir. Il avait mis mon fils sur son lit… Yanis était blanc, j’ai gardé l’image d’un enfant qui dort, comme un ange. Je suis alors partie chercher du secours chez Guillaume, le frère de Stéphane qui habite à côté".
Depuis le début du procès, Stéphanie Dhedin doit faire face à celui qui lui a enlevé son enfant. "J’ai beaucoup de tristesse", confie-t-elle lors d’une suspension de séance, précisant que depuis le drame elle est sous antidépresseurs et que si elle n’avait pas un deuxième fils, aujourd’hui âgé de 10 ans, elle se serait "pendue".
Fusionnel mais compliqué
Au cours de son témoignage devant la cour, Stéphanie Dhedin, petite femme au caractère bien trempé, est revenue sur son histoire avec Stéphane Vernier, débutée en 2008 : "c’était fusionnel mais aussi très compliqué". A tel point que le couple a fini par se séparer, quelques semaines avant la naissance de Yanis. "J’ai eu une grossesse difficile. Je m’étais préparée à élever seule mon enfant, même si c’était un enfant de l’amour qui a été désiré".Pourtant, le 23 août 2010, c’est son ancien compagnon, le père de son premier fils, qui était présent lors de son accouchement. Un homme qui, selon elle, savait que Yanis n’était pas son fils, contrairement à ce qu’il a affirmé dans sa déposition au moment de l’enquête. Il a précisé qu’il n’avait appris la vérité qu’après le décès de l’enfant. Une situation qui expliquerait pourquoi Stéphanie Dhedin, au moment des faits, avait fait croire à toute sa famille que Yanis avait perdu la vie sur le parking d’une grande surface, après avoir été percuté par un véhicule qui aurait ensuite pris la fuite.
Des propos confirmés par le commandant de gendarmerie en charge de l’affaire au moment des faits : "la famille de ce monsieur est venue dans la région car elle pensait que Yanis avait été tué sur un parking… Dans la soirée, lui même s’est rendu au CHU car il cherchait le corps de l’enfant. Il pensait que c’était son fils (…)". Et d’ajouter que lorsque Yanis allait chez son père, le samedi, "il croyait que sa mère l’emmenait dans un centre pour qu’il joue avec d’autres enfants…"
Mensonges
"Pourquoi n’avez-vous pas dit la vérité à votre ancien compagnon concernant le décès de Yanis ?" demande le président à la mère. "J’ai paniqué. Quand j’ai découvert Yanis mort, j’avais mon grand dans la voiture. J’ai paniqué". "Si votre ancien compagnon pensait qu’il était le père, on aurait compris ! Mais si ce n’est pas le cas comme vous le dites, ce mensonge n’a aucun intérêt !" s’agace le président.Un mensonge qui pour l’avocat de la partie civile se justifie : "Madame Dhedin avait l’obligation de gérer le quotidien avec un homme qu’elle ne pouvait pas écarter, puisque c’était le père de son fils aîné. Lorsqu’elle a été brutalement exposée à la mort de Yanis, il a fallu qu’elle règle un certain nombre de choses très rapidement, sans même une quelconque réflexion, et elle n’a peut-être pas dit toute la vérité". Et de souligner : "les témoins de moralité qui ont été présentés par elle, à savoir le directeur d’école, le kinésithérapeute et le médecin traitant ont parfaitement décrit la personnalité de madame Dhedin, qui était une mère exemplaire et particulièrement attentionnée à l’égard de ses deux enfants. Le fait qu’elle ait menti ou non n’a aucune importance dans ce dossier. Ce qui est important, c’est de savoir ce qui a amené le père à tuer son enfant".
Mais interrogé une nouvelle fois par la cour d'assises du Puy-de-Dôme en fin d’après-midi, Stéphane Vernier n’a toujours pas livré d’explications sur les raisons qui l’ont conduit à commettre l’irréparable.