Un Auvergnat passe près de 20 ans à réaliser une maquette d'avion d'avant-guerre

Pendant près de 20 ans, René Bouchy, un modéliste amateur du Puy-de-Dôme, a travaillé sur la maquette du Deperdussin 334. Un avion français conçu avant la Première Guerre mondiale et dont le modèle grandeur nature est exposé au musée de l'Air et de l'Espace au Bourget. La miniature va le rejoindre la semaine prochaine pour aussi y être exposé dans les années à venir.

Un avion modélise de A à Z, sans plan. Pendant près de vingt ans, René Bouchy, modéliste amateur, a patiemment usiné, dans son atelier, toutes les pièces du Deperdussin 334, un avion conçu avant la Première Guerre mondiale. Quand on demande à l'habitant de Marsat, dans le Puy-de-Dôme, pourquoi cet avion l’a tapé dans l’œil au musée du Bourget, René répond : "Allez savoir… Un coup du sort comme ça. Je suis tombé devant cet avion qui m’a beaucoup plus par ses lignes, par la pureté de son profil. C’est un ensemble."

Puis, il se rappelle qu’un copain lui avait parlé du Deperdussin 334, avant de se retrouver réellement face à son fuselage. "Il m'a dit : tu devrais faire cet avion, car il n’a jamais été réalisé. Et en maquette, ce serait un bon sujet."

J’étais debout à côté de l’avion, à faire des relevés avec un mètre, avec un rapporteur d’angle, une règle, et puis des morceaux de carton pour faire des gabarits.

René Bouchy

Modéliste amateur

Passionné des années 1910, René est tombé définitivement sous le charme de ce monocoque grâce à son histoire. "Il a connu plusieurs records. Le record de l’heure avec Maurice Prévost aux commandes, à 203 km/h. Ce qui était assez fabuleux pour l’époque."

René a dû faire preuve d’ingéniosité pour miniaturiser ce mythique appareil. Chaque pièce a dû être pensée. En exemple, il en montre une créée pour le vol, en forme de cône, essentielle au moteur. Il connaît la moindre explication de chaque détail. "Comme, il fallait aérer le moteur, il fallait que le cône devant soit plus petit, de façon à laisser de l’air tout autour pour refroidir " ce dernier, explique le modéliste amateur.

Sans plan de l’appareil, il a dû passer des heures et des jours à griffonner des notes, des maquettes dans son carnet. Mais également, à prendre des photos. "J’étais debout à côté de l’avion, à faire des relevés avec un mètre, avec un rapporteur d’angle, une règle, et puis des morceaux de carton pour faire des gabarits."Pour une pièce comme le train d’atterrissage, René a "plaqué une feuille de carton, un coup de crayon tout le tour" pour "être sûr d’avoir quelque chose de juste, une fois réduit". 

Un modèle à destination du Bourget

Le travail de fourmi lui a permis à d’arriver à un rendu presque aussi vrai que l’original. Même les ailes sont identiques. Elles ont été réalisées d’un seul bloc, sans aileron, pour vriller. "Le problème, c’était dans l’alizé. Pour faire une aile suffisamment souple et solide à la fois pour permettre cette fonction."

Le modèle réduit aurait pu voler avec un moteur adéquat, car il a été construit avec les normes aéronautiques. Mais René a abandonné cette perspective puisqu’il a fait don de sa maquette au Musée du Bourget.

"Ça me fera quelque chose. Tant que je l’ai là, ça va encore. Mais je pense que le jour où il va partir, j’aurai une petite boule", tout en sachant qu’il sera bien préservé. Sa tristesse sera vite estompée par la fierté de voir son modèle réduit intégrer le patrimoine national. Il faudra attendre au mieux 2026 pour le voir exposé. René espère désormais aller l'admirer.

Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck / France 3 Auvergne

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