"Tout soignant devrait se faire vacciner" : dans cet EHPAD du Puy-de-Dôme, plus de 80 % de soignants vaccinés

Un projet de loi est en préparation pour rendre la vaccination des soignants contre le COVID obligatoire. Dans le Puy-de-Dôme, l’EHPAD de Loubeyrat fait figure de bon élève, avec un taux de vaccination du personnel qui s’élève à 84 %.

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La pression monte pour obliger tous les soignants à se faire vacciner contre le COVID, avec un projet de loi en préparation selon une source gouvernementale, même si une telle mesure n'est pas simple à mettre en œuvre. Une consultation sur le sujet va être lancée "dans les jours qui viennent" avec les associations d'élus locaux et les présidents de groupes parlementaires, annonçait mercredi 30 juin le Premier Ministre Jean Castex. A l’EHPAD de Loubeyrat, près de Riom, dans le Puy-de-Dôme, on n’a pas attendu que la vaccination soit obligatoire. Début juillet, dans la Maison Saint-Jean Baptiste le taux de vaccination du personnel atteint les 84 %. Sur 54 professionnels, 44 présentent une couverture vaccinale complète et 46 ont reçu une dose. Parmi ces salariés vaccinés, Floriane Pouzadoux, aide-soignante, n’a pas hésité à franchir le pas : « Je suis aide-soignante à l’EHPAD et ça m’a poussée à me faire vacciner, pour le travail avec les personnes âgées. J’ai eu le COVID en octobre. Avec toutes les formes de variants autour de nous, j’estime que la vaccination est importante pour travailler avec les personnes âgées. C’est aussi important pour mon entourage : ma maman a plus de 60 ans, elle est à risques, mon père a 55 ans. Ma grand-mère est aussi en maison de retraite en région lyonnaise donc si je veux la voir et m’occuper d’elle, il faut que je sois vaccinée ». Chrystelle Meurdefroid, aide-soignante et déléguée du personnel a aussi opté pour la vaccination : "C'est pour essayer de sortir de cette crise. On se protège soi-même et les autres. Il s'agit aussi de montrer l'exemple en tant que soignant. Pour les collègues, tout s'est fait naturellement. Ils ne se sont pas posé de questions".

Il y a aussi un effet d’entraînement dans l’équipe

Fabienne Chardin, directrice de l’EHPAD de Loubeyrat, explique comment la majorité des salariés de l’établissement ont finalement opté pour la vaccination : « On en a beaucoup parlé dans l’établissement. Le médecin coordonnateur a pris la parole à plusieurs reprises pour expliquer l’importance de l’immunité collective. Car cela protégeait tout le monde. Il y a eu une sensibilisation de groupe. De plus, nous avons plutôt une population jeune au sein du personnel et au moment du déconfinement, tout s’est débloqué quand ils ont voulu sortir, dans une démarche plus individuelle. Ils se sont dit que le vaccin était nécessaire pour retourner au restaurant ou en boîte de nuit. Les jeunes qui étaient récalcitrants ont plutôt basculé à titre personnel. Mais au final, ça nous bénéficie. Il y a aussi un effet d’entraînement dans l’équipe qui fait que la vaccination s’est bien répandue. Les infirmières ont donné l’exemple. J’ai été vaccinée très tôt en centre de vaccination, ainsi que l’équipe de direction ».
 

Le traumatisme du cluster

L’EHPAD de Loubeyrat compte 68 résidents et 59 d’entre eux ont déjà reçu au moins une dose de vaccin. Si les professionnels de santé ont opté pour la vaccination, c’est que l’établissement a connu un cluster à l’automne dernier. « On a eu un cluster au mois d’octobre. Le virus est rentré par un soignant, malgré toutes les mesures barrières mises en œuvre. On a eu 24 résidents malades et 3 décès. On a eu 23 professionnels contaminés, sans forme grave. Cela a été un traumatisme et cela a permis aux salariés de prendre conscience de leur responsabilité. Ca a été très dur pendant 4 semaines » raconte la directrice. Elle poursuit : « On a pu ouvrir les visites plus tôt. On est plus souples et plus détendus car on se sent protégés du fait du taux de vaccination important chez nous ».

Des résidents en confiance

Floriane Pouzadoux confirme : « Certains résidents sont rassurés d’être vaccinés et que nous le soyons aussi. Chez nous, il y a quasiment un retour à la normale. Les résidents peuvent sortir en activités, ils peuvent se retrouver en groupe, ils remangent tous en salle à manger. Pour le lien social, c’est beaucoup mieux. Je suis contente : j’ai des amis qui travaillent dans des EHPAD et ça ne se passe pas du tout comme chez nous, à Loubeyrat. C’est compliqué au niveau de la vaccination. Ici on a retrouvé un cadre de vie quasi normal, mis à part le port du masque et le respect de la distanciation. Que ce soit pour les résidents ou pour nous, c’est beaucoup plus agréable ». Chrystelle Meurdefroid ajoute : "On est quand même obligés de porter le masque et on fait les soins naturellement, en adoptant les bons gestes".

A partir du moment où on travaille avec des personnes âgées ou fragiles, on doit les protéger

Pour l’aide-soignante qui a été vaccinée en avril, l’idée de rendre obligatoire la vaccination chez les soignants fait son chemin : « Pour moi, tout soignant devrait se faire vacciner. A partir du moment où on travaille avec des personnes âgées ou fragiles, on doit les protéger. En tant qu’aide-soignante, il y a un risque auprès des plus vulnérables. Maintenant, tout a rouvert, on va partir en vacances, on va côtoyer du monde. J’entends bien qu’il y a des réticences. Certains se demandent si le vaccin est fiable. Je comprends tous les points de vue, mais à partir du moment où on travaille avec des personnes vulnérables, il ne faut pas prendre de risques. Pour limiter le danger, il faut se faire vacciner ». Fabienne Charin regrette que l’on doive imposer la vaccination mais semble convaincue par son efficacité et sa nécessité : « Je trouve que c’est dommage d’en arriver à une obligation. Ca va forcément créer des tensions dans les établissements où les personnes sont partagées. En même temps, il n’y a pas le choix. On ne peut pas s’occuper de personnes vulnérables et prendre le risque de faire entrer le virus dans l’établissement. C’est une solution ultime mais il faut voir le bénéfice pour les résidents et les malades ». Chrystelle Meurdefroid précise : "Rendre la vaccination obligatoire serait peut-être pas mal. C'est dommage que certains ne l'aient pas fait, cela aurait permis à d'autres de le faire et de se dire que si les soignants le font, le reste de la population va suivre. Je comprends que certains peuvent avoir peur pour plus tard. Personnellement, j'ai été cas contact il y a 15 jours. Je pense que la vaccination m'a aidée à ne pas contracter le virus. Le vaccin associé aux gestes barrières constituent un bon geste à mes yeux".

Convaincre les plus réticents

La directrice compte bien parvenir à convaincre les dernières réticences au sein de la maison de retraite : « Il y a 2 personnes anti-vaccins, avec une position idéologique. Un salarié est dans la mouvance complotiste. Un troisième membre du personnel attend de voir ce que va donner le vaccin, rapidement mis au point. Je pense qu’il sera assez facile de faire basculer cette personne. D’autres sont plus négligents ». Seuls 57% des professionnels des EHPAD et 64% des professionnels des établissements de santé ont reçu au moins une dose de vaccin, selon la Fédération hospitalière de France (FHF), qui appelle à leur vaccination obligatoire.

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